L’Égypte célèbre le 3e anniversaire du « printemps arabe ». Les manifestations de masse sous le mot d’ordre de démission du président Hosni Moubarak ont commencé le 25 janvier 2011. Tant Moubarak que Morsi qui lui avait succédé au poste suprême, ont perdu le pouvoir depuis sans que l’Égypte et les autres pays du « printemps arabe » deviennent pour autant plus démocratiques.
Au lieu d’amener des changements démocratiques au Maghreb et au Proche-Orient, le « printemps arabe » a causé aux économies de la région un préjudice global de près de 800 milliards de dollars, estime Mikhaïl Marguelov, émissaire du président russe en charge de coopération avec les pays africains et président du comité des relations internationales du Conseil de la Fédération. « Il n’y a pas eu de marche triomphale d’une démocratie de modèle occidental », a-t-il constaté. Pourtant, c’était précisément ce que revendiquaient les étudiants et les intellectuels occidentalisés dont les protestations ont servi de prélude au « printemps arabe ». Mais tous n’ont pas été déçus par ses résultats, estime Eugène Satanovski, président de l’Institut du Proche-Orient :
Les objectifs ont été atteints au Qatar, en Arabie Saoudite et en Turquie. Les régimes qui leur rivalisaient d’influence et de pouvoir dans le monde arabe et islamique, ont été anéantis. L’économie, celle du pétrole et du gaz en particulier en Libye, a été démantelée et ils n’ont pratiquement plus de concurrents sur le marché international. Ceci, il est vrai, n’a rien à voir avec la démocratie, la jeunesse et l’élite éclairée. Mais on sait depuis longtemps que les révolutions sont conçues par des romantiques, faites par des fanatiques et que leurs fruits sont subtilisés par des coquins et des canailles.
La situation a l’air encore plus dramatique en Libye et en Syrie. Si la première est au bord de la division, la seconde est le théâtre d’une guerre mi-civile mi-religieuse. La Tunisie est une figure à part sur cette toile de fond. Pourtant, c’est là-bas qu’ont éclaté les premières protestations qui se sont étendues à d’autres États de la région. La société tunisienne actuelle peut néanmoins être qualifiée de démocratique même en faisant quelques réserves. Georgi Mirski, directeur de recherche à l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales, commente :
La Tunisie avait un pouvoir autoritaire assez sévère où aucune démocratie n’était possible. Ce n’était pas un régime fasciste totalitaire mais le président était seul aux commandes. Il a finalement été destitué et maintenant le peuple a la possibilité se faire entendre. Si nous entendons par la démocratie la possibilité pour les gens de s’exprimer et de voter librement, la Tunisie avait réellement fait des progrès.
Le moment n’est pas encore venu de faire le bilan définitif du « printemps arabe ». En effet, la question du devenir de la Syrie reste toujours en suspens. On ne sait pas non plus ce qui attend la Libye qui est au bord de décomposition nationale. Il faut en plus ajouter que le « printemps arabe » était entre autres provoquée par la lassitude des peuples vis-à-vis des leaders des pays de la région dont bon nombre s’accrochaient au pouvoir depuis des décennies. Les monarchies du golfe Persique où il existe une véritable gérontocratie ont de quoi s’inquiéter sur ce chapitre. Elles ont jusqu’ici réussi à résoudre leurs problèmes à coups d’argent en en redirigeant le mouvement de protestations vers d’autres pays. En effet, les sujets les plus passionnés de ces pays font actuellement la guerre en Syrie et dans d’autres points chauds du monde islamique mais personne ne saurait dire combien de temps encore les monarchies parviendront à préserver cet état de choses.
Par Artem Kobzev - Source de l'article la Voix de la Russie
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