Forum de Paris - Casablanca Round, Union pour la Méditerranée : Védrine toujours sceptique
- Mettre d’abord fin aux conflits
- Une initiative pour le long terme
Décidément, l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine ne croit toujours pas à l’Union pour la Méditerranée (UPM). Il a récidivé, hier au Forum de Paris-Casablanca Round, en estimant que cette Union ne peut encore se faire, du moins pas à court terme, sans qu’il ne soit mis fin à tout ce qui la bloque.
A commencer par la situation dans l’ensemble de la Méditerranée. En premier, le conflit israélo-palestinien n’est pas réglé et ne semble pas aller vers une solution définitive. En outre, les relations entre l’Algérie et le Maroc ne sont toujours pas normalisées et l’Union du Maghreb Arabe (UMA) est en stand by.
A cela, estime Vedrine, s’ajoutent les stratégies contradictoires de chaque Etat ou organisation, au nord comme au sud, ce qui alimente une perplexité générale.
Des blocages sans solutions
Pour l’ancien ministre, le projet tout entier d’Union pour la Méditerranée, et même si politiquement 43 pays y ont adhéré, reste voué à l’échec. En témoigne l’enlisement dans lequel il se trouve actuellement. En dépit donc du sommet de Paris du 14 juillet 2008 et de la conférence des 43 ministres des Affaires étrangères à Marseille en novembre 2008, de multiples facteurs de blocage sont apparus et ont entravé la mise en œuvre de ce projet. Aussi, souligne-t-il, «la première des précautions serait de mêler le moins possible l’UPM à la solution des conflits graves qui opposent depuis longtemps plusieurs de ses membres.
La nouvelle donne dans le pourtour méditerranéen surtout au niveau de l’Afrique du Nord pourrait-elle apporter quelques éléments à même de faire avancer le processus d’Union? Sans être excessivement optimiste, l’ex-ministre espère que ce soit le cas. Car, on ne peut constituer une Union sur des conflits.
Ce serait compromettre toute chance de relance de l’UPM en tant que cadre général de coopération.
Si, aujourd’hui, il semble que l’on s’achemine vers une normalisation des relations entre Rabat et Alger qui sera couronnée par la réouverture des frontières terrestres fermées depuis 1994, la situation est encore plus compliquée au Moyen-Orient. Ni les Israéliens ni les Palestiniens ne semblent vouloir céder sur un ensemble de points pour pouvoir faire avancer le processus de négociations pour une paix définitive. Chacun des deux Etats campe sur ses positions. Idem pour le conflit entre Chypre et la Turquie, deux autres composantes de l’UPM.
Côté économique, les ambitions de l’UPM sont telles que les secteurs retenus pour sa constitution sont à la fois si vastes et si coûteux. Leur financement nécessitera une très large contribution des pays du Nord de la Méditerranée. Dans l’état actuel de la situation économique dans ces pays, ce serait difficile et hasardeux de se lancer tête baissée dans leur réalisation. Encore faut-il que les outils et mécanismes pour leur financement soient mis en place. Pour Hubert Védrine, l’initiative d’Union pour la Méditerranée est séduisante par certains côtés. Sans doute juste à long terme. Mais, elle demeure problématique et controversée et semée d’embûches à court terme. C’est peut-être là une autre raison à son enlisement.
Par J. E. HERRADI - Leconomiste.com
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