Gérard Andreck, président de la Macif et membre fondateur d’Ipemed, explique sa stratégie pour installer l’économie sociale au Sud de la Méditerranée. |
Quels sont les enjeux de l’économie sociale et solidaire en Méditerranée ?
Parmi les sujets sur lesquels l’économie sociale doit apporter des progrès, la protection sociale et la santé sont prioritaires. La Macif est présente depuis longtemps sur la rive nord de la Méditerranée, en Italie, en Grèce et en Espagne où elle travaille en partenariat avec des acteurs locaux. Constatant que l’économie sociale est encore peu répandue au Maroc, où elle existe officiellement depuis 2006, en Tunisie et en Algérie, nous avons ressenti l’obligation morale d’aider ces pays, sous forme de mécénat ou de partenariats économiques. Ainsi, la Macif a initié des partenariats en IARD, en prévoyance et sur la santé avec des structures dans les trois pays du Maghreb (il y a environ dix ans en Tunisie et cinq ans au Maroc). Un projet plus élaboré est en cours de validation avec une mutuelle marocaine. En Algérie, la Macif est présente depuis quatre ans, mais pas sous forme mutualiste car la réglementation ne le permet pas. Le groupe est majoritaire dans une structure comprenant quatre partenaires.
Comment faire émerger l’économie sociale en Méditerranée ?
Cela passe par une meilleure reconnaissance par les pouvoirs publics. En effet, les statuts n’existent pas dans tous les pays pour bâtir l’économie sociale. Dans l’environnement actuel cela peut paraître comme une forme de substitution là où, économiquement, les formes traditionnelles ne répondent pas aux besoins des populations. Il existe peu de partenariats d’Europe du Nord avec la rive sud dans ce domaine et pratiquement aucun en Égypte et en Libye. L’objectif est donc d’aider les pays du Sud à se structurer pour être dans une posture comparable à celle des pays du Nord.
Au Sud, un élément nouveau intervient: la présence de la finance islamique et aussi de l’assurance (takaful), qui propose des produits d’assurance islamique et qui se présente comme une alternative à l’assurance traditionnelle. Il faut signaler que les deux systèmes sont compatibles : en Asie de l’Est les deux formules cohabitent.
Quelles sont les priorités géographiques de la Macif ?
Notre priorité ce sont les trois pays du Maghreb, pour des raisons historiques et du fait des flux migratoires et d’échanges qui permettent de développer l’activité.
En Tunisie, la diaspora de France est très active. Elle pousse le gouvernement tunisien à agir et elle est reconnue par ce dernier comme une source de progrès.
La Libye nous a approchés. Nous allons étudier la situation nouvelle car du temps de Khadafi l’économie sociale était inexistante.
La Macif a un intérêt double: la promotion de l’économie sociale et le relais de croissance que présente la région. Les changements récents ont des incidences sur les choix de société et nous sommes vigilants quant au respect des droits fondamentaux. La Macif ne veut pas cautionner, sous prétexte d’économie, des comportements qui ne correspondraient pas à ses engagements. Il lui appartient donc de vérifier que l’économie sociale est vue de façon laïque. Nous n’avons aucune prévention à l’égard de la finance islamique et, dans un paysage stabilisé, économiquement sain, finance islamique et finance coopérative peuvent coexister dans un cadre concurrentiel naturel. Ce phénomène est inéluctable, il faut s’y adapter. Se positionner contre serait une erreur car la liberté de chacun doit être respectée.
Pour quelles raisons le groupe Macif a rejoint Ipemed ?
Ipemed peut nous apporter de l’expertise, de la mise en relation, en réseau et la médiatisation de ce que fait le groupe dans la région. Ceci peut nous aider car le risque est grand, face aux nombreuses initiatives et volontés qui s’expriment, que nous assistions à une déperdition d’énergie. En effet, l’abondance de bonnes volontés n’est pas forcément synonyme de bons résultats.
Propos recueillis par Agnès Levallois
Parmi les sujets sur lesquels l’économie sociale doit apporter des progrès, la protection sociale et la santé sont prioritaires. La Macif est présente depuis longtemps sur la rive nord de la Méditerranée, en Italie, en Grèce et en Espagne où elle travaille en partenariat avec des acteurs locaux. Constatant que l’économie sociale est encore peu répandue au Maroc, où elle existe officiellement depuis 2006, en Tunisie et en Algérie, nous avons ressenti l’obligation morale d’aider ces pays, sous forme de mécénat ou de partenariats économiques. Ainsi, la Macif a initié des partenariats en IARD, en prévoyance et sur la santé avec des structures dans les trois pays du Maghreb (il y a environ dix ans en Tunisie et cinq ans au Maroc). Un projet plus élaboré est en cours de validation avec une mutuelle marocaine. En Algérie, la Macif est présente depuis quatre ans, mais pas sous forme mutualiste car la réglementation ne le permet pas. Le groupe est majoritaire dans une structure comprenant quatre partenaires.
Comment faire émerger l’économie sociale en Méditerranée ?
Cela passe par une meilleure reconnaissance par les pouvoirs publics. En effet, les statuts n’existent pas dans tous les pays pour bâtir l’économie sociale. Dans l’environnement actuel cela peut paraître comme une forme de substitution là où, économiquement, les formes traditionnelles ne répondent pas aux besoins des populations. Il existe peu de partenariats d’Europe du Nord avec la rive sud dans ce domaine et pratiquement aucun en Égypte et en Libye. L’objectif est donc d’aider les pays du Sud à se structurer pour être dans une posture comparable à celle des pays du Nord.
Au Sud, un élément nouveau intervient: la présence de la finance islamique et aussi de l’assurance (takaful), qui propose des produits d’assurance islamique et qui se présente comme une alternative à l’assurance traditionnelle. Il faut signaler que les deux systèmes sont compatibles : en Asie de l’Est les deux formules cohabitent.
Quelles sont les priorités géographiques de la Macif ?
Notre priorité ce sont les trois pays du Maghreb, pour des raisons historiques et du fait des flux migratoires et d’échanges qui permettent de développer l’activité.
En Tunisie, la diaspora de France est très active. Elle pousse le gouvernement tunisien à agir et elle est reconnue par ce dernier comme une source de progrès.
La Libye nous a approchés. Nous allons étudier la situation nouvelle car du temps de Khadafi l’économie sociale était inexistante.
La Macif a un intérêt double: la promotion de l’économie sociale et le relais de croissance que présente la région. Les changements récents ont des incidences sur les choix de société et nous sommes vigilants quant au respect des droits fondamentaux. La Macif ne veut pas cautionner, sous prétexte d’économie, des comportements qui ne correspondraient pas à ses engagements. Il lui appartient donc de vérifier que l’économie sociale est vue de façon laïque. Nous n’avons aucune prévention à l’égard de la finance islamique et, dans un paysage stabilisé, économiquement sain, finance islamique et finance coopérative peuvent coexister dans un cadre concurrentiel naturel. Ce phénomène est inéluctable, il faut s’y adapter. Se positionner contre serait une erreur car la liberté de chacun doit être respectée.
Pour quelles raisons le groupe Macif a rejoint Ipemed ?
Ipemed peut nous apporter de l’expertise, de la mise en relation, en réseau et la médiatisation de ce que fait le groupe dans la région. Ceci peut nous aider car le risque est grand, face aux nombreuses initiatives et volontés qui s’expriment, que nous assistions à une déperdition d’énergie. En effet, l’abondance de bonnes volontés n’est pas forcément synonyme de bons résultats.
Propos recueillis par Agnès Levallois
Source de l'article l'IPEMED
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