Le commissaire européen en charge de la politique de voisinage et des négociations d'élargissement, Johannes Hahn, a prononcé cette semaine un discours-programme sur « L'Europe et les crises dans les pays voisins » à l'université de Princeton.
« L'UE est la clé d'une solution à de nombreux problèmes générationnels auxquels l'Europe et son voisinage élargi sont confrontés aujourd'hui », a-t-il déclaré devant les étudiants et professeurs du programme de l'Union européenne.
Le commissaire a indiqué qu'il souhaite « une politique de voisinage adaptée et plus judicieuse qui mette l'accent sur les véritables principes fondamentaux », avant d'ajouter : « Nous nous concentrons maintenant sur la stabilisation, au vrai sens du terme, sur les plans politique et économique ».
Pour illustrer la flexibilité de la politique européenne de voisinage, M. Hahn a donné l'exemple de l'Egypte : « Il est inutile que je vous explique le mécanisme d'explosion démographique dans ces pays. Un simple exemple devrait suffire : il y a plus de 7 000 naissances par jour, rien qu'en Égypte, soit environ 2,5 millions d'Égyptiens en plus chaque année... C'est pourquoi je recentre la majeure partie de notre aide en Égypte sur les leviers socio-économiques, en particulier les secteurs générateurs d'emplois ».
Il a insisté sur l'ouverture de l'UE et sa volonté de promouvoir des échanges commerciaux ouverts avec ses voisins au travers d'accords de libre-échange. « Les prochains accords de libre-échange, notamment celui avec la Tunisie, sont en préparation. Avec la Jordanie, nous avons concentré nos mesures commerciales sur les régions et les secteurs comptant une importante population de réfugiés ».
Au sujet des crises qui ébranlent les pays voisins de l'Europe, le commissaire a déclaré : « Nous ne pouvons qu'apporter notre soutien aux réformateurs qui choisissent eux-mêmes cette voie et nous devons le faire de manière moins mécanique, en ayant moins recours à la ‘diplomatie du mégaphone’. Je ne vous cacherai pas que la Libye, qui est actuellement la principale voie sur la route de la migration de la Méditerranée centrale met à l'épreuve cette politique ».
Concernant la Syrie, le commissaire Hahn a réaffirmé la position de l'UE : « Seule une solution politique crédible, telle que définie dans la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations Unies et dans le Communiqué de Genève de 2012, assurera la paix et la stabilité en Syrie et permettra une défaite décisive de Daech et des autres groupes terroristes ». « Je ne cacherai pas ma déception face au manque de rapidité de ce processus politique. Mais c'est, en définitive, la seule alternative. Je ne dis pas que les frappes militaires ne peuvent nous être utiles car elles le sont. Mais elles n'ont aucun sens sans une stratégie politique plus large », a-t-il ajouté.
« Mon rôle spécifique est de renforcer la résilience de la population syrienne et des communautés qui les accueillent dans les pays voisins. Nous avons franchi une étape importante en promettant d'apporter une aide de plusieurs milliards lors de la conférence de Bruxelles sur la Syrie il y a deux semaines », a-t-il souligné.
Le commissaire a conclu son discours sur ses mots : « Nous devons en faire plus dans notre voisinage immédiat au lieu d'attendre que Washington nous sorte d'affaire. Nous devons agir de concert. Et nous pouvons le faire. Il s'agit en partie d'une question de ressources, mais avant tout d'une question de volonté politique collective. Nous le faisons déjà dans la plupart des Balkans, à travers la gestion et la résolution des crises. Nous devrions aussi le faire ailleurs ».
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