Djerba : le tourisme méditerranéen à la recherche du second souffle

C'est assurément l'une des régions touristiques les plus importantes du monde.

Avec plus de 306 millions d'arrivées enregistrées en 2011, les 29 pays qui bordent la « belle bleue » peuvent même se targuer d'accueillir prés d'un tiers du volume touristique mondial... et de générer un volume de recettes de 215 milliards d'euros.


Mais que l'on ne s'y trompe pas. Frédéric Pierret, le directeur exécutif de l'OMT qui intervenait lors de la séance d'ouverture, l'a rappelé fort à propos : ce sont surtout les pays de la rive nord, pays de surcroît dotés d'une économie dite avancée, qui bénéficient d'une bonne part du gâteau !      
Frédéric Pierret, directeur exécutif de l'OMT, se veut optimiste mais fixe le cap (photo JB/TourMag.com)    
Pour les autres, ceux de la rive sud, aux économies émergentes, les temps sont plus difficiles et les perspectives plus délicates...

Si d'un point de vue purement statistique, la croissance du tourisme est supérieure ici à la moyenne mondiale, le printemps arabe conjugué à la crise économique a plombé le secteur l'an dernier, particulièrement, on le sait, en Tunisie et en Egypte.    
 
Le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres...
 
Elyes Fakhfakh, Ministre tunisien du Tourisme, a donc sans plus tarder planté le décor lors de son allocution de bienvenue.

« Une telle situation nous impose la nécessité de nous entendre sur une stratégie à mettre en oeuvre pour soutenir la relance du tourisme méditerranéen mais aussi pour doter ce secteur aussi vital -au double plan économique et social- d'une plus grande capacité à se transformer et à résister aux difficultés. »

Durant quarante huit heures, experts, institutionnels et politiques vont donc plancher sur la question dans le grand amphithéâtre du Casino de Djerba portant le nom d'Enrico Macias.

Pas sûr que le refrain d' « Enfants de tous pays » incite pour autant les participants à se donner la main sans plus y regarder. Les allocutions de Smaïl Mimoune, ministre algérien du tourisme, ou de son alter-égo turc, Ertugrul Günay, ont fixé les limites propres à ces grandes messes.

Le discours de M.Mimoune recelait de conseils à ses « frères tunisiens », conseils qui, pour beaucoup, avaient quelque chose de surnaturel lorsque l'on connait la situation du secteur en Algérie...

Celui de M.Günay, insistait longuement sur la réussite de son pays, lequel a de fait enregistré en 2011 quelques 9,8 % de hausse de fréquentation... grâce aux reports consécutifs aux problèmes rencontrés par les Tunisiens.

Le couplet est bien connu: le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres...    
 
Des opportunités et des pistes de réflexion
 
Les interventions successives de Taleb Rifai, le secrétaire général de l'OMT, puis de Frédéric Pierret, auront ramené un peu de crédibilité aux débats.

De concert les deux hommes ont évoqué les challenges, pointé les opportunités et proposé des pistes de réflexion pour les pays d'Afrique du nord et du Proche Orient concernés.

Diversifier les produits, démarcher les nouveaux marchés émergents, se positionner comme moteur du développement durable, construire une stratégie de développement à long terme et travailler le tourisme domestique et intra-régional.

Le crédo de M.Pierret a d'autant plus marquer les esprits à Djerba qu'il s'accompagnait d'un pronostic très favorable. « La crise que vous rencontrez ne durera pas ! La reprise a toujours été systématique après des évènements politiques ou des catastrophes naturelles... »

Pour la Tunisie, le directeur exécutif de l'OMT a tout de même accompagné sa prévision de quelques conseils à l'adresse du premier ministre, Hamadi Jebali, de son gouvernement et du ministre du tourisme, Elyes Fakhfakh.

Selon lui le salut passe par une diminution des carcans réglementaires, un retrait progressif de l'Etat de la gestion directe du tourisme et par la décentralisation des responsabilités en matière de diversification des produits.

Toutes choses qui iront de pair avec les avancées que l'apprentissage de la démocratie va induire.

Lors d'un rapide point presse et répondant à une question de TourMaG.com, le premier ministre tunisien a ainsi annoncé l'instauration d'un nouveau régime d'accès au foncier pour les investisseurs.

« Nous allons faire des réformes structurelles sur les lois d'investissement, mais d'ores et déjà nous mettons en place des correctifs. Il en va de même pour l'administration, les banques... » nous a confié Hamadi Jebali.
Jean BEVERAGGI à Djerba - Tourmag
Source de l'article Tourmag

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