Colloque international "Francophonies méditerranéennes (XXIe siècle) : langues, littératures"

Ce colloque s’inscrit dans la continuité d’une série de rencontres organisées par le centre Traverses 19-21 et l’université de Grenoble Alpes depuis plusieurs années. 
En novembre 2006, une journée d’études porte sur le roman maghrébin contemporain, en collaboration avec l’association grenobloise Amal et avec la participation du romancier algérien Boualem Sansal.


Quatre ans plus tard, en avril 2010, Claude Coste et Daniel Lançon consacrent un colloque aux « Perspectives européennes des études francophones », dont les actes doivent paraître en septembre 2013 aux éditions Honoré Champion. Par ailleurs, le département de Lettres et le centre Traverses 19-21 participent depuis sa création en 2005 à l’École Doctorale Algéro-Française (l’EDAF), devenue depuis 2012 le Réseau-Mixte LaEF. De nombreux liens ont ainsi été tissés avec plusieurs universités algériennes (Oran, Annaba, Constantine…) et tout particulièrement avec l’ENS Bouzaréah d’Alger et son laboratoire de français le LISODIP (codirection de thèses, séminaires, éditions). 
Parallèlement à cette collaboration régulière avec l’Algérie, l’université de Stendhal-Grenoble 3 et le centre Traverses 19-21 travaillent depuis 2010 avec le Groupe de recherche Art et Littérature G.R.A.L de l’université de Meknès au Maroc dont Ridha Boulaâbi est membre associé. Un colloque « Barthes au Maroc » s’est tenu à l’université Moulay Ismaïl en mai 2010 sous la direction de Ridha Boulaâbi, Claude Coste et Mohamed Lehdahda. Les actes ont été publiés en 2013 aux Presses Universitaires de Meknès. 
En proposant de co-organiser un colloque sur les francophonies méditerranéennes au début du XXIe siècle, le centre Traverses 19-21 poursuit donc son travail de collaboration avec le Maghreb et le Machrek. Après avoir mis en valeur la littérature de l’Indépendance ou de la dernière décennie de XXe siècle, les organisateurs, algériens, français et marocains, de ces journées souhaiteraient mettre l’accent sur la quinzaine d’années qui ouvrent le XXIe siècle. La fin de la décennie noire en Algérie, la mondialisation des échanges et de la culture, les révolutions arabes, les crises économiques, les nouvelles formes d’immigration, les guerres africaines (Lybie et Mali), constituent des événements majeurs dont l’impact ne se fait pas encore forcément sentir, mais dont on ne peut faire l’économie quand on réfléchit à l’état présent de la francophonie dans le monde méditerranéen. 
A cette première délimitation temporelle (2000-2014) s’en ajoute une autre, concernant cette fois-ci l’objet même de la recherche. Si le monde francophone touche à tous les sujets et à tous les domaines, on privilégiera la langue (ou les langues) et la littérature. La francophonie – faut-il le rappeler ? – est d’abord une question linguistique : présence de la langue française, confrontation aux autres langues de la région comme l’arabe ou le berbère ou à des langues étrangères comme l’anglais ou l’espagnol, développement et didactisation du plurilinguisme. Ces réalités ne sont pas neuves, mais il paraît nécessaire de faire le point sur la situation actuelle à une époque où la colonisation s’éloigne. 
La linguistique et la socio-linguistique tiendront une grande place dans les interventions d’autant que le laboratoire de recherches de l’ENS d’Alger, le LISODIP, s’intéresse aux pratiques langagières plurilingues dans différents contextes (social, littéraire, scolaire, universitaire, professionnel) et aux représentations sur toutes les langues en présence en Algérie. Quant au LIDILEM de Grenoble 3, il est également connu pour ses travaux sur les pratiques plurilingues et l’enseignement des langues, notamment le français langue étrangère ou langue seconde. 
Dans quelle mesure la littérature offre-t-elle une image de ces pratiques ? Peut-on, par exemple, repérer une stylistique des phénomènes de contact et de restructuration des langues en présence ? Par ailleurs, il convient de s’interroger de manière critique sur la notion même de francophonie comme idéologie langagière. En voit-on des traces dans la littérature du XXIesiècle ? 
De manière générale, il s’agit de s’interroger avant tout sur les littératures francophones de la Méditerranée en intégrant les dimensions sociolinguistiques (sociologiques et langagières) dans la réflexion. L’axe littéraire prendra plus spécialement en compte la question des objets que se donnent ces littératures, des lieux de productions et de diffusion (maisons d’éditions, revues, presse, etc.) et des archives. 
On se demandera quel est l’avenir des études génétiques dans cette région du monde où la relation au manuscrit ne correspond pas forcément au fétichisme du monde occidental.

Le colloque se propose ainsi d’explorer les domaines suivants :
1) La langue entre réalité et imaginaire : état des lieux, phénomènes de « créolisation », représentation de sa propre langue et de celle de l’ « autre », stylisation des pratiques plurilingues et des contacts de langues, scénographie …
2) La littérature : nouvelles thématiques, nouvelles formes, nouveaux genres, dialogue avec les littératures de langue arabe, lectorat…
3) Les archives et les éditions : bibliothèques, librairies et maisons d’édition, centres de recherches, catalogage, numérisation, imaginaire du livre et de la trace…
4) La recherche en critique littéraire et en sciences humaines : place des études postcoloniales en Méditerranée, confrontation de la recherche occidentale et d’autres traditions littéraires, les Orients de la francophonie méditerranéenne (orientalisme et francophonie), réalité et fiction du décentrement culturel, études de genre…
5) La francophonie à l’aune de l’histoire (dimensions linguistiques, culturelles et économiques de la mondialisation des échanges, révolutions arabes...) : quelle place, quel discours et quel avenir pour la langue française ? Quels sont les nouveaux espaces d’écriture et les nouvelles stratégies de communication (blogs, bandes dessinées, caricatures, forums de discussion...) ? Quelle écriture suscite la migration, légale ou clandestine (Sansal, Jelloun, El-Alamy) ?
Ridha Boulaâbi, université Stendhal-Grenoble 3
Atika kara, ENS Bouzaréah d’Alger
Mohamed Lehdahda, université Moulay Ismaïl, Meknès 
Marinette Matthey, université Stendhal-Grenoble 3
Source de l'information Traverse 19-21

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