La France a fini par « lâcher son bébé », glisse un diplomate à Bruxelles, après la décision, lundi, des ministres européens des Affaires étrangères de prendre le relais de la France pour la coprésidence de l'Union pour la Méditerranée (UPM).
La coprésidence française était temporaire. Lancée en grande pompe par la France en juillet 2008, l'UPM était jusqu'ici dotée d'une coprésidence française et égyptienne et d'un secrétariat général marocain. Les réunions des ministres des Affaires étrangères seront désormais gérées par la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, et les réunions ministérielles techniques, par les commissaires européens.
Au Sud, il faudra trouver un remplaçant à l'Egypte, qui a fait savoir qu'elle ne voulait plus assurer son rôle de coprésidente. Selon des sources diplomatiques, la Jordanie pourrait prendre le relais, mais rien n'est fait. On retombe sur les difficultés inhérentes à l'UPM dès sa création, à savoir mettre d'accord Israël et les pays arabes. Sur un remplaçant à l'Egypte. Mais aussi sur toutes les initiatives de ce forum de 43 pays. L'UPM n'a jamais réussi à dépasser les difficultés liées au conflit israélo-palestinien. Dès la fin 2008, ses activités ont été suspendues pendant l'offensive israélienne sur Gaza. Ses membres ont ensuite mis un an et demi avant de la doter d'un secrétaire général et de six adjoints, dont un Palestinien et un Israélien. L'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, qui voulait « se battre » contre l'UPM, n'a pas eu trop d'efforts à faire pour l'empêcher de fonctionner...
Case départ
Les printemps arabes ont relancé le débat. Le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy appelait, il y a un an, à la « refondation » de l'UPM. Tandis que d'autres, comme l'ancien ambassadeur Jean-Christophe Rufin, dénonçaient que, « au nom d'une chimère, l'Union pour la Méditerranée, on [ait] été extrêmement complaisant avec des dictateurs ». En juillet, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, la qualifiait encore d' « initiative prémonitoire » avant les printemps arabes. Codirigée par la France, elle était censée sortir la coopération euroméditerranéenne de l'ornière dans laquelle l'avait placé le processus européen de Barcelone lancé en 1995. Trois ans et demi plus tard, cette coopération revient à la case départ, dans l'escarcelle de Bruxelles.
Par Marie-Christine CORBIER - Les Echos
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