Il arrive parfois qu’en entrant dans une librairie et que l’on jette un regard fureteur sur les étagères qui proposent des ouvrages aux thèmes hétéroclites, notre regard se pose sur un titre en particulier qui attire notre attention et que l’on découvre, par la même occasion, que l’auteur est loin d’être un inconnu dans l’univers de l’édition.
Le présent ouvrage que l’on conseille de posséder dans sa bibliothèque, très fouillé et riche en informations pluridisciplinaires et dont le fil conducteur est la sagesse proverbiale, est sans nul doute l’œuvre d’un chercheur dont l’érudition est le résultat de lectures et de références diverses dans le domaine de l’histoire des religions, celle de l’Antiquité des pays bordant la Méditerranée, des civilisations qui y naquirent pour disparaître comme elles étaient apparues dans ce brassage incessant et parfois source de partage fructueux entre les peuples des deux rives : « On exhume un truisme, en disant que la vingtaine de pays qui bordent la Méditerranée ont en partage un patrimoine naturel et culturel majeur.
Les trois monothéismes et les civilisations égyptienne, grecque, romaine et amazighe, entre autres, ont été un formidable socle spirituel, intellectuel et artistique sur lequel s’est construite ce que l’on pourrait appeler la Méditerranéité. Celle qui, à regarder de plus près, se lit dans les proverbes », peut-on lire en quatrième de couverture en guise de résumé sur ce qui a guidé les investigations, les recoupages et enfin l’écriture de l’ouvrage signé Youssef Nacib.
Ce dernier est Docteur ès Lettres de l’Université de Paris, directeur de l’Office des publications universitaires et maître de conférences à l’Université d’Alger. C’est l’une des personnalités algériennes qui écrit dans les deux langues, arabe et français, douée d’un sens de l’étude pertinent et d’une pensée alliant la science et la linguistique au carrefour des cultures, ayant particulièrement presque tout défriché sur le terrain de l’analyse anthropologique et ethnographique, la tradition orale, les chants religieux et la poésie mystique kabyle, y compris ce regard actuel sur l’anthropologie de la violence depuis le début des années 1980 à la fin des années 1990. L’ouvrage, qui présente une réflexion aussi bien théorique qu’empirique, est structuré en 15 chapitres qui offrent une synthèse avec tout ce que cela suppose comme lien et rapprochement à partir des proverbes antiques qui subsistent dans tout le pourtour de la Méditerranée ainsi que dans le Moyen-Age, les expressions répertoriées qui convergent vers des référents communs.
D’autres chapitres que l’on n’a pas souvent l’occasion de trouver dans d’autres livres concernent ledit proverbial et son rapport à la sagesse et à la femme et enfin ce que nous avons eu le plaisir de découvrir, c’est cette étude sur l’amitié dans le proverbe méditerranéen et son contraire dans l’expression proverbiale, qui concerne la ruse et l’argent, ou encore cette autre étude qui s’interroge sur la valeur du travail et celle de la culture dans le proverbe.
On peut même trouver des proverbes tirés de l’observation météorologique à travers un certain nombre de citations en langues berbère, française, arabe : « Le proverbe habite tous les continents et toutes les civilisations. On le retrouve en Extrême-Orient, en Russie, en Inde, dans le monde arabo-musulman, en Europe, dans l’Amérique précolombienne aussi bien que dans les Amériques postcoloniales, et bien entendu dans le monde méditerranéen.» JJ. Schmidt pense qu’il est une manifestation de l’intelligence et de la sagesse humaines. «La sagesse, le bon sens, la vie et la mort, écrit-il… Les peuples les sociétés, les cultures ont toujours eu recours à des paroles des sages et à des dictons pour traduire leur vécu. Par-delà les différences de nationalité, d’époques ou de modes de vie, on est frappé par la similitude de ces messages. C’est que l’aventure humaine débouche sur les mêmes constats et que l’existence sécrète les mêmes enseignements », peut-on relever en page 53.
Par Lynda Graba - Source de l'article Elmoudjahid
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire