“La
Méditerranée de demain : Enjeux et Défis” est le thème choisi cette année pour
la quinzième édition du Forum International de Réalités.
Ce
forum qui se veut un des rendez-vous annuels de décryptage de la situation de
la Méditerranée, intervient dans un contexte régional marqué par le printemps
arabe et la crise des économies de la zone euro, principaux partenaires des
pays de la Méditerranée du Sud. Politiciens.
Economistes,
financiers et chefs d'entreprise passeront au crible les tenants et les
aboutissants de ce contexte très particulier. Les analystes focaliseront sur
l'évolution des rapports Nord-Sud du pourtour méditerranéen, la photographie de
la montée des risques dans la région et l'identification de nouveaux modèles de
croissance et de sécurité. Durant trois jours la société civile des deux rives
de la “mare nostrum” est appelée à débattre, en toute liberté, sur des
questions qui seront déterminantes pour notre avenir.
Le
but du forum comme l’a précisé Taieb Zahar Président du Forum est d’identifier,
avec des personnalités du monde politique et économique ainsi que des
représentants d’institutions et d’organismes internationaux et académiques,
quels sont les défis politiques et économiques à relever pour l’avenir de la
région « Ce forum est une occasion de réfléchir dans sa session de l’année
dernière sur le moment révolutionnaire.
Depuis
notre dernière rencontre, la scène politique et économique dans le Monde arabe
a connu d’importants développements. En effet, la Tunisie, l’Egypte et le Maroc
ont organisé des élections qui ont amené au pouvoir de nouvelles majorités
politiques dominées par les islamistes. En Libye, le régime de Kadhafi est
finalement tombé avec l’appui de l’OTAN après une guerre fratricide. La Syrie
connaît un renforcement de la répression du régime contre la population dont la
mobilisation n’a pas faibli. Aussi, sur le plan économique la période
post-révolutionnaire est-elle marquée par la volonté de relancer la croissance
et de sortir de la dépression qui a marqué l’année 2011.
Mais,
cette relance paraît difficile et la crise européenne la rend encore plus
incertaine. Cette situation est d’autant plus préoccupante par les
revendications sociales qui ont été à l’origine des révolutions et qui n’ont
toujours pas été satisfaites ont engendré d’importantes mobilisations sociales
qui pèsent de tout leur poids sur les économies.
L’objectif
du Forum cette année est de faire le point sur la Méditerranée
post-révolutionnaire. Il s’agit pour nous de mieux analyser et comprendre les
tendances en cours dans les domaines politiques et économiques.
Le
Forum cherchera dans une perspective d’avenir à identifier les politiques et
les instruments capables de renforcer les démocraties naissantes et de faire en
sorte que le choix de la liberté soit irréversible. Il s’agit aussi de prévoir
les moyens qui permettent à la Méditerranée de venir en aide aux changements en
cours et de contribuer au renforcement des choix démocratiques.
Lors
de cette session, on donnera ce matin une attention particulière à la question
du commerce illicite et de la corruption qui ont été au cœur par le passé du
système de racket et des modèles économiques des dictatures. Ce thème inaugure
également un partenariat important avec la Fondation Waito qui s’occupe
particulièrement de ces questions et aide les pays à y faire face »
La Méditerranée et les transitions politiques
Ce
forum se veut comme l’a précisé Zyed Krichen directeur de la rédaction du
journal le Maghreb un des rendez-vous annuels de décryptage de la situation de
la Méditerranée et il intervient dans un contexte régional marqué par le
printemps arabe et la crise des économies de la zone euro, principaux
partenaires des pays de la Méditerranée du Sud.
«
La question qui se pose. Ces changements sont –ils porteurs d’espoir ou de
crainte pour les pays arabes ? Que pensent les méditerranéens de ce changement
? Le Nord a-t-il peur de ce qui se passe dans le Sud ? Un premier bilan du
printemps arabe, de ses conséquences et des défis à relever est d'ailleurs
attendu. Pour le ministre plénipotentiaire italien Maurizio Massari, « Ce
printemps arabe a surpris l’occident car le monde arabe n’est pas habitué à la démocratie.
Il était incapable de s’ouvrir sur les valeurs de liberté et de démocratie qui
constituent aujourd’hui la conscience globale ou le temps du monde.
Certains
pays s'en sont mieux sortis que d'autres. Si je prends l'exemple du Maroc, les
élections se sont bien passées et la réforme de la gouvernance est en marche.
Alors que pour des pays comme la Libye et l’Egypte, nous ne voyons pas encore
d'issue favorable aux tensions. La structure politique tarde à voir le jour
alors que la complexité sociale rend la transition difficile en Egypte. On
parle déjà d’un hiver arabe.
Toutefois
ceci n’empêche pas de soutenir ces démocraties naissantes. Il ne faut pas
oublier que d’autres révolutions ont mis des siècles pour achever leur
transition démocratique. Du côté du Vieux continent, la crise de l'euro a
changé la donne et certains pays de la rive sud commencent d'ores et déjà à
douter du soutien promis aux démocraties naissantes de ce côté. » Il s’agit
donc de mieux analyser et comprendre les prochains défis a estimé M Massari «
le premier défi est d’ordre économique. Il faudrait relancer la croissance et
créer l’emploi. Cette relance paraît difficile.
Un
défi moral se pose aujourd’hui c'est-à-dire la bonne gouvernance, la lutte
contre la corruption, l’établissement de règles de jeu politique et la réussite
de la justice transitionnelle. L’occident et notamment l’Europe doit aider
cette transition démocratique. C’est vrai que ce n’est pas facile et là elle
est appelée à respecter la souveraineté des pays en transition.
Pas
d’ingérence mais d’offrir des moyens qui permettent à l’Europe de venir en aide
aux changements en cours et contribuer au renforcement des choix démocratiques.
Un troisième défi d’ordre social. C’est trouver une solution à l’échelle
européenne à l’émigration. Ceci exige une vraie solidarité Nord-Sud. Et les
objectifs doivent être à court terme en vue consolider ces rapports
euro-méditerranéens. Il faudrait une nouvelle approche et une charte
définissant la relation entre les deux rives ».
L’expérience démocratique est-elle fragile ?
Si
ce printemps arabe est un immense espoir, il est également un immense défi :
toutes et tous se sont interrogés sur les conditions du succès de la transition
démocratique, sur les nécessités économiques et sociales, sur les perspectives
pour la démocratie et la paix dans la région et sur les enjeux sur le rôle de
l’occident.
Mais
cette expérience démocratique en cours se heurte à plusieurs problèmes
particulièrement en Egypte et en Libye a précisé Hatem Ben Salem diplomate et
homme politique « On ne peut que noter la fragilité du processus démocratique
durant cette période cruciale.
Trois
constats à relever. Le premier constat est que dans les Etats précurseurs du
printemps arabe, la période de transition politique évolue de plus en plus au
sein d’un processus que j’appellerais ‘’déconstruction nationale’’ L’ordre
social et politique et l’autorité du pouvoir sont remis en cause en,
permanence.
Les
gouvernements en transition n’ont pas saisi les dangers de cette stratégie de
déstabilisation de l’autorité publique. On assiste finalement à désacralisation
et à la dépossession de l’Etat, cette puissance supérieure d’action et de
commandement.
Le
mode de scrutin par exemple a faussé le jeu politique et démocratique. L’avenir
du processus démocratique devient l’otage de forces déstructurées. Le deuxième
constat concerne le paysage politique avec cet air de liberté et cette éclosion
de nouvelles forces politiques signe, de vitalité et de maturité des peuples.
Il faut renforcer ce processus de transition qui a contribué au développement
d’autres modèles de société.
Cette
transition est conjoncturelle et sera appelée à évoluer avec la recomposition
du paysage politique. Les sociétés civiles plus présentes auront un rôle à
jouer dans l’instauration de la culture démocratique au niveau de toutes les
couches sociales. Le rôle des ONG et des médias fait que la politique sera
capable d’évoluer dans l’avenir avec plus de transparence.
Le
troisième constat c’est l’émergence de certains acteurs internationaux qui
veulent imposer leur idéologie. » Bref comme l’ont précisé certains
intervenants le printemps arabe a permis de redéfinir les relations des Etats
arabes avec l’Occident. Il a rompu le pacte du silence entre les régimes déchus
et les capitales occidentales et a initié une nouvelle dynamique des rapports
qui devraient être plus sains et plus équilibrés. Les démocraties occidentales
ont tout intérêt à s'atteler sans attendre à ce qu'elles auraient dû faire
depuis longtemps : partout où cela est possible, et notamment dans les pays les
plus stratégiques, soutenir les forces politiques porteuses du combat pour les
libertés et promouvoir le développement et la modernisation économique et
sociale.
Par
Kamel Bouaouina
Source
de l’article Journal Le Temps
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