L'Observatoire
des zones humides méditerranéennes alerte de la dégradation de ces sites qui
représentent en moyenne 2% de la superficie totale dans 27 pays du bassin. Le
rapport fait état d'une évolution contrastée de la biodiversité dans la région.
L'Observatoire
des Zones Humides Méditerranéennes (OZHM) a publié le 2 février, son premier
rapport technique sur l'état de ces sites dans la région, à l'occasion de la
journée mondiale dédiée à leur protection. Pendant trois ans, dix-sept
indicateurs ont été développés et évalués permettant d'analyser de''multiples
causes de dégradation sur les zones humides dans le bassin'', une évolution
contrastée de la biodiversité entre l'Ouest et l'Est méditerranéen, ou encore
''des pressions très fortes et croissantes sur l'eau''.
Marais,
étangs, lagunes… Ces zones humides ne couvrent plus que 18,5 millions
d'hectares dans la région méditerranéenne. Soit une perte ''d'au moins 50%'' de
leur superficie par rapport à 1900. Cela représente aujourd'hui 1,7 à 2,4% de la superficie totale des 27
pays méditerranéens (et 1 à 2% des zones humides mondiales).
Par
pays : la France
qui dédie 5,3% de sa superficie aux zones humides figure parmi les bons élèves
aux côtés des pays de l'Europe de l'Est : Slovénie (4,9%), Croatie (6,9%),
Bosnie Herzégovine, Serbie et Monténégro (7,7%). En Afrique du Nord, la Tunisie va encore plus
loin où 8,2% de surface est dédiée à ces zones ou encore l'Egypte (3,5%).
Parmi
les mauvais élèves de l'UE - pourtant soumis aux directives en vigueur (Habitat,
Oiseaux…) et qui sont sous la barre
moyenne des 1,7% - figurent l'Espagne (1%), la Bulgarie (0,9%), Chypre
(1,1%), Malte (0,1%). Au Maghreb, l'Algérie héberge quant à elle 0,6% des
zones, le Maroc (0,7%), la Libye
(0,2%). Tandis qu'au Moyen Orient, la
Syrie recense 0,8% de zones humides, la Jordanie (0,5%), le Liban
(0,1%), Israël et les territoires palestiniens (1,3%).
La
réduction des zones humides s'explique par le développement de l'urbanisation
et des grands équipements le long des littoraux méditerranéens, mais également
par l'extension de l'agriculture irriguée, grande consommatrice d'eau
représentant les deux tiers de la demande totale des pays méditerranéens. Le
soutirage excessif d'eau "dans les zones humides tue l'agriculture dans certaines
régions d'Afrique du Nord, bien que les surfaces irriguées soient désormais
stabilisées dans l'UE, en Israël et en Égypte".
Selon
l'observatoire, les révolutions des États arabes de 2011 en Tunisie, Égypte, la Libye et la Syrie , pourraient avoir
"à court terme" un impact négatif sur la conservation de certaines
zones protégées - y compris les zones humides comme constaté par exemple en
Tunisie. Sur le long terme, le nouvel agenda politique, la gouvernance
améliorée et la participation de la société civile pourraient en revanche avoir
des conséquences positives sur les zones humides, estime-t-il.
Evolution
contrastée de la biodiversité
Concernant
la biodiversité : les effectifs de beaucoup d'espèces emblématiques comme les
pélicans, les flamants roses et les grues ''remontent''. Une tendance plus
favorable a été observée pour les populations de vertébrés en Méditerranée qu'à
l'échelle mondiale où la tendance générale est au déclin (-35 %) depuis 1970
selon le Rapport Planète Vivante de 2010.
Mais
cela ne veut pas dire que les zones humides méditerranéennes sont en bon état
de conservation. Les populations de mammifères, d'amphibiens, de reptiles et de
poissons ont régressé de 40% depuis 1970. 30% des amphibiens, 25% des reptiles
et 15% des mammifères, contre 5% "seulement" des oiseaux, sont
menacés d'extinction, selon la
Liste rouge de l'UICN. Pour les poissons d'eau douce, la
situation est "même pire au niveau méditerranéen" qu'à l'échelle
mondiale : 39 % des espèces de poissons d'eau douce sont menacées d'extinction
en Méditerranée contre "seulement" 15 % des espèces dans le monde.
Plusieurs facteurs sont en cause comme la pollution de l'eau (notamment
l'eutrophisation), la perte et la dégradation d'habitat et l'invasion d'espèces
exotiques.
Par
Rachida Boughriet - Actu-environnement
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de l'article -
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