22e rencontres internationales du théâtre méditerranéen de Marseille - Les XXIIe Rencontres internationales du théâtre méditerranéen, qui viennent de se dérouler au théâtre Toursky à Marseille (24-25 mai), se sont penchées -- l'actualité aidant -- sur les enjeux de la culture, à l'heure des révolutions qui viennent de se produire, depuis 2011, sur la rive sud de la Méditerranée.
Cette année, et bien que plusieurs pays, membres de l'IITM (1), n'aient pas été présents ni même José Monleon, président fondateur de cet institut (pour raisons de santé) et qui a été joint par téléphone et ovationné par les participants(2), ces rencontres ont été aussi fortes que les précédentes, entrant cette fois de plain-pied dans les débats politiques et culturels, à la lumière des révolutions tunisienne, égyptienne, libyenne et d'autres pays encore en gestation.
Comme le déclarait Richard Martin, directeur du théâtre Toursky, «ces rencontres retrouvent le vrai sens des valeurs humaines et poursuivent leur engagement pour la défense du droit humain partout où il est nié bafoué, humilié». Reprenant les propos de José Monleon dans sa déclaration «Théâtre et Démocratie», il a estimé que sans ces inespérées révolutions «à commencer par la révolution tunisienne», les «dictatures, censures, oligarchies, inégalités profondes, et une culture de la soumission, auraient éloigné de la participation politique un grand nombre qui n'a pu penser librement qu'en tant que spectateur, d'où l'importance d'un théâtre critique et libre, comme outil habituel de la vie démocratique».
Les objectifs du programme «Théâtre et Démocratie»
Lors de la première journée, la représentante de José Monleon, Itziar Pascuale, auteure et metteur en scène de théâtre, a, tout en évoquant l'état de santé fragilisé du président de l'IITM, insisté sur le fait que le manifeste «Théâtre et Démocratie» était un «manifeste fondational au sein des processus socio-culturels de notre temps». Le manifeste contient deux axes essentiels tels qu'imaginés par José Monleon :
Primo : Dans chacun des 24 pays intéressés, il faut créer un centre qui réunisse les divers groupes théâtraux nationaux participant aux objectifs signalés au sein du manifeste. A partir de cela, il est nécessaire d'organiser des programmes et des activités entre les groupes impliqués afin de «potentialiser la fonction démocratique du théâtre dans le pays concerné». La collaboration des centres nationaux est prévue dans les plans d'action dudit manifeste.
Secundo : Au-delà du cadre national, il faut favoriser l'information et la coopération entre tous les groupes associés, afin de renforcer leur activité, leur permettre de mieux se connaîetre et contribuer à la projection du «manifeste fondational».
Pour Itziar Pascuale qui reprend les thèses fondamentales de José Monleone, le théâtre méditerranéen est un théâtre de résistance contre toutes les formes de dictature. Il doit, en cela, remonter aux sources de «l'idée de démocratie née en Grèce au même moment que le théâtre, rapidement converti, au-delà de son rapport à la mythologie, en une institution absolument nécessaire au développement de cette dernière. Le théâtre, compris comme un espace d'expression humaine, avec ses divergences, reconnaissant le dialogue comme principe, aurait été, à travers personnages et spectateurs, l'instrument participatif de la majorité pour la participation d'une opinion critique».
Et, bien sûr, comme c'en est le cas aujourd'hui, chez nous, en Tunisie comme ailleurs chez certains de nos voisins où le théâtre tend à s'émanciper d'une manière plus rapide et clairvoyante, le discours sur les planches devient, naturellement, dénonciation directe «d'une minorité au pouvoir qui prend les décisions concrètes parfois après un processus électoral préalable -- d'à peine 50% de la population -- le jeu des intérêts établis (éloignant) souvent les décisions gouvernementales de l'intérêt général».
L'intervenante espagnole a parlé d'une situation «catastrophique» dans le pays d'Ibère où l'on sait, comme chez nous, et toute proportion gardée, combien l'indignation est grandissante. «Il faut, dit-elle, construire un vrai projet théâtral» et «exiger des textes multiples pour le peuple, travailler ensemble -- les 24 pays de l'IITM --, élaborer en commun un espace et un esprit pour démocratiser le théâtre, après vingt-deux ans de militantisme». Itziar Pascuale a fait maintes fois référence à la Tunisie où règnent, comme en Espagne, la pauvreté et la misère et «toutes ces monarchies pétrolières qui n'ont rien à nous donner».
Discours fondateur de José Monleon qui tient compte aussi des nouvelles technologies capables de renouveler les doléances des théâtres méditerranéens «grâce à une communication qui leur permette d'entreprendre des initiatives communes, échanger des expériences et contribuer, en définitive, à structurer une pensée avec des lignes directrices qui intercèdent dans le débat politique et éthique de notre temps».
Théâtre et Démocratie, disions-nous ? Mais, comment faire pour, aussi, «dédramatiser» la situation d'absence de démocratie et de pécules du théâtre méditerranéen, depuis les 23 dernières années de l'existence de l'IITM. La réponse nous vient sans doute de la France où l'espoir renaîet enfin avec l'arrivée des socialistes.
Espérons-le ! Richard Martin, ouvrant ce débat en cette première journée sur les enjeux de la culture, à l'heure des révolutions nouvelles -- arabes, mais aussi en France avec le retour des socialistes, depuis Mitterrand --, ne disait-il pas qu'à la veille de 2013, qui fera de Marseille la capitale culturelle de l'Europe (et que la «flottille du Toursky pour la paix en Méditerranée» y fera le tour avec deux bateaux : un roumain le «Constanta» et un tunisien le «Carthage»), oui, ne disait-il pas que «Nous pouvons, réellement et raisonnablement, nous demander où sont passés l'esprit d'André Malraux, le fondateur des maisons de la culture, l'élan créateur d'un Jean Vilar et d'un Gérard Phillipe en Avignon et l'esprit même d'une décentralisation culturelle».
Une décentralisation capable de faire avancer, sans exclusion, la vie des théâtres, la vie des artistes... dans les pays riverains de la Méditerranée, grâce à l'esprit de l'IITM, à son théoricien, José Monleon, au Toursky de Richard Martin et aux «utopies concrètes» des saltimbanques de la Méditerranée.
Par Bady Ben Naceur
Source la Presse et Afriquejet
Cette année, et bien que plusieurs pays, membres de l'IITM (1), n'aient pas été présents ni même José Monleon, président fondateur de cet institut (pour raisons de santé) et qui a été joint par téléphone et ovationné par les participants(2), ces rencontres ont été aussi fortes que les précédentes, entrant cette fois de plain-pied dans les débats politiques et culturels, à la lumière des révolutions tunisienne, égyptienne, libyenne et d'autres pays encore en gestation.
Comme le déclarait Richard Martin, directeur du théâtre Toursky, «ces rencontres retrouvent le vrai sens des valeurs humaines et poursuivent leur engagement pour la défense du droit humain partout où il est nié bafoué, humilié». Reprenant les propos de José Monleon dans sa déclaration «Théâtre et Démocratie», il a estimé que sans ces inespérées révolutions «à commencer par la révolution tunisienne», les «dictatures, censures, oligarchies, inégalités profondes, et une culture de la soumission, auraient éloigné de la participation politique un grand nombre qui n'a pu penser librement qu'en tant que spectateur, d'où l'importance d'un théâtre critique et libre, comme outil habituel de la vie démocratique».
Les objectifs du programme «Théâtre et Démocratie»
Lors de la première journée, la représentante de José Monleon, Itziar Pascuale, auteure et metteur en scène de théâtre, a, tout en évoquant l'état de santé fragilisé du président de l'IITM, insisté sur le fait que le manifeste «Théâtre et Démocratie» était un «manifeste fondational au sein des processus socio-culturels de notre temps». Le manifeste contient deux axes essentiels tels qu'imaginés par José Monleon :
Primo : Dans chacun des 24 pays intéressés, il faut créer un centre qui réunisse les divers groupes théâtraux nationaux participant aux objectifs signalés au sein du manifeste. A partir de cela, il est nécessaire d'organiser des programmes et des activités entre les groupes impliqués afin de «potentialiser la fonction démocratique du théâtre dans le pays concerné». La collaboration des centres nationaux est prévue dans les plans d'action dudit manifeste.
Secundo : Au-delà du cadre national, il faut favoriser l'information et la coopération entre tous les groupes associés, afin de renforcer leur activité, leur permettre de mieux se connaîetre et contribuer à la projection du «manifeste fondational».
Pour Itziar Pascuale qui reprend les thèses fondamentales de José Monleone, le théâtre méditerranéen est un théâtre de résistance contre toutes les formes de dictature. Il doit, en cela, remonter aux sources de «l'idée de démocratie née en Grèce au même moment que le théâtre, rapidement converti, au-delà de son rapport à la mythologie, en une institution absolument nécessaire au développement de cette dernière. Le théâtre, compris comme un espace d'expression humaine, avec ses divergences, reconnaissant le dialogue comme principe, aurait été, à travers personnages et spectateurs, l'instrument participatif de la majorité pour la participation d'une opinion critique».
Et, bien sûr, comme c'en est le cas aujourd'hui, chez nous, en Tunisie comme ailleurs chez certains de nos voisins où le théâtre tend à s'émanciper d'une manière plus rapide et clairvoyante, le discours sur les planches devient, naturellement, dénonciation directe «d'une minorité au pouvoir qui prend les décisions concrètes parfois après un processus électoral préalable -- d'à peine 50% de la population -- le jeu des intérêts établis (éloignant) souvent les décisions gouvernementales de l'intérêt général».
L'intervenante espagnole a parlé d'une situation «catastrophique» dans le pays d'Ibère où l'on sait, comme chez nous, et toute proportion gardée, combien l'indignation est grandissante. «Il faut, dit-elle, construire un vrai projet théâtral» et «exiger des textes multiples pour le peuple, travailler ensemble -- les 24 pays de l'IITM --, élaborer en commun un espace et un esprit pour démocratiser le théâtre, après vingt-deux ans de militantisme». Itziar Pascuale a fait maintes fois référence à la Tunisie où règnent, comme en Espagne, la pauvreté et la misère et «toutes ces monarchies pétrolières qui n'ont rien à nous donner».
Discours fondateur de José Monleon qui tient compte aussi des nouvelles technologies capables de renouveler les doléances des théâtres méditerranéens «grâce à une communication qui leur permette d'entreprendre des initiatives communes, échanger des expériences et contribuer, en définitive, à structurer une pensée avec des lignes directrices qui intercèdent dans le débat politique et éthique de notre temps».
Théâtre et Démocratie, disions-nous ? Mais, comment faire pour, aussi, «dédramatiser» la situation d'absence de démocratie et de pécules du théâtre méditerranéen, depuis les 23 dernières années de l'existence de l'IITM. La réponse nous vient sans doute de la France où l'espoir renaîet enfin avec l'arrivée des socialistes.
Espérons-le ! Richard Martin, ouvrant ce débat en cette première journée sur les enjeux de la culture, à l'heure des révolutions nouvelles -- arabes, mais aussi en France avec le retour des socialistes, depuis Mitterrand --, ne disait-il pas qu'à la veille de 2013, qui fera de Marseille la capitale culturelle de l'Europe (et que la «flottille du Toursky pour la paix en Méditerranée» y fera le tour avec deux bateaux : un roumain le «Constanta» et un tunisien le «Carthage»), oui, ne disait-il pas que «Nous pouvons, réellement et raisonnablement, nous demander où sont passés l'esprit d'André Malraux, le fondateur des maisons de la culture, l'élan créateur d'un Jean Vilar et d'un Gérard Phillipe en Avignon et l'esprit même d'une décentralisation culturelle».
Une décentralisation capable de faire avancer, sans exclusion, la vie des théâtres, la vie des artistes... dans les pays riverains de la Méditerranée, grâce à l'esprit de l'IITM, à son théoricien, José Monleon, au Toursky de Richard Martin et aux «utopies concrètes» des saltimbanques de la Méditerranée.
Par Bady Ben Naceur
Source la Presse et Afriquejet
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