«Un Maghreb cohérent et fort,
l'une des meilleures réponses aux défis sécuritaires régionaux», Youssef Amrani
● «Nécessité d'une volonté
politique et d'une coopération régionale pour relever les défis sécuritaires
mondiaux», Amrani
● «Le Maroc soutient une solution
politique et négociée à la crise malienne»
La construction du Grand Maghreb,
dont le Maroc a fait une priorité majeure, représente l'une des meilleurs
réponses aux défis sécuritaires auxquels fait face la région, étant donné qu'un
Maghreb cohérent et fort est mieux placé pour se défendre contre les menaces
terroristes, a affirmé, samedi à Tanger, le ministre délégué aux Affaires
étrangères et à la Coopération, Youssef Amrani.
Persuadé qu'un seul pays, quels
qu'en soient les moyens, ne peut à lui seul faire face à ces menaces
sécuritaires, le Maroc n'a eu de cesse de plaider pour une action concertée
dans le cadre d'une approche régionale et sous régionale, a indiqué Amrani dans
une déclaration à la MAP en marge des travaux du Forum MEDays 2012.
La nouvelle architecture
sécuritaire mondiale doit être fondée sur une approche plus cohérente aussi
bien au niveau international qu'au niveau des blocs régionaux, a-t-il insisté,
ajoutant que l'Union européenne, à travers sa politique de voisinage et les
pays membres de l'Union pour la Méditerranée (UpM), sont appelés à jouer un
rôle primordial en la matière.
Cette architecture doit également
reposer sur une approche globale alliant mesures sécuritaires et réponses plus
profondes visant à asseoir les bases du développement économique et humain et à
consolider l'édifice démocratique, a fait valoir le ministre délégué, exprimant
l'engagement du Maroc à contribuer à trouver les réponses adéquates aux
multiples défis sécuritaires à l'échelle régionale et internationale, dans le
cadre du dialogue et de la concertation.
Sur la question syrienne,
précisément la possibilité que le Maroc reconnaisse, à l'instar de la France,
le Conseil national syrien comme seul représentant légitime du peuple syrien,
Amrani a assuré que le Royaume, seul pays arabe membre non permanent du Conseil
de sécurité des Nations unies, s'en tient toujours, pour le règlement de ce
dossier, aux décisions de la Ligue arabe.
Après la réunion de Doha, toutes
les conditions sont réunies pour faire avancer ce dossier qui s'enlise et crée
une situation intenable pour le peuple syrien, a-t-il estimé, ajoutant que le
Maroc est résolument déterminé à apporter sa contribution à la résolution de ce
conflit dans le cadre de la Ligue arabe.
S'agissant de la situation
critique au Mali, le ministre délégué a souligné que le Maroc prône une
solution politique conjuguée à une pression militaire pour libérer le nord du
Mali des mains des groupes terroristes, tout en privilégiant une démarche
volontariste à l'échelle régionale sous l'égide de la Communauté économique des
Etats ouest-africains (Cedeao).
«Nécessité d'une volonté
politique et d'une coopération régionale»
La Communauté internationale a
besoin de s'armer de la volonté politique nécessaire et de développer une
coopération régionale étroite pour relever les défis sécuritaires, liés
essentiellement aux menaces terroristes auxquelles le monde contemporain est
confronté, a souligné Youssef Amrani. Il est grand temps d'aller au-delà de
l'approche classique purement sécuritaire pour développer de nouveaux outils de
lutte contre le terrorisme, à travers notamment la création de richesses et la
promotion du développement et de la démocratisation, a souligné Amrani lors du
panel sur Menace Globale : Nouvelle architecture de la sécurité internationale,
organisé dans le cadre du forum MEDays 2012.
Pour le ministre, la réalisation
de l'intégration régionale et la coopération interétatique s'imposent également
comme créneaux importants et opérationnels dans les efforts de lutte contre
toutes les formes de menaces terroristes. Il a fait référence dans ce cadre au
groupe terroriste, dénommé Al-Qaëda dans le Maghreb islamique (Aqmi), qui
continue de poser une menace persistante en Afrique du nord et dans la région
du Sahel.
Amrani a souligné à ce propos que
la construction de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) devient, dans ce cadre, une
nécessité impérieuse qui pourrait permettre aux pays de la région d'avancer et
de travailler ensemble.
Pour sa part, Trinidad Jiménez,
ancien ministre espagnole des affaires étrangères et de la coopération a mis
l'accent sur la nécessité d'une coopération internationale concertée et
coordonnée pour lutter contre le terrorisme et la prolifération des armes de
destruction massive. Pour Trinidad Jiménez, il faut une coalition de forces et
une coordination rapprochée interétatiques et entre les services de
renseignements pour pouvoir faire face aux menaces terroristes. Elle a, aussi,
jugé primordial pour les pays de procéder à la promotion de la démocratie et à
la consolidation des principes de l'Etat de droit de sorte à éviter les
tensions internes.
Même son de cloche pour le
lieutenant-general Robert G. Gard, grand spécialiste de la non-prolifération
nucléaire et des questions de sécurité nationale, qui a soutenu que le monde
d'aujourd'hui se trouve dans une situation d'interdépendance et
d'interconnexion qui interpelle les Etats à coopérer ensemble pour venir à bout
des menaces terroristes.
Pour sa part, Mustafa Kazi,
ancien ministre pakistanais des affaires étrangères, a estimé nécessaire une réforme
du Conseil de sécurité de l'Onu, appelant la communauté internationale à mettre
en place de nouveaux paramètres de négociations pouvant garantir la sécurité
des Etats et des personnes.
Quant à Frédéric Charillon,
universitaire français et directeur de l'Institut de recherche stratégique de
l'école militaire, il a appelé de ses vÂœux à éviter les affrontements entre
«le monde des Etats» et le «monde des sociétés» (mouvements sociaux et autres),
qui peuvent, selon lui, être la source de tensions internes et ainsi favoriser
des actions terroristes qui peuvent menacer la sécurité des Etats.
Pour lui, les efforts doivent se
concentrer sur les moyens devant favoriser le bien-être des citoyens, appelant
à éviter l'affrontement et les dérapages, la stabilité du monde étant
précaire.
Le Maroc soutient une solution
négociée à la crise malienne
Le Maroc soutient une solution
politique et négociée à la crise malienne, impliquant les mouvements qui
renoncent à la violence, condamnent le terrorisme et s'inscrivent dans le
processus de construction d'un avenir serein pour le peuple malien, a affirmé
Amrani.
Pour redresser la situation au
Mali, très compliquée du fait de la multiplicité des acteurs concernés et de
leurs positions vis-à-vis de la question de l'intégrité territoriale de ce
pays, le Maroc privilégie une approche régionale sous la houlette de la Cedeao,
a indiqué Amrani dans une déclaration à la presse à l'issue d'une série de
rencontres bilatérales avec plusieurs responsables de pays africains et
étrangers, en marge des travaux du Forum MEDays 2012.
«Le Maroc, qui estime que la
pression militaire doit être maintenue sur les groupes terroristes, qui ne
respectent pas l'indépendance et la souveraineté du Mali, est pleinement engagé
à accompagner le peuple malien dans la construction de son avenir politique et
démocratique sur des bases solides», a-t-il affirmé.
S'exprimant à cette occasion,
l'ancien ministre des Affaires étrangères du Mali, Moctar Ouane, a salué les
efforts déployés par le Maroc en vue de construire des relations de coopération
fortes, dynamiques et solidaires avec son pays, et s'est félicité de l'intérêt
particulier que porte le Royaume à la question de la sécurité et de la
stabilité du Mali.
«Nous nous réjouissons de
l'engagement constant dont le Maroc a fait preuve et de son implication active
dans l'examen de cette question, et sommes convaincus que les efforts du
Royaume devront aider à pousser les autres pays à apporter leur contribution et
à élargir le cadre de la coopération pour résoudre ce problème» , a souligné
l'ancien ministre malien. «Cette
coopération doit être la plus efficace et la plus concrète possible, puisqu'il
s'agit de faire face à des défis complexes et communs à tous les pays de la
région», a poursuivi Ouane, qui était accompagné lors de cette entrevue par
l'ancien SG de l'Onu pour les Affaires africaines.
Pour sa part, le ministre
sénégalais de la gouvernance, Abdullatif Coulibaly, a fait savoir que son
entretien avec Amrani a porté sur les moyens de faire bénéficier son pays de
l'expertise marocaine dans nombre de domaines de coopération, ajoutant que la
crise malienne a été également abordée lors de cette entrevue.
A cette occasion, Coulibaly a
réaffirmé la position de son pays prô nant la voie de négociation «avec ceux
qui sont prêts à écouter la voix de la raison et l'utilisation en dernier
recours, comme le préconise la Cedeao, des moyens adéquats, à moyen et à long
termes, pour recouvrir l'intégrité territoriale du Mali et pallier les menaces
pesant sur la région».
Par ailleurs, les discussions
avec le ministre de l'Education et des nouvelles technologies de la Gambie,
Mamadou Tangara, ont été axées sur les moyens de renforcer les relations de
coopération bilatérale, déjà excellentes, sans omettre la situation au Mali qui
affecte indirectement le reste du monde, a indiqué le responsable gambien dans
une déclaration similaire.
De son côté, le représentant
spécial de la Chine pour les Affaires étrangères, Zhong Jinhua, a déclaré que
sa rencontre avec le ministre marocain était l'occasion de discuter des moyens
de resserrer les relations de coopération bilatérale, ainsi que de la situation
«très délicate qui prévaut dans la région du Sahe»l.
Le responsable chinois, qui n'a
pas manqué de saluer le rôle pionnier que le Maroc joue en tant qu'acteur
régional très influent, a indiqué qu'il s'agissait aussi de faire avancer le
processus de concertation bilatérale en vue de préserver la stabilité et la
sécurité dans la région.
Source de l’article MAP &
LeMatin
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