Daniel Berrebi est le président de Baja Ferries, l'un des candidats à la reprise de la SNCM.
Cet armateur français d'origine tunisienne est installé à Miami (Floride), d'où il dirige Baja Ferries, une petite compagnie de ferrys basée à La Paz, capitale de la Basse-Californie du Sud, au Mexique, et Unishipping, société basée à Paris, exploitant une flotte d'une dizaine de vraquiers, des cargos pour le transport de marchandises en vrac (sable, minerais, céréales, etc.).
Dans un entretien aux « Echos », il déplore la probable résiliation de la délégation de service public maritime entre Marseille et la Corse de la SNCM. Il croit « profondément » à l'exploitation d'« une grande compagnie française de ferrys en Méditerranée ». Pour ce faire, il est prêt à investir pour moderniser sa flotte.
La délégation de service public maritime entre Marseille et la Corse va selon toute vraisemblance être résiliée cette semaine par le tribunal administratif de Bastia. Cela remettra-t-il en cause votre offre de reprise de la SNCM ?
Comme nous l'avons dit au tribunal de commerce, c'est une très mauvaise nouvelle qui nous oblige, forcément, à revoir notre offre pour nous adapter. Pour autant, ma volonté reste intacte. Il est possible d'exploiter une grande compagnie française de ferrys en Méditerranée. J'y crois profondément.
Nous allons modifier notre offre. Il va falloir renoncer à des investissements qui permettaient de moderniser la flotte. Avec ma formidable équipe de 25 personnes qui travaillent à ce projet et notre banque, Oddo Finances, nous allons trouver des solutions. Nous devons venir devant le tribunal de commerce avec des chèques de banque et des garanties suffisantes pour assurer la pérennité d'une compagnie transformée. Il faut au minimum 60 millions d'euros pour faire tourner cette entreprise. Les chiffres des offres concurrentes sont nettement inférieurs. Ce n'est pas sérieux !
Où en êtes-vous de vos discussions avec les syndicats ?
Les navires sont bons, les équipages connaissent leur métier, maintenant, il faut arriver à faire passer notre plan de compétitivité. Nos discussions avec les organisations syndicales sont constructives alors qu'elles semblaient, au départ, un obstacle quasi insurmontable. On a affaire à des professionnels. Ils comprennent les enjeux, nous font des suggestions, par exemple sur la rotation des navires. C'est la première fois qu'ils ont en face d'eux un armateur qui connaît leur métier. On avance au fil de réunions une ou deux fois par semaine. Nous allons, maintenant, formaliser les modifications des accords d'entreprise et j'ai bon espoir que nous parvenions à un accord. Il faut plus de souplesse et de simplicité, trouver des pistes d'économies et avoir un état d'esprit tourné vers le client. Ces valeurs sont compatibles avec celles que défendent les organisations syndicales. Mais ce changement de l'organisation du travail est une condition suspensive de notre offre.
Pour sauver la SNCM, il faut à tout prix remporter le nouvel appel d'offres de la DSP, qui aura lieu dans un an ou deux. Cela rend encore plus indispensable de trouver tout de suite un accord avec les syndicats.
L'idée court toujours, pourtant à Marseille, que vous vous êtes positionnés sur ce dossier afin de récupérer, à bon compte, des navires que vous exploiteriez dans le golfe du Mexique, où le marché est prometteur avec l'ouverture de Cuba…
Ces gens ne savent pas de quoi ils parlent ! Les navires de la SNCM ne sont pas, à l'exception du Daniele Casanova, adaptés au trafic passagers dans les Caraïbes. Jamais vous ne ferez monter des Américains sur un Ropax, ces bateaux qui font, d'abord, du transport de fret avec un peu de passagers. Là-bas, nous avons besoin d'au moins 500 cabines par navire. Avec la flotte de la SNCM, nous allons mettre le paquet sur les lignes vers le Maghreb et maintenir la relation très ancienne avec la Corse.
Par Antoine Boudet - Source de l'article Les Echos
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