L’Algérie est le seul pays d’Afrique du nord à se trouver en bonne situation financière. Rien que pour 2011, le pays a réalisé un excédent commercial de 23 milliards de dollars. En revanche, les autres pays, la Tunisie et l’Egypte en particulier, traversent une crise aigue. Pour l’économiste Bachir Messaitfa, cette situation constitue une « aubaine » pour l’Algérie qui pourra fructifier ses capitaux dans les économies de ces pays en crise.
Printemps politique et automne économique. C’est avec cette formule que l’économiste Bachir Messaitfa a résumé l’état des lieux post-révolutions dans les pays de l’Afrique du nord, lors d’une conférence qu’il a donné au forum du journal Echaâb. La situation est particulièrement difficile dans la Tunisie de 2011. Une croissance économique quasi-nulle (0.2%), une chute de 50 % des revenus du tourisme et un recul des IDE à hauteur de 20 %. Le chômage qui était de 14 % est passé à 17 % après la révolution tandis que la dette extérieure du pays avoisine les 40 % du PIB.
Un tableau économique des plus sombres que la Tunisie partage amplement avec l’Egypte, l’autre pays qui a suivi la vague révolutionnaire déclenchée par Bouazizi, il y a déjà de cela un an. Pas moins de 60 % de la jeunesse égyptienne n’a pas de travail et les avoirs de l’Etat (15 milliards de dollars) suffisent à peine à couvrir les besoins du pays pour 4 mois. Les caisses de ces deux pays se trouvent asséchées au moment où leur partenaire stratégique, la Zone euro, est secouée par la crise de la dette souveraine. Conséquence, il est inutile de s’adresser aux voisins de la rive Nord de la méditerranée pour obtenir des crédits puisque ces pays sont eux même dans le besoin. Les seuls qui peuvent donner des crédits dans la conjoncture actuelle sont les institutions de Bretton Woods. L’Egypte a sollicité le FMI pour obtenir un crédit de 3.5 milliards de dollars US. Résultat, le FMI a posé des conditions similaires à celles appliquées à l’Algérie en 1994, et l’Egypte a refusé, a indiqué Messaitfa.
L’Algérie est le seul pays qui a réussi, grâce aux hydrocarbures, à réaliser de bonnes performances. En 2011, l’excédent commercial de l’Algérie a atteint un volume record avec 23 milliards de dollars, souligne l’économiste en citant les chiffres du CNIS. L’Algérie dispose d’un matelas financier avoisinant l’équivalent de 300 milliards de dollars, entre les 173 milliards de dollars de réserves de change, les bons de trésors américains et européens et les avoirs des différents fonds créés localement en dinars.
Des raffineries algériennes au Maroc
Et pour mieux tirer profit de cette situation, l’économiste propose au gouvernement algérien d’investir dans les économies en difficultés de l’Egypte et de la Tunisie, dans une opération qu’il souhaite semblable au Plan Marshall ! Cette option permettra à l’Algérie de tirer profit de l’expérience de ces deux pays dans le tourisme et dans bien d’autres secteurs d’activité à travers des prises de participation dans leurs entreprises.
L’opération, estime Messaitfa pourrait être élargie au Maroc, qui se trouve également à court de capitaux. Le Royaume est touché notamment par la baisse des transferts en devises de ses émigrés des suites de la crise économique sévissant en Europe. Selon l’économiste, le Maroc dispose d’une administration économique « souple et rodée » qui permet aux Algériens de fructifier leurs capitaux. Il a cité notamment le dynamisme de la bourse de Casablanca où il est possible d’effecteur des transactions importantes en des laps de temps relativement courts.
Cela sans compter les autres atouts de l’économie marocaine forte d’une production agricole et halieutique importante et de ressources en eau considérables. Messaitfa a suggéré, justement, d’implanter sur le sol marocain des raffineries de pétrole algériennes dont l’activité sera facilitée par la disponibilité de l’eau. De manière générale, l’économiste a considéré que l’investissement dans les pays voisins serai plus rentable pour l’Algérie que de placer son argents dans les bons de trésor américains qui n’offrent en réalité que des « garanties verbales ».
Par Farouk Djouadi - maghrebemergent.info
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