L’Université euro-méditerranéenne de Fès (UEMF) et l'Institut des migrations internationales de l'Université d'Oxford (IMI) réunissent, du 22 au 24 mai, d’éminents chercheurs représentant dix pays européens et américains dans une conférence internationale autour de la thématique : «Migrations marocaines : Transformations, transitions et perspectives futures».
Les organisateurs proposent dans le cadre de ce workshop interdisciplinaire international de mettre la lumière sur l'évolution du paradigme du système migratoire du et vers le Maroc, et sa place d'interface entre les systèmes migratoires euro-méditerranéen et africain.
L’accent sera surtout mis sur le rôle du Maroc dans le système migratoire euroafricain ainsi que son statut migratoire en évolution depuis le début du XXIe siècle avec l’analyse de l’évolution de l’émigration maghrébine au cours des cinquante dernières années en se basant notamment sur les données du projet «DEMIG» de l’Institut des migrations internationales (Université d’Oxford).
Des données qui permettent, par ailleurs, d’introduire pour la première fois une dimension dynamique à l’analyse de l’émigration maghrébine et de retracer la création des diasporas marocaines, tunisiennes et algériennes au cours du temps et aujourd’hui la migration des compétences de haut niveau qui constitue l’une des principales formes de mutation du phénomène migratoire au Maroc et son impact important sur le développement scientifique, économique et social du pays. Il s’agit aussi de traiter la question de la crise économique mondiale qui a, d’une part, ralenti l’émigration marocaine vers l’Europe et permet sa mutation d’autre part, en un pays de destination pour les migrants d’Afrique subsaharienne, d’Europe et d’ailleurs.
La présence croissante d’immigrés sur le sol marocain confronte la société à des défis sociaux et à des questions juridiques caractéristiques d’un pays d’immigration et les dernières décisions prises par le Maroc en termes de politique migratoire confirment la prise de conscience officielle de ce changement de rôle. «L’objectif de la conférence de Fès est de lier les analyses empiriques de la migration marocaine aux théories générales de la migration afin de développer de nouvelles perspectives sur les processus migratoires et d’alimenter la littérature scientifique sur les migrations à partir des recherches sur la migration marocaine», expliquent les organisateurs. Il est surtout question de faire progresser la compréhension des changements passés et présents des migrations marocaines, ainsi que de déterminer les transformations sociales, économiques, culturelles, démographiques et politiques dans un sens plus large qui expliquerait ces tendances. Ainsi, au cœur de la conférence, on trouve entre autres, des interventions relatives aux migrations marocaines, la nouvelle approche migratoire du Maroc face, notamment, aux migrants irréguliers, aux aspirations et cultures migratoires, aux familles transnationales et à la dimension genre.
La question de la diaspora marocaine occupe aussi une place de choix dans les débats avec notamment l’accent sur les réseaux migratoires marocains qui se sont constitués au fil des ans, les politiques diasporiques marocaines et le poids de la conjoncture nationale et internationale dans le développement de la politique migratoire marocaine vis-à-vis des Marocains résidant à l’étranger.
À cela s’ajoute la question du renouveau de la migration européenne vers le Maroc et qui concerne essentiellement la migration des séniors européens au Maroc. Une problématique absente de l’agenda politique marocain et qui demeure peu connue sachant que le développement de ce phénomène tend à transformer de manière non négligente le paysage migratoire marocain.
Témoignage : Mostapha Bousmina, président de l’Université euro-méditerranéenne de Fès - «Le Maroc devient un pays d’accueil»
«L’Université euro-méditerranéenne de Fès se veut être une université régionale et une plateforme de dialogue, d’échange et de coopération entre les différentes civilisations et peuples de la région euroméditerranéenne. Cette région restreinte a connue un important flux migratoire et on constate, durant les dernières années, renversement du paradigme de l’émigration. Alors que Maroc était un réservoir qui alimentait l’immigration surtout en Europe, il devient aussi un pays d’accueil et cela démontre le développement d’un pays surtout que le Maroc vient d’une stratégie nationale et une initiative salutaire au niveau régional et qui justifie le choix par l’Université de ce thème important».
Par Rachida Bami - Source de l'article Le Matin
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