Cinq frégates militaires de premier rang vont partir en Méditerranée au large des côtes libyennes avec l’objectif de s’opposer aux réseaux de passeurs qui précipitent des migrants sur des bateaux de fortune en direction de l’Europe.
A l’issue de la conférence de « génération de forces » qui s’est tenue à Bruxelles mercredi 16 septembre, les Européens ont décidé de monter d’un cran leur engagement dans l’opération EUNAVFOR-Med : l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni vont envoyer des navires de guerre supplémentaires, l’Italie maintenant sur zone son porte-aéronefs déjà en place.
Ces moyens lourds – la frégate française Courbet qui devrait bientôt quitter Toulon avec un hélicoptère, sera appuyée en cas de besoin par des forces spéciales – permettent de concrétiser la « phase deux » de l’opération européenne. Après une phase de renseignement, il avait été décidé d’occuper la haute mer. La décision de principe a été prise le 14 septembre par les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne. Un Conseil européen doit avaliser officiellement cette étape début octobre. La dernière phase aura pour objectif de frapper les bateaux des passeurs, jusqu’à terre en Libye.
Il s’agit pour les marins européens de se tenir prêts, car l’action de vive force n’est pas possible dans l’immédiat. En effet, les autorités libyennes reconnues par la communauté internationale se sont jusqu’alors opposées aux prolongements coercitifs de l’opération navale dans leurs eaux territoriales. Et en juin, le projet porté par les Européens d’une résolution sous chapitre VII, qui autorise l’usage de la force, n’avait pas pu être soumis au vote à l’ONU faute de consensus. La résolution permettrait aussi d’agir dans les eaux libyennes.
Dérouter, mais pas détruire
Les frégates risquent donc bien de quitter leur port d’attache sans cadre légal pour agir efficacement. Dans les eaux internationales, elles ne pourront intervenir que dans le cadre de l’article 110 de la Convention de Montego Bay, qui permet de monter à bord de bateaux en cas de soupçon de piraterie ou de « transport d’esclaves ». Un droit de visite qui permet de dérouter, mais non de détruire les bateaux des passeurs.
Une autre difficulté se présente. Les bateaux de migrants pourraient bien emprunter d’autres routes. Celles-ci se déplacent à l’est. Selon de toutes récentes informations, un transport de migrants est parti d’Egypte, du port d’Alexandrie. Par ailleurs, avec l’approche de l’hiver, les flux vont se tarir, comme le constatent chaque année les militaires qui croisent dans les eaux méditerranéennes.
Par Nathalie Guibert - Source de l'article Le Monde
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