Le programme d’appui à la mise en œuvre de la réforme de la gestion des ports et abris de pêche DIVECO2 permettra à l’Algérie d’améliorer davantage la gestion de ses infrastructures portuaires, a indiqué mardi à Alger le directeur général de la pêche et de l’aquaculture auprès du ministère de l’Agriculture, du développement rural et de la pêche,Taha Hammouche.
“D’un montant de 15 millions d’euros, le programme DIVECO 2 dédié au secteur de la pêche, dans le cadre de la convention entre l’Algérie et l’Union européenne pour soutenir la diversification de l’économie dans le secteur de la pêche et de l’aquaculture, comporte un volet sur la réforme de la gestion portuaire où des experts ont été chargés d’identifier les carences et nous présenter une feuille de route qui nous permettra d’adapter les services des ports aux besoins des utilisateurs”, a expliqué M. Hammouche lors d’un atelier sur l’appui à la mise en œuvre de la réformes de la gestion des ports et abris de pêche, tenu à Alger.
“L’objectif, a-t-il précisé, c’est d’améliorer la gestion de ces espaces où se rencontre beaucoup d’intervenants dont les professionnels de la pêche, les services des gardes côtes, les services de contrôle vétérinaire, les ramendeurs, les chantiers navales. Tous ces utilisateurs influent sur l’utilisation de ces espaces et profitent de leur bonne gestion”.
Hammouche a souligné par ailleurs les “améliorations notables” enregistrées dans ce domaine et les investissements consentis depuis près de 20 ans pour améliorer les services portuaires. “Une vingtaine de ports et abris de pêche seulement recensés en 2000, aujourd’hui en compte 44 environs”, a-t-il fait valoir, en soulignant que cette augmentation répond à la croissance des unités de pêche qui est passée de 2.000 à plus de 5.000 unités.
Les experts en charge de ce programme ont réalisé des visites techniques sur la plupart des ports de pêche du littoral algérien, afin d’examiner les équipements et services présents sur les sites et faire une évaluation de la situation.
Au terme de leur travail, ils ont élaboré une feuille de route qui comporte plusieurs conseils susceptibles d’améliorer la gestion des ports et abris de pêche, selon les explications de la directrice du projet DIVECO2, Nadia Bouhafs.
Outre l’appui et l’amélioration des capacités institutionnelles de la gestion des ports et abris de pêche et le développement durable du secteur, cet accord qui a démarré en 2015 a également comporté des actions d’appui dans le domaine de la formation dans le secteur, fourniture d’équipements et de matériels au profit du laboratoire de contrôle et d’analyse des produits de pêche et de l’aquaculture, a-t-elle précisé.
Parmi les insuffisances enregistrées par les experts en termes de gestion des ports, il y a l’importance du nombre de factures impayées pour les services présentés par les ports (80% sur certains ports).
Mme Leslie Wisman, un des experts désignés pour le programme DIVECO2, a fait remarquer par ailleurs une absence de traçabilité des opérations financières liées à la première mise en vente du produit et une méconnaissance par l’Entreprise de gestion des ports et abris de pêche des ventes.
D’après les données présentées lors de son exposé, les recettes d’un port algérien représentent 1 à 2% des valeurs de poisson débarqué sur le port, contre 7 à 8 % en Bretagne pour un port de poisson blanc et 10 à 15 % pour un port de poisson bleu.
Les impayés au niveau des ports “peuvent atteindre 30 à 90% des recettes annuelles, selon cet expert qui cite l’exemple du port d’Oran où les impayés sont évalués à 62.708.812,00 dinars, soit un montant supérieur au chiffre d’affaires d’une année d’exploitation. Elle a également fait remarquer une difficulté d’identification des intervenants sur le port.
Le même expert a fait constater une faiblesse du niveau d’hygiène de certains sites et insuffisance en matière de gestion des déchets, en recommandant l’amélioration de l’environnement portuaire ainsi que la traçabilité de la qualité des produits.
Pour rappel, l’Algérie possède plus de 60 ports et abris de pêche et une flottille de plus de 5.000 bateaux de pêche et 48.000 inscrits maritimes.
La production moyenne de poissons frais et de 100.000 tonnes par an, dont plus de 70% de petits pélagiques.
Les zones côtières et les nombreux barrages et retenues collinaires présentent un important potentiel de développement de l’aquaculture marine et d’eau douce.
Le gouvernement a engagé une politique de réhabilitation et de restructuration du secteur, considéré comme stratégique pour la diversification de l’économie nationale.