La Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) a publié son Rapport sur l’investissement dans le monde le 24 Juin 2015 (World Investment Report - Reforming International Investment Governance).
En lien avec la tendance mondiale de -16% en 2014 à 1,23 trillion d'USD, les 11 pays méditerranéens actuellement suivis par ANIMA connaissent une baisse des Investissements Directs Etrangers : -18,7% d'IDE en 2014, passant de 40,934 billions d'USD en 2013 à 34,494 billions d'USD pour 2014 (soit une chute de 6,44 billions d'USD). Ce déclin est principalement du à la chute des flux d'IDE entrants en Israël et, dans une moindre mesure, aux baisses en Algérie et en Lybie.
Tendance globale
Après une bonne année 2013, les flux d'Investissements Directs Etrangers (IDE) déclinent de 16% en 2014 pour atteindre 1,23 trillion d'USD, principalement à cause de la fragilité de l'économie mondiale, des incertitudes politiques pour les investisseurs et du niveau élevé de risque géopolitique.
Néanmoins, les flux entrants d'IDE au sein des pays en développement atteignent un niveau record à 681 billions d'USD (+2%). Les pays en développement continuent d'attirer deux-tiers des annonces de nouveaux projets d'investissement (announced greenfield FDI projects). La reprise est annoncée pour 2015 et au-delà : le niveau mondial d'IDE devrait atteindre 1,4 trillion d'USD en 2015 (+11%), 1,5 trillion d'USD en 2016 et 1,7 trillion d'USD en 2017.
Dans le domaine juridique, selon le référencement de la CNUCED, 37 pays ont adopté 63 réformes impactants les investissements étrangers. 47 d'entre eux concernent la libéralisation, la facilitation et la promotion des investissements (amélioration des conditions d'établissement et réduction des restrictions).
Alors que la perception du monde des affaires varie en fonction des régions, les PDG d'Afrique et du Moyen-Orient affichent un optimisme certain concernant les perspectives d'IDE : 67% d'entre eux pensent que le niveau mondial d'IDE mondiaux va croitre au moins jusqu'en 2017.
Afrique du Nord
Les pays d'Afrique du Nord voient leur niveau d'IDE entrant baisser de 15% à 11,5 billions d'USD. Les stock d'IDE entrants (inward FDI stock) montre une prédominance du secteur tertiaire (61% dont deux-tiers pour la finance, les transports, le stockage et la communication). Le secteur secondaire représente 27% et le secteur primaire seulement 4% (7% d'investissements non-spécifiés).
Le Maroc connait une augmentation notable des flux d'IDE entrants à 3,59 billions d'USD (+8,6% entre 2013 et 2014). Les services représentent 61% du stock d'IDE : le Royaume s'affirme comme hub régional dans ce secteur. L'évantail des invitations offertes par la Casablanca Finance City a notamment incité plusieurs multinationales à y installer leur quartier général régional (BNP Paribas, AIG, Boston Consulting, Microsoft et Ford). Plusieurs facteurs permettent d'expliquer cette tendance : des investissements importants dans les infrasructures (notamment dans les technologies de l'information et de la communication), un niveau de formation solide et une stabilité politique certaine.
L'Egypte poursuit son redressement avec 4,78 billions d'USD (+12,4%), portée par les investissements pétroliers et les investissements dans les infrastructures. Le flux d'IDE entrants en Tunisie demeurent relativement stables (-5,4% à 1,1 billion d'USD). L'Algérie voit son niveau d'IDE quasiment divisé par deux, principalement à cause d'une chute de 87% des annonces de nouveaux projets d'investissement. Après une bonne reprise en 2013, la Libye attire seulement 50 millions d'USD en 2014.
Plus largement, l'investissement sectoriel en Afrique refléte l'importance persistante du tertiaire et du secondaire. 38% des nouveaux projets d'IDE en 2014 se concentrent dans l'industrie. Les services regroupent 60% des projets et 43% des capitaux. Les flux d'IDE intra-africains demeurent aussi préondérants: la part des nouveaux projets d'investissement intra-africain demeure similaire à celle de 2013, représentant 76% du total des nouveaux projets en terme de valeur et 68% en terme de nombre de projets. Les entreprises chinoises et indiennes continuent de se positionner, avec par exemple l'investissement important de Tata en Algérie. La montée en puissance des investisseurs non-historiques comme les Emirats Arabes Unies, et plus particulièrement Dubaï, constitue un élément à suivre pour le futur.
Moyen-Orient
Le Liban connait une bonne année 2014 avec une augmentation de 6,6% pour atteindre 3,07 billions d'USD. Les flux d'IDE en Jordanie demeurent stables (+0,74% à 1,76 billion d'USD) tout comme en Turquie (-1,7% à 12,1 billion d'USD). A contrario, la Palestine subit une baisse de 29,5% et attire uniquement 124 millions d'USD. Après une année 2013 solide, les flux d'IDE en Israël s'écroulent de 83,5% à 6,4 billions d'USD, principalement à cause d'une lourde baisse dans les nouveaux projets d'investissement et, dans une moindre mesure, à la réduction des opérations de fusions-acquistions transfrontalières. En Syrie, la situation économique demeure paralysée par l'instabilité politique, la guerre et les troubles géopolitiques.
Le déclin de la part de l'investissement privé dans le Produit Intérieur Brut (PIB) au Moyen-Orient a été largement contrebalancé par l'augmentation conséquent des investissements publics, notamment dans les infrastructures. Cette montée en puissance des Etats a eu un impact sur le mode d'engagement des entreprises étrangères. Les segments du secteur de la construction qui ont le plus bénéficiés de ces investissements publics (pétrole et gaz, transport) sont ceux comprenant une présence importante de co-contractants internationaux. Pour les investisseurs étrangers, ces modes d'investissements sans capitaux réduisent les risques associés à l'instabilité régionale.
Evolution des flux d'IDE entrants dans la région méditérranéenne depuis 2009 (million d'USD)
Source: WIR 2015
Politiques d'investissements
Alors que les allégements et autres incitations fiscales deviennent des éléments déterminants influençant l'attractivité d'un territoire auprès des investisseurs internationaux, la CNUCED affirme que la priorité politique doit s'orienter vers la lutte contre la fraude fiscale, dans l'optique de soutenir la mobilisation des ressources domestiques et d'encourager l'investissement productif. La CNUCED estime que la contribution des filiales des multinationales aux budgets des gouvernements des pays en développement représente approximativement 730 billions d'USD, soit environ 23% du total des contributions des entreprises aux budgets des Etats et 10% des revenus des gouvernements.
Les nouvelles mesures législatives sur l'investissement devraient avoir pour objectif d'exploiter les Accords Internationaux d'Investissement (IIA) pour un développement durable et inclusif en suivant des modèles de développement systémique et multi-niveaux. La CNUCED plaide en faveur d'une implication plus importante des investisseurs privés dans les secteurs et les industries liés au développement durable. Cette participation accrue est un facteur clé pour atteindre les objectifs de développement durable énoncés dans le rapport 2014 de la CNUCED, en particulier dans le développement des infrastructures, de la santé, de l'éducation et des activités visant à réduire le changement climatique.
Enfin, la CNUCED propose un plan d'action pour réformer le régime international de l'investissement avec 5 objectifs prioritaires :
- la conservation du droit à réguler
- la réforme du régime de règlement des différends liés à l'investissement
- la promotion et la facilitation de l'investissement
- le renforcement des investissements responsables
- l'amélioration de la cohérence des régimes des Accords Internationaux d'Investissement
Pour télécharger le rapport complet : UNCTAD WIR 2015 (en anglais seulement)
Source de l'article Animaweb
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