Augmentation du niveau marin, sécheresse accrue ou encore pluies plus nombreuses et plus intenses : tous les clignotants sont au rouge en Méditerranée, l’une des régions au monde les plus affectées par le réchauffement climatique.
Les scientifiques du programme "Mistrals", qui regroupe plus d’un millier de chercheurs issus de 26 pays, ont livré mardi un premier bilan plutôt sombre après cinq années d’observations et de mesures passées à étudier le bassin méditerranéen sous toutes ses coutures pour prédire son avenir.
"Notre objectif est d’amener un certain nombre d’informations pour éviter d’aller dans le mur, pour que la mer Méditerranée ne soit pas stérilisée avant l’heure et pour que la température ne monte pas de manière excessive", a déclaré Etienne Ruellan, le directeur scientifique de Mistrals.
Pour les chercheurs, la Méditerranée est un "océan miniature", un terrain de jeu privilégié pour anticiper les conséquences du changement global et apporter des éléments de réponses transposables au-delà de la région.
La région méditerranéenne, qui s’étend sur 2,1 millions de kilomètres carrés, est l’un des 34 centres de biodiversité identifiés au niveau mondial compte tenu de sa diversité en termes d’espèces végétales et animales.
Elle accueille 10% de la richesse de la biodiversité mondiale sur 1,6% de la surface terrestre.
Les scientifiques veulent par leurs travaux aussi tirer la sonnette d’alarme, notamment en direction des dirigeants invités à la conférence des Nations unies sur le climat (COP21) prévue en décembre près de Paris.
La COP21 est considérée comme une des dernières chances de parvenir à un accord universel sur une réduction des émissions de gaz à effet de serre permettant de contenir le réchauffement climatique à 2°C d'ici la fin du siècle.
Evènements extrêmes
"Ce sera difficile de tenir la barre des 2°C, on mise davantage sur une augmentation de 3°C", estime le directeur de recherche au CNRS, Richard Sempéré, qui dirige l’Institut méditerranéen d’océanologie.
De la biodiversité aux phénomènes météorologiques, les indicateurs vont tous dans le sens d’une évolution majeure des écosystèmes d’ici la fin du XXIe siècle.
"Ce qui se dessine, c’est une augmentation des événements extrêmes", dit Véronique Ducrocq, chercheur à Météo-France. "Ils se renforceront en intensité et en violence mais de manière limitée, en moyenne de 5% par degré d’augmentation de la température."
Les scénarios les plus pessimistes tablent sur une augmentation maximale de 10% de ces phénomènes météorologiques, pour un degré d’augmentation lié au réchauffement climatique.
Pour autant, il sera toujours difficile de cerner avec précision les zones avant qu’elles ne soient affectées par ces phénomènes, comme ce fut le cas début octobre avec les pluies torrentielles et les inondations qui ont dévasté une partie du littoral des Alpes-Maritimes, ont fait 20 morts et provoqué entre 550 et 650 millions d’euros de dégâts.
"On arrive à prévoir les situations propices à ce type de phénomène, mais pas à comprendre les raisons qui font qu’ils éclatent à tel endroit avec une telle intensité", souligne Véronique Ducrocq.
Les mesures menées par le programme international Mistrals, qui est prévu sur une décennie, établissent un constat à mi-parcours qui demeure préoccupant dans toutes ses composantes.
"Les périodes de sécheresse estivale vont se rallonger et les précipitations diminuer en moyenne de 30% sur l’année, ce qui va induire un bouleversement majeur sur la biodiversité", indique Virginie Baldy, chercheur à l’Institut méditerranéen de biodiversité et de d’écologie marine et continentale.
Par Yves Clarisse - Source de l'article Capital
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