Alors qu'à Beyrouth et au Mont-Liban on continue de se débattre dans la crise des déchets, Baalbeck inaugurait hier avec fierté une usine qui lui permettra à terme d'arriver au « zero waste ».
Le ministre de Freige, hier, au cours de la
cérémonie d’inauguration. Photo Ani
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Les orateurs ont mis l'accent sur la gravité du problème auquel le Liban est confronté, ce qui a fait dire au président de la municipalité de Baalbeck, Hamad Hassan, trop content d'avoir cette usine, que le règlement du problème des déchets est une mission qui incombe au gouvernement, lequel se doit de verser aux municipalités les sommes qui leur sont dues.
La construction et l'équipement de la nouvelle installation, dont le coût s'est élevé à 1 426 000 euros, ont été financés par l'Union européenne, à travers le Bureau de la coopération italienne, et les travaux ont été exécutés par le bureau du ministère d'État pour la réforme administrative.
M. Mori a souligné ensuite « le manque effrayant, au Liban, d'infrastructure nécessaire pour le traitement des déchets » en expliquant que 8 % seulement des déchets municipaux sont recyclés et 9 % compostés, sachant, a-t-il dit, que la moitié des détritus municipaux sont organiques. Il a relevé que l'afflux de réfugiés syriens a aggravé le problème rapidement, donnant l'exemple des déchets solides qui ont augmenté dans une proportion de 15 % depuis l'arrivée des populations syriennes déplacées par la guerre. Il a ensuite fait état d'un projet pour développer l'usine de traitement de déchets de Zahlé, et de deux études pour l'aménagement de deux autres nouvelles installations à Bar Élias et à Jeb Jannine. Les deux pourront couvrir les besoins de la Békaa, a expliqué Marcello Mori, qui a rappelé dans ce contexte que d'autres régions du Liban, notamment Srar dans le Akkar, ainsi que Tyr, Nabatiyeh et Bint Jbeil, profitent du soutien de l'Union européenne dans ce domaine. « Plus de 77 millions d'euros ont été consacrés par l'Union européenne pour le traitement des déchets au Liban », a-t-il poursuivi en exprimant le souhait d'une collaboration de la population au succès de ce projet à travers le tri à la source qui permettra, à terme, aux Libanais d'arriver au « zero waste », c'est-à-dire à un pays sans déchets.
De Freige: De nouvelles installations supplémentaires
De son côté, après avoir énuméré les usines de traitement de déchets qui ont été installées au Liban entre 2009 et 2013, le ministre Nabil de Freige a souligné l'importance capitale de celle qui vient d'être inaugurée à Baalbeck. « Sa capacité actuelle est de 70 tonnes par jour, mais nous essayons à travers un nouveau don de l'Union européenne de l'agrandir pour qu'elle puisse servir tout le mohafazat de Baalbeck-Hermel. Sa capacité s'élèvera à ce moment-là à 250 tonnes de déchets par jour », a encore dit M. de Freige, qui a rappelé le processus à travers lequel la gestion de l'usine a été confiée à la société al-Jihad pour le commerce et l'entrepreneuriat « pour un coût de 25 dollars par tonne qui seront payés par l'État à travers le ministère de la Réforme administrative ».
Il s'est félicité de ce que ce projet ainsi que d'autres, similaires, entrepris en coordination avec l'Union européenne et les municipalités, vont contribuer à alléger la crise des déchets au Liban. Nabil de Freige a annoncé deux nouveaux dons européens, le premier de 14 millions d'euros (Swam1) et le second d'un montant de 12 millions d'euros (Swam2) qui vont servir à agrandir l'usine et à aménager une décharge réglementaire près d'elle, « ce qui va permettre d'avoir pour la première fois au Liban un modèle de traitement complet des ordures, comprenant le tri, le compostage, la décharge ainsi qu'une usine bio gaz » de production de l'énergie.
M. de Freige a en outre annoncé un prochain traitement du dépotoir de Ras el-Aïn à Tyr et un aménagement d'une décharge réglementaire à Tyr, ainsi qu'à Nabatiyeh, au Akkar et à Bint Jbeil. Il a fait état aussi de la construction d'usines de tri et de compostage à Bint Jbeil, au Akkar, à Zghorta, au Koura, à Jeb Jannine et à Denniyé, ainsi que des usines de compostage à Zahlé et Tripoli.
Dans son discours, le député Ali Mokdad a fait remarquer que « dans n'importe quel autre pays, ce genre de projet aurait été inauguré sans tapage médiatique, le traitement des déchets étant considéré comme un des services les plus élémentaires, alors qu'au Liban, il est devenu une source de joie, étant donné l'ampleur de la crise des déchets ».
Il a déploré l'incapacité de l'État à trouver une solution au problème des ordures ménagères, avant de s'arrêter sur une autre crise, celle provoquée, a-t-il dit, par l'afflux de réfugiés syriens. M. Mokdad s'est arrêté sur la mobilisation de l'Europe pour faire face à cette crise qui vient de frapper à sa porte, mais en insistant sur le fait que les aides promises au Liban dans ce même cadre sont restées lettre morte. « Il n'y a que le Koweït qui a versé la majorité des sommes promises. Aucun des autres États qui s'étaient engagés à aider le Liban n'a tenu parole », a-t-il déploré.
Source de l'article l'Orient le Jour
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