Les 8 et 9 juin, s’est tenue à Agadir une conférence-forum sur le tourisme et le changement climatique au Maroc et dans la région méditerranéenne. Organisé par le réseau de développement touristique rural du Maroc et l’université Ibn Zohr d’Agadir, l’événement avait pour objectif de sensibiliser les professionnels et les acteurs locaux à la question du changement climatique, et de replacer l’enjeu environnemental au cœur du débat sur l’avenir du tourisme régional.
Hassan Aboutayeb, directeur du réseau de développement touristique rural du Maroc, nous en explique les enjeux:
Vous avez organisé une conférence sur le tourisme face au changement climatique en Méditerranée. Pourquoi ce sujet vous semble-t-il important ?
Le changement climatique touche le monde entier, mais le Bassin méditerranéen est l’une des zones où l’impact sera le plus grand. Les effets négatifs se font déjà ressentir dans plusieurs pays de la région, dont le Maroc qui connaît depuis quelques années des variations de température et de pluviométrie. Dans ce contexte, l’industrie touristique doit mener des transformations structurelles visant à la fois à atténuer sa contribution au changement climatique et à adapter ses produits aux changements qui sont en train d’avoir lieu. Pour relever ce défi et trouver des solutions, le meilleur moyen est de confronter les connaissances scientifiques aux besoins des professionnels et aux attentes des visiteurs. L’objectif de la conférence était de favoriser le dialogue entre ces différents acteurs, et de leur rappeler qu’anticiper les changements est le meilleur moyen de ne pas les subir.
Agadir est un haut lieu du tourisme de masse. Selon vous, que symbolise cette destination dans le débat sur le changement climatique ?
Agadir a toujours misé sur son climat et sur le printemps éternel dans lequel baigne la région. Poursuivre la massification du tourisme balnéaire n’est plus une option souhaitable, car ce choix ne ferait qu’accentuer les pressions sur l’environnement. Dans l’arrière-pays, le patrimoine bâti, comme les maisons en pisé pluriséculaires, et les richesses naturelles, comme la biosphère d’Arganeraie, qui sert de rempart contre la désertification, sont mis en péril par les effets du changement climatique. Le tourisme devrait être diversifié, déconcentré, et mis au service de la préservation de ce patrimoine, suivant un processus d’harmonisation des pratiques touristiques avec le territoire et son évolution. C’est aux professionnels d’en prendre l’initiative. Plus ils seront nombreux à s’impliquer, plus l’État sera enclin à prendre les mesures d’accompagnement nécessaires au développement de ce tourisme alternatif.
Dans une situation de crise économique mondiale où les enjeux du court terme l’emportent, et où l’investissement se raréfie, comment maintenir l’enjeu climatique en priorité ?
Ne soyons pas faussement naïfs : même avant la crise, la prise de conscience était largement insuffisante. Les appels politiques en faveur du tourisme durable et responsable, comme la déclaration de Djerba de 2003, ont produit très peu d’effets sur la manière dont les professionnels conçoivent leur activité. Je ne veux pas croire que l’inaction générale soit justifiée par le coût de la durabilité. Pour les petites comme pour les grandes structures, le coût du non-durable est en fait bien plus grand. Chacun sait par exemple que la gestion environnementale des établissements est source d’économies considérables, car elle permet de réduire les consommations en eau et la facture énergétique. De même, les gains d’image réalisés auprès de la clientèle, bien qu’intangibles, s’avèrent profitables très rapidement. C’est là que réside la solution pour convaincre les professionnels de se responsabiliser : passer d’un argumentaire pro-environnemental, fondé sur la protection de la nature, à un argumentaire économique, vantant les profits à réaliser. Peu importe que le changement soit motivé ou non par une prise de conscience environnementale : vu la gravité de l’enjeu, la fin justifie les moyens.
Par Maxime Weigert - Chargé de recherches Ipemed
Vous avez organisé une conférence sur le tourisme face au changement climatique en Méditerranée. Pourquoi ce sujet vous semble-t-il important ?
Le changement climatique touche le monde entier, mais le Bassin méditerranéen est l’une des zones où l’impact sera le plus grand. Les effets négatifs se font déjà ressentir dans plusieurs pays de la région, dont le Maroc qui connaît depuis quelques années des variations de température et de pluviométrie. Dans ce contexte, l’industrie touristique doit mener des transformations structurelles visant à la fois à atténuer sa contribution au changement climatique et à adapter ses produits aux changements qui sont en train d’avoir lieu. Pour relever ce défi et trouver des solutions, le meilleur moyen est de confronter les connaissances scientifiques aux besoins des professionnels et aux attentes des visiteurs. L’objectif de la conférence était de favoriser le dialogue entre ces différents acteurs, et de leur rappeler qu’anticiper les changements est le meilleur moyen de ne pas les subir.
Agadir est un haut lieu du tourisme de masse. Selon vous, que symbolise cette destination dans le débat sur le changement climatique ?
Agadir a toujours misé sur son climat et sur le printemps éternel dans lequel baigne la région. Poursuivre la massification du tourisme balnéaire n’est plus une option souhaitable, car ce choix ne ferait qu’accentuer les pressions sur l’environnement. Dans l’arrière-pays, le patrimoine bâti, comme les maisons en pisé pluriséculaires, et les richesses naturelles, comme la biosphère d’Arganeraie, qui sert de rempart contre la désertification, sont mis en péril par les effets du changement climatique. Le tourisme devrait être diversifié, déconcentré, et mis au service de la préservation de ce patrimoine, suivant un processus d’harmonisation des pratiques touristiques avec le territoire et son évolution. C’est aux professionnels d’en prendre l’initiative. Plus ils seront nombreux à s’impliquer, plus l’État sera enclin à prendre les mesures d’accompagnement nécessaires au développement de ce tourisme alternatif.
Dans une situation de crise économique mondiale où les enjeux du court terme l’emportent, et où l’investissement se raréfie, comment maintenir l’enjeu climatique en priorité ?
Ne soyons pas faussement naïfs : même avant la crise, la prise de conscience était largement insuffisante. Les appels politiques en faveur du tourisme durable et responsable, comme la déclaration de Djerba de 2003, ont produit très peu d’effets sur la manière dont les professionnels conçoivent leur activité. Je ne veux pas croire que l’inaction générale soit justifiée par le coût de la durabilité. Pour les petites comme pour les grandes structures, le coût du non-durable est en fait bien plus grand. Chacun sait par exemple que la gestion environnementale des établissements est source d’économies considérables, car elle permet de réduire les consommations en eau et la facture énergétique. De même, les gains d’image réalisés auprès de la clientèle, bien qu’intangibles, s’avèrent profitables très rapidement. C’est là que réside la solution pour convaincre les professionnels de se responsabiliser : passer d’un argumentaire pro-environnemental, fondé sur la protection de la nature, à un argumentaire économique, vantant les profits à réaliser. Peu importe que le changement soit motivé ou non par une prise de conscience environnementale : vu la gravité de l’enjeu, la fin justifie les moyens.
Par Maxime Weigert - Chargé de recherches Ipemed
Source de l'article IPEMED
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