Le Plan Bleu vient de rendre deux rapports qui, pour la première fois en Méditerranée, tentent une analyse intégrée pour rendre compte du rapport entre dégradation des écosystèmes marins et côtiers et pertes de bien-être économique et social.
La directive cadre dite Stratégie pour le milieu marin met les pays européens dans l’obligation d’atteindre le « bon état écologique du milieu marin » à l’horizon 2020. L’initiative EcAp du Plan d’Action pour la Méditerranée (PAM) vise le même objectif pour l’ensemble de la Méditerranée.
Mais comment définir ce « bon état écologique ». Et, pour l’atteindre, de quelle situation partons-nous ? Enfin, par quels moyens l'atteindre ?
« Nous avons besoin d’évaluations initiales sur les écosystèmes et activités humaines, mais aussi d’incitations à l’action. Connaître le coût des dégradations du milieu en est une. Et pour cela nous devons estimer les services que ne rendra pas un environnement dégradé aux populations riveraines ».
Didier Sauzade, chargé de programme mer au Plan Bleu, vient de superviser un travail collectif novateur, dans le cadre de l’initiative EcAp du PAM.
Cette « Analyse économique et sociale des usages des eaux côtières et marines méditerranéennes » (lien) se heurte toutefois à l’état des connaissances nécessaires.
« Nous nous heurtons aux limites des statistiques actuelles, souvent nationales. Or, l’approche par écosystèmes sur le milieu suppose que nous étudions les sous bassins de la Méditerranée » reprend Didier Sauzade,
Pour ce travail d’analyse précurseur, le Plan Bleu s’est appuyé sur les résultats d’un projet européen auquel il participe (Perseus)
PB_CoD_scoping_Fra.pdf (1.97 Mo)
Pollution et surexploitation affectent le milieu et l’emploi qui en dépend
« Il a fallu s’attacher à décrire les services rendus par les écosystèmes, apprécier comment les activités humaines en bénéficient et les impactent à la fois».
Les auteurs du rapport soulignent que « les pêcheurs capturent plus de poissons qu’il n’en faudrait pour garantir leur bonne reproduction». La conséquence humaine semble évidente : avenir incertain, recours aux importations.
Le tourisme génère près de 8,5 millions d’emplois, mais son « développement intensif sur les franges littorales a déjà provoqué d’importants dégâts sur les écosystèmes côtiers ». « Sans un changement de modèle, la croissance attendue du développement touristique de la région continuera d’aggraver la situation » notent les auteurs.
20% du fret mondial transite actuellement en Méditerranée. Tous les scénarios étudiés montrent que ce chiffre va continuer à augmenter. Fortement polluante, l’activité affecte la biodiversité.
La production de gaz et pétrole offshore, très prometteuse en mer Egée et au Levant, fait courir au milieu le risque d’accidents aux conséquences incalculables. Mais qu'il faut pourtant évaluer afin que les décideurs puissent faire les bons choix dans l’avenir.
L’approche choisie par le Plan Bleu pour évaluer la dégradation privilégie l’étude des coûts dus à un écosystème affecté. Une pollution marine d’hydrocarbure aura des conséquences financières, « mais nous aurions besoin de plus d’informations pour une approche plus juste de l’ensemble des coûts supportés par la société» insiste Didier Sauzade.
Les rapports du Plan Bleu concluent à la nécessité de réaliser des « progrès pour affiner cette connaissance ». Un but pour lequel les économistes ont tracé une route.
En partenariat avec Plan Bleu
Par Michel Neumuller - Source de l'article Econostruminfo
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