Tunisie - L’économie se redresse, selon Oxford Business Group


L’économie tunisienne montre des signes de reprises estime Oxford Business Group (OBG) dans une mise à jour optimiste de sa fiche sur la Tunisie. Pour OBG, le principal défi de la Tunisie n’est pas politique mais économique.  Et, explique-t-il, les perspectives de relance semblent prometteuses.
 Un an après la Révolution du jasmin et les bouleversements politiques de 2011, l’économie tunisienne montre des signes de reprise. Selon les estimations du Fonds Monétaire International (FMI), le PIB tunisien enregistrerait cette année une croissance de 3,9%, tandis que la Banque Centrale de Tunisie table sur une progression pouvant atteindre jusqu’à 4,5%. Avec l’appui de partenaires internationaux, le retour des investissements étrangers et un gouvernement qui s’est engagé à encourager le développement d’un climat d’affaires favorable, les perspectives de relance économique semblent prometteuses.
Le climat économique profite déjà de la nette amélioration de la situation politique en ce début d’année 2012. Le mouvement Ennahda, parti islamiste modéré qui a obtenu environ 40% des voix lors de l’élection de l’Assemblée Constituante qui s’est tenue en octobre, a ainsi remporté 89 sièges sur les 217 que compte l’assemblée. Afin d’y obtenir la majorité, ils se sont alliés aux libéraux du Congrès pour la République (CPR) et au parti de centre-gauche Ettakatol. La coalition a trouvé un accord pour le partage du pouvoir dans lequel Hamadi Jbeli, le secrétaire général d’Ennahda, se voit attribuer la fonction de premier ministre ; Moncef Marzouki (CPR) obtient la présidence de la république ; quant à Mustafa Ben Jaafar (Ettakatol), il se retrouve à la tête de l’Assemblée constituante.

Le principal défi est économique
Cependant, le principal défi du nouveau gouvernement sera bien de nature économique et non politique. La coalition a confirmé son intention d’instaurer un climat favorable aux affaires dans le but de stimuler la croissance économique. Le gouvernement a annoncé des projets d’amélioration des infrastructures au niveau national afin d’attirer des investissements étrangers et d’œuvrer à l’élaboration d’un marché commun régional.
L’ancien premier ministre Beji Caid Essebsi a formulé des remarques pessimistes lors d’une conférence économique en décembre, soulignant le rôle crucial que jouera la croissance économique à court terme sur la stabilité politique à venir. Les bouleversements politiques de 2011 ont entraîné une stagnation dans de nombreux secteurs ainsi qu’une baisse brutale du nombre de touristes étrangers, passé de 7 millions en 2010 à 4,5 millions l’an dernier selon les estimations. Le tourisme est l’un des piliers de l’économie nationale tunisienne et les recettes générées par le secteur auraient chuté d’environ 50% en 2011 pour s’établir à 1,2 milliards d’euros.
Par conséquent, les réserves en devises de la Tunisie ont chuté de 20%, c'est-à-dire de 2,4 milliards de dinars tunisiens (1,23 milliards d’euros) entre janvier et novembre 2011. Si l’économie a progressé au rythme de 1,5% au troisième trimestre 2011, le taux de croissance annuel n’a été que de 0,2%. Des facteurs extérieurs, tels qu’une baisse de la demande en provenance de l’UE, le principal partenaire commercial de la Tunisie, ainsi que le conflit qui agite son plus important partenaire commercial dans la région, la Libye, ont contribué à exacerber l’impact négatif sur l’économie.

Perspectives d’amélioration
Cependant, des perspectives d’amélioration se dessinent pour 2012, notamment grâce au soutien d’un grand nombre de partenaires commerciaux et de partenaires de développement du pays. Les gouvernements de l’UE ont annoncé le 14 décembre leur décision d’ouvrir des négociations commerciales avec le nouveau gouvernement tunisien.
Cette coopération accrue vise à soutenir la transition démocratique en réduisant les barrières commerciales et en stimulant la croissance économique. Le résultat de ces négociations pourrait signifier pour la Tunisie un élargissement des accords commerciaux actuellement en vigueur à de nouveaux secteurs, comme l’agriculture ou les services, et pourrait contribuer à établir une coopération régionale. Des fonctionnaires de la Commission européenne ont déclaré à Reuters que ces négociations iraient au-delà des accords actuels sur les tarifs douaniers et prendraient en compte des questions réglementaires, concernant par exemple les marchés publics et la protection des investissements.
La Tunisie cherche également à consolider des relations commerciales avec des partenaires autres que ses partenaires principaux. Lors d’une récente visite du ministre des Affaires étrangères Rafik Abdessalem en Turquie, les deux pays ont souligné leur désir d’accroître leur coopération économique. En janvier également, la Tunisie et les Pays-Bas ont annoncé le lancement d’un programme visant à développer le partenariat et l’investissement bilatéral. Ce programme prévoit la mise en place d’un fonds de 250 000 euros, qui pourrait aller jusqu’à 1,5 million d’euros, pour aider les entreprises des deux pays à créer des partenariats.

Retrouver le chemin de la croissance
Le gouvernement prévoit également d’augmenter les dépenses en 2012 afin de revigorer l’activité économique. Selon des responsables du budget, le déficit budgétaire serait en augmentation et représenterait 6% du PIB contre environ 4,5% en 2011. Le budget 2012 a été fixé à 22,94 milliards de dinars tunisiens (11,8 milliards d’euros), soit une augmentation de 7,5% par rapport à 2011. La presse nationale a rapporté que le déficit courant serait maintenu au taux particulièrement élevé de 5,4% du PIB en 2012.
Le gouvernement espère pouvoir circonscrire le déficit budgétaire à 6% afin de ne pas risquer une dégradation de sa note de dette souveraine. Si les dépenses publiques visant à augmenter les salaires et les subventions devraient avoir des effets bénéfiques à court terme, une hausse de la productivité doit y être associée pour assurer une croissance continue. Avec des signes de reprise de l’activité industrielle locale et le soutien de ses partenaires internationaux, la Tunisie devrait retrouver le chemin de la croissance économique.

Par Oxford Business Group

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