En protestation contre l'adoption finale, lundi matin, par le Conseil de l'Union européenne (UE) des actes délégués formant réforme de la Politique Agricole Commune (PAC), les agriculteurs marocains ont organisé, mardi matin, une manifestation devant le siège de la délégation de l'UE à Rabat.
Les manifestants, appartenant à plusieurs associations professionnelles de fruits et légumes, ont estimé que la réforme de la PAC est contraire à l'accord d'Association entre le Maroc et l'UE, aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et même à celles régissant la douane communautaire.
Les professionnels du secteur ont émis des craintes sur l'impact désastreux qu'aurait ce nouveau régime sur les exportations marocaines notamment celles des tomates. Un membre de l'Association marocaine des producteurs et exportateurs de fruits et légumes a mis en garde contre les conséquences graves que pourraient subir les exportations agricoles marocaines après la modification des conditions d'accès au marché européen. Il a fait remarquer que cette situation provoquerait la perte de 100.000 à 150.000 emplois en raison de suspension de 70 % des exportations du Maroc de tomates et causera de grands préjudices aux exportations du concombre, de la courge et de clémentine.
Validée il y a une semaine par la Commission agriculture et développement rural au sein du Parlement européen, la réforme de la PAC, qui doit entrer en vigueur au cours du mois d'octobre prochain, instaure un changement des conditions d'accès des produits marocains sur le marché européen. Ainsi, le nouveau système adopté prévoit à ce titre, que les fruits et légumes seront dédouanés sur la base d'une valeur forfaitaire, sans recours à la valeur réelle des produits, ce qui impacterait négativement la compétitivité des produits marocains.
A titre d'exemple, un kilo de tomates exporté à 2 dirhams (DH) pourrait voir son prix grimper à 4 DH sur le marché de l'Union à cause de l'application de ce prix forfaitaire. Cette nouvelle mesure va provoquer l'éviction d'une grande partie des produits agricoles marocains, notamment les tomates, les concombres, la courgette et la clémentine.
Du côté du gouvernement marocain, l'on indique que cela constitue une réelle remise en cause des dispositions de l'accord agricole de 2012, qui vient à peine d'entrer en vigueur. Depuis cette date, le Maroc pouvait exporter 55% de ses produits sans droits de douane, contre 33% avant, et les exportations de l'UE vers le Maroc devront passer sur 10 ans à 70% sans droits. Les exportations marocaines vers l'Europe ont réalisé un bond, pour les tomates, de 163.000 tonnes en 2004 à 365.000 tonnes en 2013. Les tomates marocaines sont bien moins chères en raison du tarif de l'heure de travail (5 euros en Europe et 0,65 euros au Maroc).
Pour protester, le Maroc brandit la carte de la pêche maritime pour résoudre cette crise. "L'accord de pêche Maroc-UE n'est pas définitivement approuvé, et il prendra tout son temps pour cet effet", a averti Zakia Driouch, secrétaire générale du secteur de la pêche maritime au sein du ministère marocain de l'Agriculture et de la Pêche maritime.
Dans une déclaration aux médias, le porte-parole du Commissaire européen en charge de l'Agriculture et du développement durable, Roger Waite, se veut rassurant, assurant que les "préoccupations justifiées" de Rabat trouveront un écho. L'objectif de cette modification des prix d'entrée "n'est nullement d'entraver les exportations vers l'UE, mais de clarifier un régime qui a fait l'objet depuis longtemps de plusieurs critiques et qui ont fait craindre qu'il n'est pas correctement appliqué", a-t-il poursuivi. Pour discuter des préoccupations marocaines, le Directeur général de la Direction Agriculture de la Commission européenne, Jerzy Plewa, est attendu le 23 avril à Rabat.
Source de l'article CRI
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