Desertec mène des discussions avec le gestionnaire du réseau
électrique chinois SGCC. First Solar pourrait aussi devenir actionnaire de ce
projet de 400 milliards d'euros.
En pleine guerre commerciale entre l'Europe et la Chine sur le solaire (lire page 7), Desertec mène des discussions pour accueillir à son capital le gestionnaire de réseau électrique chinois State Grid Corporation of China (SGCC). « Des discussions ont lieu sur le fait que cette entreprise chinoise et l'américain First Solar deviennent actionnaires », confirme une porte-parole de Desertec, ce projet de 400 milliards d'euros qui vise à couvrir 15 % des besoins européens en électricité depuis le désert africain. First Solar, qui dispose d'une usine de panneaux solaires en Allemagne, est déjà membre associé du projet d'origine allemande, mais pas encore actionnaire.
Les négociations avec SGCC devraient faire l'objet de discussions lors de l'assemblée annuelle de Desertec, qui se tient en ce moment à Berlin. Malgré ses 1,5 million d'employés et son entrée récente au capital du portugais REN, le gestionnaire du réseau électrique chinois est méconnu en Europe.
En France, son nom était apparu dans la fausse affaire d'espionnage de Renault, entraînant un incident diplomatique entre Paris et Pékin. Son entrée au capital est controversée auprès de certains membres de Desertec, qui souffrent déjà de la concurrence chinoise dans la fabrication de panneaux solaires et redoutent que l'organisation fasse appel à des fournisseurs chinois pour ses projets solaires en Afrique du Nord.
L'arrivée de SGCC au capital permettrait toutefois de compenser le retrait annoncé le mois dernier par Siemens, un membre historique. Parmi ses avantages, SGCC a déjà une expérience dans le transport d'électricité en courant continu, qui serait nécessaire pour transporter le courant depuis le désert. Par ailleurs, la Chine représente un poids géostratégique de plus en plus important en Afrique. Enfin, deux mois après l'ouverture d'une enquête antidumping de la Commission européenne contre les fabricants chinois de panneaux solaires, une telle collaboration pourrait peut-être contribuer à une solution politique du conflit commercial, comme le souhaite la chancelière Angela Merkel.
Aventure utopique
Considéré par certains comme une aventure utopique, Desertec espère se lancer prochainement dans un projet concret au Maroc, baptisé Sawian et visant une capacité totale de 150 mégawatts. Il a pour cela besoin de la signature d'une déclaration d'intention entre le Maroc, la France, l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne, Malte et Luxembourg. Le but est de fixer un cadre politique qui donne lieu ensuite à un accord gouvernemental entre ces mêmes Etats, indique une porte-parole. Mais pour l'instant, l'Espagne traîne les pieds. Le projet, évalué à 600 millions d'euros, fait en effet l'objet de discussions complexes sur le partage des coûts entre les différents pays.,
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