La Constitution sera bientôt adoptée. Un nouveau gouvernement devrait être formé d'ici à une dizaine de jours.
La Tunisie s'achemine doucement mais sûrement vers la fin de la crise politique ouverte l'été dernier par l'assassinat d'un député de la gauche laïque. Le nouveau Premier ministre, Mehdi Jomaâ, jusque-là chargé de l'Industrie, a jusqu'au 25 janvier pour former un gouvernement de transition, selon le mandat que lui a confié vendredi le président Moncef Marzouki. Pour cet ingénieur de cinquante et un ans ayant fait une partie de sa carrière chez Total et relativement peu connu du grand public, il s'agit de former un cabinet « indépendant et neutre », à la suite de la démission, jeudi, du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda.
Ceux-ci ont été profondément discrédités après deux ans de pouvoir, en raison de leur politique clivante et de résultats économiques décevants. « Des soulèvements dans tous les coins du pays, une économie agonisante et une situation sécuritaire précaire, le futur gouvernement aura bien du pain sur la planche pour relancer le pays », résumait ce week-end « Le Quotidien » à Tunis.
L'urgence sera d'organiser des élections permettant de donner une légitimité démocratique au gouvernement chargé de réformer le pays. Le dialogue national devrait pour cela reprendre demain, selon l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui a parrainé avec le patronat et l'Ordre des avocats l'accord de mi-décembre ayant abouti au départ du gouvernement Ennahda. La priorité est de fixer la date des élections présidentielle et législatives.
Les bouchées doubles à l'Assemblée constituante
Quant à l'Assemblée constituante, paralysée depuis son élection il y a deux ans, elle a mis brusquement les bouchées doubles pour voter une Loi fondamentale avant ce soir, troisième anniversaire de la révolution. Un pari qui semble toutefois quasi impossible. L'Assemblée, qui a voté 100 articles sur 146, travaillait hier sur ceux concernant la justice, les droits de l'homme ou la lutte contre la corruption. Le texte dans son ensemble doit recevoir les voix des deux tiers des élus, faute de quoi il serait soumis à un référendum.
La Constituante a rejeté dimanche un article précisant que le Premier ministre fixe la politique générale de l'Etat et voté un autre stipulant que tout candidat à la présidence de la République doit avoir l'islam comme religion. Un recul par rapport aux articles adoptés la semaine dernière et largement salués à l'étranger, qui rejettent la charia (loi islamique) comme source principale de droit et qui prévoient l'égalité sans discrimination des citoyens et citoyennes comme la liberté de conscience.
Les députés ont par ailleurs rejeté un amendement qui garantissait « la liberté du travail et la liberté de l'initiative économique », qui n'a obtenu que 93 voix alors que le seuil était de 109 voix. Un article qui ne menaçait pourtant pas le droit de grève, garanti par ailleurs, mais qui était vécu comme un pas vers « le libéralisme sauvage », selon la députée du parti du Congrès pour la république, Samia Abou. Un recul de nature à troubler les investisseurs étrangers, qui ne se bousculent pas dans le pays actuellement, et qui résonne étrangement, trois ans presque jour pour jour après le suicide de Mohamed Bouazizi. Celui qui a déclenché la révolution tunisienne, et par contrecoup le printemps arabe, était un vendeur de légumes à la sauvette persécuté par la police.
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