Des universitaires marocains et grecs ont pris part, récemment à l'Université d'Athènes, à une conférence sur "La Méditerranée à l'épreuve du Printemps arabe : entre revendications démocratiques et aspirations à la prospérité", organisée à l'initiative de l'ambassade du Maroc en Grèce, du Centre européen d'excellence Jean Monet et de l'Institut Konstantinos Karamanlis pour la démocratie.
Les participants ont, à cet effet, évoqué certaines répercussions "tragiques" de cette dynamique sur les pays du Sud de la Méditerranée, qui se trouvent incapables d'accompagner et de contrôler les changements géopolitiques, notamment en Syrie, Libye, Yémen et en Irak, qui restent ravagés par le terrorisme, les conflits entre chiites et sunnites et la destruction de leurs systèmes sociaux et les infrastructures économiques.
Ils ont, en outre, souligné l'importance d'asseoir les valeurs de tolérance, de communication et de dialogue pour un meilleur avenir de la Méditerranée. Intervenant à cette occasion, le secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée, Fathallah Sijilmassi, a mis en garde contre les stéréotypes et extrapolations, dans la mesure où chaque pays de la région dispose de sa propre culture, de son histoire et son parcours politique, soulignant que la région, au-delà des questions relatives au monde arabe, est confrontée à des défis communs, tels que le terrorisme, les questions de démocratie, l'immigration et le développement.
De son côté, Aziz Hasbi, professeur à l'Université Hassan II et ancien ministre, a estimé que l'environnement international n'a pas prévu un quelconque éveil des peuples arabes encore moins misé sur la capacité des régimes en place à anticiper et introduire des réformes substantielles.
Pour ce qui est de l'Europe, la sensibilité face au Printemps arabe s'est manifestée intensément, bien que tardivement, étant donné sa proximité du terrain d'action et ses intérêts pour la région, selon M. Hasbi.
L'Europe a, pour sa part, agi de manière différenciée, exprimant une forte préoccupation et une nécessité de changer de cap vis-à-vis de ses voisins méditerranéens, a-t-il dit, ajoutant que l'apparition d'autres phénomènes, notamment des mouvements extrémistes, éclipse l'espoir initial de changement porté par ce printemps.
Même son de cloche de la part du professeur universitaire à Athènes, Kostas Ivantis qui a souligné que le Sud de la Méditerranée connaît un grand dynamisme géopolitique, des conflits et des guerres, précisant qu'au début du printemps arabe, plusieurs intellectuels et politiciens occidentaux ont estimé que la région ne pourrait pas fonder un modèle démocratique en raison de ses orientations générales brouillées.
Il n'a pas manqué de noter que la démocratie au niveau des pays du Sud de la Méditerranée est différente de celle reconnue au Nord, signalant que l'Occident a, depuis toujours, défendu des systèmes corrompus qui n'ont rien à voir avec la démocratie.
Dans un cadre lié, M. Ivantis a fait savoir que le Printemps arabe a aggravé l'instabilité dans plusieurs pays de la région, notamment la Syrie, la Libye et le Yémen, à l'exception du Maroc et de la Jordanie qui se sont développés dans un environnement stable.
Pour sa part, Mohammed Zakaria Abouddahab, professeur à l'Université Mohammed V de Rabat, a souligné que le 1er juillet 2011 restera sans doute gravé dans les mémoires comme jour de victoire du constitutionnalisme marocain, fort de plus d'un siècle d'expérience.
Quant à Erena Shila, présidente de la filière des études européennes au niveau de la Faculté des sciences politiques et sociales à l'Université Panthéon à Athènes, elle a évoqué certains éléments qui nourrissent souvent l'absence de stabilité en Méditerranée, à savoir la non résolution du conflit israélo-arabe et le phénomène du terrorisme, ajoutant que certains pays du Sud de la Méditerranée ont réalisé des réformes ayant bénéficié de soutien et de dynamisme de leurs sociétés respectives.
Source de l'article Allafrica
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