Pour les spécialistes, il faut s'adapter rapidement. Sujet central à la 7e fête de la biodiversité à Montpellier les 25 et 26 septembre.
Même les assureurs en ont des suées. L'un des plus importants, Generali, vient de constituer une équipe pluridisciplinaire incluant statisticiens, géographes, climatologues, etc.
Le but : limiter le risque lié au changement climatique au plus près de l'assuré. C'est le message que délivrera Laurent Boissier àMontpellier le 26 septembre lors de tables rondes organisées par France nature environnement qui a baptisé l'événement Refaisons le climat. Ce Gardois a été recruté il y a six mois par Generali, qui compte six millions de clients.
Le niveau de la mer monte
La démarche est inédite : "Le niveau de la Méditerranée pourrait augmenter d'un mètre en un siècle selon une étude de la Nasa avec quelque 100 000 logements concernés dans la région. C'est considérable, confie Laurent Boissier. Mais on ne sait pas l'impact que cela peut avoir localement ni la fréquence des événements de plus en plus extrêmes. Ni quelles seront les surfaces touchées ; quel accompagnement et quelles préventions et assistance on peut imaginer. On est devant un ensemble de défis."
Ces idées qui économisent l’eau
Forte d’un épais bilan de connaissances, l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse a lancé un plan d’adaptation au changement climatique que cinq présidents de région viennent de signer dont celui du Languedoc-Roussillon. « Il n’y a plus d’incertitudes quant aux conséquences du changement climatique », confie Laurent Roy. Le directeur général de l’Agence de l’eau ajoute : « Ce diagnostic nous permet, avec les collectivités, de mener des actions très concrètes. Au printemps, nous avons par exemple lancé un appel à projets pour accompagner des collectivités qui veulent réduire les fuites d’eau dans leur réseau. »
Réutiliser les eaux traitées
Émergent des initiatives inédites comme la réutilisation des eaux usées. Pionnier, le golf de Spérone en Corse sera entretenu prochainement de cette manière. Agde a, de la même manière, déposé un dossier pour réutiliser les eaux usées de sa station d’épuration pour arroser ses espaces verts au lieu de les rejeter dans les cours d’eau et soulager ainsi les prélèvements dans les nappes. Autre expérience pilote, Irrialt’o, menée par l’Inra, l’Agence de l’Eau, Véolia et l’Agglo du Grand Narbonne, vise à réutiliser les eaux, traitées cette fois, pour irriguer la vigne qui souffre du réchauffement. « Nous avons l’ambition de soutenir ainsi financièrement tous les projets expérimentaux qui nous seront soumis », précise Laurent Roy. « L’Agence de l’eau, qui dispose de 700 M€ de budget, n’a pas sanctuarisé d’enveloppe précise pour ces projets. Mais chaque ligne du budget peut être mobilisée. »
“Smart-irrigation” et arrosage programmé
Michel Deblaize, délégué régional de l’Agence de l’Eau, précise : « Nous avons lancé, avec succès, trois appels d’offres en huit ans. » Exemples : l’Agence a aidé à hauteur de plusieurs millions d’euros l’agglo de Nîmes Métropole pour refaire son réseau qui perdait 40 % de l’eau transportée. La commune du Grau-du-Roi, elle, a revu toute la gestion de ses plantations en développant la “smart-irrigation” : arrosage programmé, conduites moins fuyardes... « La SNCF a aussi présenté un dossier pour la gestion de l’eau dans ses principales gares », précise Michel Deblaize.
"Anticiper sur le problème des futurs réfugiés climatiques" Jean-Paul Salasse, coprésident des Écologistes de l'Euzière
Avec une "petite révolution" espérée : "S'appuyer sur des mesures de prévention à inventer. Et ainsi éviter d'augmenter la prime aux particuliers." Sacré défi. Une foule de rapports des plus grands instituts sur le réchauffement climatique se succèdent. Tous disent la même chose. Serge Planton, chercheur à Météo France, résume : "Quoi que l'on fasse aujourd'hui, le réchauffement est à l'œuvre dans toutes les régions françaises : il faut s'attendre à 1°C de plus sur 50 ans et à un mètre d'élévation des mers du globe d'ici 2100. Les scénarios d'aggravation, plus ou moins pessimistes, dépendent des futures émissions de gaz à effet de serre..."
Intempéries : le réchauffement est en marche
Auteur d'une étude récente, Robert Vautard, du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement au CNRS, abonde : "Il faut rester prudent car les paramètres sont très nombreux. Mais les pluies extrêmes, que l'on peut replacer dans le contexte exceptionnel des événements de l'automne 2014 dans la région, confirment que le réchauffement est à l'œuvre. Les maxima de pluies intenses en Cévennes - les plus fortes d'Europe : il peut y tomber en un jour l'équivalent d'une année de pluie à Paris - sont en hausse significative depuis un demi-siècle. Cela pourrait être lié à la hausse des températures. Mais, sur plusieurs décennies, on ne voit pas d'augmentation du nombre d'événements." De leur virulence, en revanche, oui : "A l'automne 2014, le Vidourle est monté de cinq mètres en une demi-heure", rappelle le scientifique. "Hot spot" du réchauffement, la Méditerranée, en s'évaporant de plus en plus, joue un rôle majeur.
"On perd ainsi un mètre de plage en moyenne chaque année"
Coprésident des Écologistes de l'Euzière, Jean-Paul Salasse lance : "Dans notre région, les bouleversements seront essentiellement concentrés sur le littoral fait de côtes basses sableuses extraordinairement vulnérables. La Méditerranée se réchauffe et - c'est de la physique - monte. Il y a des disparités mais on perd ainsi un mètre de plage en moyenne chaque année. L'évaporation de l'eau devient considérable notamment à l'automne et aux équinoxes ; les épisodes cévenols sont de plus en plus considérables ; les périodes de sécheresses de plus en plus longues et des pluies diluviennes s'abattent sur des sols desséchés. Bref, il faut s'adapter." Poser, comme à Sète, des boudins géotextiles géants, sous l'œil bienveillant des instances européennes, reculer le trait de côte et déplacer des routes n'est pas généralisable. Question de coût. Question de prise de conscience.
Littoral en danger
"Il a fallu 20 ans après la tempête centennale de novembre 1982 pour que le lido de Sète à Marseillan soit traité. Problème : les choses s'aggravent et il n'est pas sûr que la nature nous laisse encore 20 ans de plus pour traiter des situations aiguës comme à Leucate, Le Barcarès, Canet, Argelès, Vias, etc. Sur les cartes des spécialistes européens, notre littoral est d'ailleurs classé rouge". En danger. "Si demain, s'alarme Jean-Paul Salasse, on a une tempête comme celle de 1982, on aurait des dizaines de morts. Il faut anticiper sur le problème des futurs réfugiés climatiques. On n'a pas le calendrier précis mais on sait que ça arrivera..."
Par olivier Schlama - Source de l'article Midilibre
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