De plus en plus de médecins quittent la Tunisie, la situation de la santé publique inquiète


Le secrétaire général sortant du syndicat national des médecins, pharmaciens et dentistes de la santé publique Sami Souihli a affirmé mardi, en marge du congré du syndicat, que de nombreux médecins continuent de quitter le pays.

Déplorant des conditions de travail difficile, il remarque que de plus en plus de jeunes médecins choisissent d’aller en Europe, principalement vers la France et l’Allemagne: “Nous faisons face à une grande hémorragie” s’est-il alarmé.


Affirmant avoir alerté les autorités depuis des années, il appelle à l’amélioration des conditions de travail mais aussi à accorder de meilleurs salaires aux médecins: “La situation financière des médecins est comique (...) Ce n’est pas une demande pour satisfaire les médecins seulement, mais pour préserver le secteur de la santé publique” a-t-il estimé.

“J’ai peur qu’arrive bientôt le jour où le citoyen ne trouvera pas de médecin pour le soigner. Cela fait plus de deux ans, qu’il n’y a pas eu de recrutements alors que les médecins quittent le pays” regrette Sami Souihli.


Selon lui, tous ces éléments contribuent à enfoncer encore plus le secteur dans la crise d’autant plus qu’il existe “un grand manque au niveau des ressources humaines” dans les hôpitaux publics, estimant ce manque à 1500 médecins.

Invité à s’exprimer le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi a affirmé que depuis le début de l’année 2018, 630 médecins ont quitté le pays et “914 autres le quitteront en 2019 selon les estimations”. 

“D’ici 2022, ce sera près de 2700 médecins” qui quitteront le pays a-t-il prédit.

45% des nouveaux médecins, inscrits à l’Ordre en 2017, ont quitté la Tunisie. C’est ce qu’avait annoncé, Nezih Zghal, secrétaire général de l’Ordre national des médecins, sur les ondes de RTCI en janvier 2018.

Ce chiffre a plus que quadruplé au cours des cinq dernières années. “En 2012, le taux de médecins ayant quitté le pays frôlait les 9%” a-t-il regretté en précisant qu’une flexion a été observée à partir de 2014 pour monter en flèche récemment.

Les médecins ne sont pas les seuls à avoir choisi de quitter le pays pour trouver de nouvelles opportunités ailleurs. Selon une étude publiée en janvier 2018 par l’Union des professeurs universitaires chercheurs tunisiens, 4 mille enseignants universitaires ont émigré à l’étranger et 80% comptent aussi quitter le pays et ce, selon les statistiques de l’institut tunisien des études stratégiques.

Selon le rapport arabe sur le savoir (2009) basé sur l’indicateur de migration des cerveaux de la Banque Mondiale, la Tunisie se classe au premier rang des pays “expulseurs de compétences”, juste après la Syrie qui arrive en tête.

L’OCDE avait estimé pour sa part qu’entre 2011 et 2017, 94.000 Tunisiens ont quitté la Tunisie vers l’Europe.

Conscient de l’ampleur du phénomène, le Chef du gouvernement Youssef Chahed a annoncé la mise en place d’une stratégie globale pour attirer les compétences tunisiennes à l’étranger et les associer à l’œuvre de développement et de modernisation du pays.

Source de l'article Huffpostmaghreb

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