Si nous prenons le soin de rappeler en titre le slogan choisi par les 22 pays membres de notre réseau lors de la création d’ANIMA il y a exactement 6 ans, c’est que dans cette période de difficultés économiques que traverse la région, la tentation du repli fait son apparition.
En Europe, à l’opposé du discours politique de solidarité renforcée depuis les mouvements démocratiques manifestés au sud, certains commencent oublier l’interdépendance économique qui lie les deux rives de la Méditerranée, et avec elle l’héritage d’une longue histoire commune.
Ainsi les investissements européens au sud de la Méditerranée seraient destructeurs d’emplois au nord, et il faudrait rapatrier en Europe les activités délocalisées au sud de la Méditerranée. Adieu l’ambition du processus de Barcelone pour une zone de prospérité partagée! Nous disons le contraire. L’Union européenne a raison d’affirmer vouloir renforcer sa politique de voisinage à destination du sud de la Méditerranée, et doit continuer à soutenir des initiatives favorisant les investissements entre les différents pays de la zone Euromed. Une piqure de rappel à l’attention des européens s’impose, pour rétablir certaines vérités.
Contenir l’immigration économique et la fuite des cerveaux
En moyenne le PIB par habitant des 27 pays de l’Union européenne est toujours huit fois supérieur à celui des 11 pays sud-méditerranéens. C’est un des plus forts écarts au monde et c’est un fait, on produit moins cher au sud de la Méditerranée, et de plus en plus avec une qualité équivalente aux standards européens. En conséquence, ces pays attirent les entreprises à la recherche de compétitivité, qui y trouvent des sous-traitants, ou y investissent dans l’établissement d’activités industrielles ou de service.
Certes, cette activité générée par les entreprises européennes crée de l’emploi au sud. Mais cela contribue aussi à contenir une immigration économique en provenance du sud que l’Europe a de plus en plus de mal à intégrer, et une fuite des cerveaux vers le nord qui handicape le potentiel de développement économique au sud.
Contenir l’immigration économique et la fuite des cerveaux
En moyenne le PIB par habitant des 27 pays de l’Union européenne est toujours huit fois supérieur à celui des 11 pays sud-méditerranéens. C’est un des plus forts écarts au monde et c’est un fait, on produit moins cher au sud de la Méditerranée, et de plus en plus avec une qualité équivalente aux standards européens. En conséquence, ces pays attirent les entreprises à la recherche de compétitivité, qui y trouvent des sous-traitants, ou y investissent dans l’établissement d’activités industrielles ou de service.
Certes, cette activité générée par les entreprises européennes crée de l’emploi au sud. Mais cela contribue aussi à contenir une immigration économique en provenance du sud que l’Europe a de plus en plus de mal à intégrer, et une fuite des cerveaux vers le nord qui handicape le potentiel de développement économique au sud.
Conserver une position sur des marchés voisins en croissance
Près de 10% des exportations européennes vont au sud de la Méditerranée (principalement des produits manufacturés en Europe). L’Europe, qui est la première région d’origine des investissements du sud de la Méditerranée, pèse aussi pour un tiers dans leurs importations. Ainsi la création d’emploi au sud générée par la localisation d’activités européennes vient soutenir une consommation locale qui contribue entre autres à renforcer le chiffre d’affaires des entreprises européennes, donc à soutenir l’emploi en Europe.
En 2012, malgré la crise économique et la transition politique dans certains pays, le FMI estime que la croissance des pays MENA sera de 4,2%, tandis que celui de la zone euro sera de -0,3%. C’est donc une démarche de bon sens, et une des voies de salut pour le maintien de l’emploi en Europe, que d’inciter les entrepreneurs européens à aller saisir des opportunités sur ces marchés en croissance, qui consomment européen et sont situés à proximité, y compris en y investissant.
Renforcer la compétitivité des entreprises européennes
Peut-on pour autant affirmer que la localisation d’activité au sud détruit des emplois en Europe ? Une récente enquête menée en France par l’Université Paris Dauphine pour la société de conseil Pramex International (Groupe BPCE), auprès de 1172 industriels implantés à l’étranger, compare leurs performances à celles d’industriels « témoins » restés sur le territoire national. A l’encontre des idées reçues, les chercheurs estiment ainsi que les primo-investisseurs, c'est-à-dire les entreprises qui s’implantent à l’étranger pour la première fois, connaissent, durant les trois années qui suivent leur investissement, une croissance plus rapide de leurs ventes, leur valeur ajoutée, leurs effectifs et leurs exportations que les firmes qui décident de rester sur le territoire national. Cette étude donne encore plus de crédit aux initiatives qui favorisent l’internationalisation des start-ups et des PME.
Depuis 2010, les pays BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) sont devenus les seconds investisseurs au sud de la Méditerranée après les européens. Les européens ne doivent pas faire l’erreur de stigmatiser leurs entrepreneurs qui choisissent de se développer dans ces pays voisins. Ils s’inscrivent dans une dynamique naturelle, logique, et même historique, et participent à cette convergence économique tant recherchée entre les deux rives de la Méditerranée, qui seule est réellement porteuse d’apaisement, et de prospérité partagée.
Emmanuel Noutary - Délégué Général, ANIMA
Source de l'article Animaweb
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire