En 2009, le Maroc a adopté un plan de développement du secteur de l’énergie avant-gardiste en s’engageant à accroître la part des énergies renouvelables pour la porter à 42 % de la capacité nationale en 2020.
Aux yeux des autorités, la mise en place d’une politique d’atténuation du changement climatique, reposant sur l’introduction de technologies de production d’énergie propre, va contribuer au développement économique du pays.
Vivement préoccupées par la sécurité énergétique du Maroc et sa dépendance aux importations d’énergie, les autorités tablent aussi sur cette approche pour faire en sorte que le pays ne soit plus le plus grand importateur d’énergie du Moyen-Orient. Le Maroc gagne ainsi sur les deux tableaux : grâce à l’adoption de politiques respectueuses du climat, il va accroître sa sécurité énergétique et infléchir sa trajectoire de développement en réduisant son empreinte carbone sur la planète.
La Banque mondiale a appuyé cette ambition visionnaire par le biais du Projet de centrale solaire thermique à concentration de Ouarzazate I, dont le financement a été fourni à des conditions libérales par les Fonds d’investissement climatiques, au titre de leur programme de développement de l’énergie solaire concentrée au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Ces fonds sont venus couvrir une partie du coût de la première phase du complexe de Noor, soit l’installation de 160 mégawatts (MW) pour une puissance totale, à terme, de 500 MW. Cette centrale (baptisée « Noor I »), dont la construction a démarré le 12 juin 2013, a fait apparaître un déclin soutenu du coût de la technologie solaire, avec des montants inférieurs de 30 % environ aux premières estimations faites pour l’investissement initial. La centrale utilisera la technologie cylindro-parabolique : un collecteur formé de miroirs concaves concentre l’énergie solaire sur des tubes remplis d’un fluide caloporteur ; ce dernier crée de la vapeur qui alimente un turbogénérateur afin de produire de l’électricité.
L’assemblage du premier collecteur solaire a débuté en mars 2014 (voir photo), et l’exploitation commerciale est prévue fin 2015. Noor I repose sur un partenariat public-privé dans le cadre duquel un promoteur du secteur privé, choisi pour sa compétitivité, doit couvrir 20 % des coûts d’investissement, tout en veillant à la conception, au fonctionnement et à la maintenance de la centrale solaire dont il est le propriétaire. Les 80 % restants sont financés par le Groupe de la Banque mondiale et d’autres bailleurs de fonds, dans le cadre d’un mécanisme complexe fondé sur des opérations de financement de projets standard.
En dépit des crédits consentis, la production d’énergie de cette centrale solaire demeure plus coûteuse que le prix d’électricité distribuée par le réseau marocain, d’où la nécessité de recourir à des subventions publiques. Pour des raisons stratégiques, le gouvernement marocain subventionne actuellement Noor I et subventionnera, si nécessaire, les autres centrales qui seront par la suite construites sous l’égide du Plan solaire marocain. Outre les retombées positives sur la sécurité énergétique du Maroc et la lutte contre le changement climatique, le gouvernement entend inscrire son plan solaire dans le cadre d’une politique globale d’intégration industrielle vouée à développer le tissu industriel local et la compétitivité du pays, pour que le pays devienne le fer de lance régional des technologies et savoir-faire « verts ». Le Royaume du Maroc, déjà considéré comme un leader régional pour son action face au changement climatique, s’emploie à devenir la référence à suivre par les pays de la région en matière d’énergie solaire.
Par Fannu Missfeldt-Ringiuss - Source de l'article Blog Banque Mondiale
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire