Lorsque Chateaubriand s’engage
dans son voyage, il vient de publier le Génie du christianisme, ouvrage qui va
forcer l’admiration de Napoléon. « Le pèlerinage aux sources de la plus
étonnante poésie, marque la naissance véritable du mémorialiste à lui-même »,
précise Bernard Degout, directeur de la Maison de Chateaubriand. Il préfigure
ainsi les Mémoires d’outre-tombe, commencés en 1809.
Le voyage de Chateaubriand sera
aussi bref, du 1er au 16 octobre 1806, qu’essentiel, pour l’écrivain, fervent
catholique. Chateaubriand va parcourir la Palestine, du vieux port de Jaffa
jusqu’à Jérusalem, contemplant les plaines de Galilée, la mer de Tyr ou faisant
étape à l’hospice des moines de Terre Sainte, à Ramleh. En passant par la
vallée de Térébinthe, il arrive à Jérusalem le 4 octobre, au monastère des
Pères latins, et s’enfonce aussitôt dans la nuit en direction de Bethléem. Ce
sera ensuite la visite au désert, le monastère de Saint-Saba, le campement au
bord de la mer Morte… Chateaubriand longera la rive du Jourdain, visitera
Jéricho et retournera à Jérusalem au couvent de Saint-Sauveur, en pèlerin cette
fois : église du Saint-Sépulcre, montagne de Sion, jardin des Oliviers,
Citadelle, quartier des Juifs, maison de Pilate… vallée de Josaphat. Le 12
octobre, Chateaubriand est reçu chevalier du Saint-Sépulcre et quitte Jérusalem
pour embarquer à Jaffa, le 16 octobre, à destination de l’Egypte… Il ne rentrera
à Paris qu’en juin 1807.
À partir de 1880, et jusqu’à
1920, soit quatre-vingts ans après le voyage de Chateaubriand, une ample série
de photographies à visées scientifiques est collectée à travers la Palestine
par les Pères dominicains de l’École biblique et archéologique de Jérusalem.
Depuis le passage de Chateaubriand, aucune transformation notable n’est
intervenue, paysages et vie des habitants sont inchangés. Les témoignages
visuels recueillis à cette époque par les Pères Savignac et Jaussen, principaux
auteurs de ces clichés, n’en sont que plus précieux. « Si les objectifs sont
différents - d’un côté, nous voyons un écrivain voyageur en quête
d’inspiration, et, de l’autre, des religieux collectant des documents visuels
dans un but de recherches scientifiques –, ces deux démarches transcrivent à
leur manière les différentes mémoires dont cette terre est chargée », explique
Olivier Grinhard, commissaire de l’exposition.
L’exposition place le visiteur
dans les pas de Chateaubriand, face aux paysages de Judée et de la Mer Morte.
Les tirages noir et blanc parlent du désert, de sites archéologiques et de
ruines éparses, de Jérusalem et de textes anciens sur pierre mais également de
la diversité de la population - bédouins nomades, habitants sédentarisés,
marchands, pèlerins… - ainsi que de l’empreinte des trois monothéismes qui se
côtoient alors pacifiquement. Les photographies, réalisées par le musée
Albert-Kahn à partir des plaques historiques des Pères, sont accompagnées de
films provenant des Archives de la Planète et de trois autochromes montrant
l’architecture du Dôme du rocher dans son riche décor d’origine !
Ce parcours d’exposition
corrobore harmonieusement les pages consacrées au récit de son voyage en Terre
Sainte que Chateaubriand publia, en 1811, dans l’Itinéraire de Paris à
Jérusalem.
Par Alix Saint-Martin – Source ValléeCulture Hauts-de-Seine
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Autour de l'exposition
Des ateliers spécialement dédiés aux plus jeunes prolongent l'exposition
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