La Banque mondiale estime que la suppression de certains obstacles pourrait libérer le potentiel de l'économie tunisienne et porter le nombre d'emplois créés à 100.000 par an.
La Tunisie a accompli des progrès politiques considérables au cours des 3 ans qui ont suivi la révolution, cependant, si le pays ne change pas de modèle économique, il court le risque de s'enfermer dans un cycle de faible croissance et de chômage élevé.
Un modèle de croissance plus ouvert
Un nouveau rapport de la Banque mondiale explique comment l'héritage économique de la Tunisie l'empêche de développer son immense potentiel et met en évidence la nécessité urgente d'adopter un modèle de croissance plus ouvert pour assurer le succès de la transition.
Le rapport intitulé ''La révolution inachevée - Créer des opportunités, des emplois de qualité et de la richesse pour tous les Tunisiens'' constitue la première étude complète de l'économie tunisienne réalisée par la Banque mondiale depuis la révolution de 2011. Elle comprend notamment une nouvelle analyse de la politique d'investissement et de la concurrence, du système financier, du droit du travail et de la politique agricole en Tunisie.
Le rapport conclut que l'application de réformes dans ces domaines pourrait contribuer à stimuler la croissance et à favoriser la création d'emplois de qualité dans le pays.
«La bonne nouvelle, c'est que la main-d'œuvre tunisienne, qui se compose d'une jeunesse bien formée, constitue la pièce maitresse sur laquelle assoir une prospérité partagée», affirme Inger Andersen, vice-présidente de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. «Les changements politiques des trois dernières années prouvent que la Tunisie est tout à fait capable d'abandonner une économie dépourvue d'ouverture pour s'inscrire dans une nouvelle ère. Le rapport indique clairement que la seule façon de créer de meilleurs emplois et davantage de possibilités en Tunisie, c'est de rompre avec le modèle économique actuel», ajoute-t-elle.
Les auteurs du rapport, Antonio Nucifora et Bob Rijkers, tous deux économistes à la Banque mondiale, considèrent que la politique d'investissement de la Tunisie présente l'excellent exemple d'une politique économique bien intentionnée qui n'a pas donné les résultats escomptés: créer des emplois de qualité et rendre la Tunisie plus compétitive à l'échelle mondiale.
Respecter les règles de la concurrence
De plus, un immense pan de l'économie du pays reste largement fermé à la concurrence. Si l'idée généralement répandue est que cela contribue à protéger les entreprises tunisiennes, la réalité indique que cette situation profite principalement à un petit groupe d'individus. C'est la raison pour laquelle les exportations tunisiennes ont augmenté au cours des deux décennies écoulées sans pour autant évoluer au même rythme que celles d'autres pays émergents. Le secteur a en fait peiné à dépasser le seuil de la production à faible valeur ajoutée et des emplois mal rémunérés.
Aujourd'hui, le défi que doit relever la Tunisie est d'attirer plus d'investissements et de créer des emplois mieux rémunérés et en plus grand nombre pour les jeunes diplômés bien formés qui, bien trop souvent, restent en marge de l'économie.
«La Tunisie a plus à offrir que des emplois peu rémunérateurs et précaires», déclare Antonio Nucifora.«Notre étude montre que la suppression de certaines des barrières qui limitent la participation de nouvelles entreprises à l'activité économique, alliée à la concurrence accrue, pourrait plus que doubler le nombre d'emploi créés avec un apport de plus de 100.000 emplois supplémentaires par an, faisant de la Tunisie le ''Tigre de la Méditerranée''», ajoute-t-il.
Le rapport indique en outre que la levée des restrictions imposées aux entreprises à l'entrée et la simplification du cadre règlementaire dans lequel elles opèrent pourraient contribuer à accroitre et accélérer la création d'emplois, à raison de 50.000 emplois par an.
Les entreprises tunisiennes consacrent actuellement près de 18% de leur chiffre d'affaires annuel aux tracasseries bureaucratiques et autres pratiques de petite corruption connexes.
Parallèlement, la réforme du secteur bancaire pourrait libérer jusqu'à 10 milliards de dollars de financements pour les entreprises tunisiennes sur une période de 10 ans, ce qui permettrait de créer quelque 38.000 nouveaux emplois par an.
La réforme de la politique industrielle et des secteurs de l'agriculture et des services pourrait par ailleurs déboucher sur la création d'emplois supplémentaires.
«La Tunisie passe par une transition historique, mais son modèle économique ne diffère pas de ce qui existait avant la révolution», ajoute Bob Rijkers. «Avant tout, ce rapport est une invitation à repenser le modèle de développement économique tunisien et à s'interroger sur les hypothèses actuelles qui sous-tendent les types de réformes susceptibles d'accélérer la croissance, stimuler une croissance partagée, créer des emplois de qualité et promouvoir le développement régional.»
Source : communiqué.- Illustration: Antonio Nucifora.
Source de l'article Kapitalis
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