Les subventions sur les produits énergétiques dans les pays arabes sont coûteuses et inefficaces mais il est politiquement risqué de les remettre en cause après le Printemps arabe, selon un rapport de l'ONU.
Le monde arabe est une des régions qui subventionne le plus le secteur énergétique. Ainsi, souligne ce rapport du Programme des Nations unies pour le développement, «les habitants du Koweit, de l'Arabie saoudite et du Qatar paient moins du tiers des prix mondiaux pour leur carburant et leur électricité».
La facture est colossale : 4,15 milliards de dollars au Qatar, 10,59 milliards en Algérie, 20,28 milliards en Egypte (soit 9,3% du PIB égyptien), 43,52 milliards en Arabie Saoudite (chiffres pour 2010 de l'Agence internationale de l'énergie). «Protéger les ménages les plus défavorisés de la hausse des prix du pétrole est une des principales justifications des subventions», selon le rapport. Mais elles profitent en fait davantage aux hauts revenus qu'aux plus faibles.
En Egypte, les 20% de ménages les plus fortunés captent 33% des subventions contre 3,8% pour les ménages les moins favorisés. Si on prend en compte uniquement l'essence, 93% des subventions profitent aux plus riches.
Les subventions ont, aussi, des effets pervers sur l'économie. Elles poussent à la sur-consommation : de 1980 à 2008, la consommation d'énergie a triplé, faisant de cette région la plus énergivore après l'Asie. Elles freinent les investissements dans les énergies renouvelables et les technologies plus efficaces et monopolisent des ressources budgétaires.
Ainsi, en 2008 le coût des subventions en Egypte, Jordanie ou Syrie a égalé ou dépassé les budgets consacrés à l'éducation et à la santé. Les subventions «sont un instrument coûteux et inefficace pour protéger les pauvres dans le monde arabe», conclut le rapport.
Une étude de la Banque mondiale montre que «redistribuer également à toute la population la moitié des économies budgétaires réalisées en supprimant les subventions réduirait davantage la pauvreté que maintenir le statu quo». C'est cette redistribution qu'ont tenté des pays comme la Jordanie (depuis 2005), la Syrie (depuis 2008) ou encore l'Iran (depuis 2010) mais «le climat politique résultant du Printemps arabe rend ces réformes plus difficiles pour les gouvernements».
En janvier 2011, Amman a fait machine arrière et l'instabilité politique dans l'Egypte post-Moubarak «devrait aussi retarder une nécessaire réforme des prix de l'énergie», prévoient les auteurs du rapport: en 2011-2012, les subventions égyptiennes ont bondi de 40%, à 16 milliards de dollars.
AFP & LeMatin
Source de l'article LeMatin
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