La hausse de la demande de services de cloud et de données stimule les investissements dans les nouvelles infrastructures technologiques au Maroc, le secteur public et le secteur privé étant bien déterminés à tirer parti de l’économie numérique.
Au mois d’octobre, N+One Datacenters, une société locale spécialisée dans les réseaux, l’hébergement, l’infogérance et le cloud, a ouvert son second data center sur un site d’une superficie d’un hectare situé à 80 km de Casablanca.
Ce centre, dont la construction a été chiffrée à 150 millions de dirhams (13,8 millions d’euros) a une capacité de 10 000 serveurs, et mise sur la hausse de la demande locale de services de stockage de données et d’hébergement dans le cloud, tout en préservant la souveraineté des données des secteurs public et privé.
La création de ce nouveau centre fait suite à l’ouverture en 2008 d’un site de N+One de 5 000 mètres carrés à Casablanca qui, à l’époque, était la première plate-forme technologique de ce type dans le Royaume.
La distance entre les deux centres et leur positionnement dans des zones sismiques différentes ont été retenus afin d’assurer la continuité des services de stockage et de sauvegarde en cas de difficultés techniques, et ainsi de renforcer l’infrastructure numérique du pays.
La première plate-forme de la société à Casablanca abrite par ailleurs CASIX, le premier point d’échange Internet neutre du Maroc. Ouvert l’an dernier, CASIX permet à de multiples fournisseurs de services Internet d’interconnecter leurs réseaux et de renforcer la connectivité nationale.
La hausse anticipée de la demande d’externalisation des services de cloud et de données pour les systèmes d’information des entreprises est telle que les dirigeants du groupe ont annoncé la mise en service d’un troisième data center, situé sur l’axe Kenitra-Casablanca, d’ici la fin de l’année.
Les compétences et l’innovation seront renforcées dans le cadre de la stratégie numérique
Ce nouvel investissement s’inscrit dans le cadre des efforts nationaux visant à accroître les compétences technologiques de la main d’œuvre nationale, et accélérer les capacités numériques du pays.
L’an dernier, le gouvernement a lancé le Plan Maroc Numeric 2020, une stratégie à moyen terme ayant pour objectifs premiers de numériser 50 % des procédures administratives de l’Etat dans un délai de quatre ans, et d’étendre la portée de l’économie numérique.
Pour atteindre ces objectifs, des fonds supplémentaires ont été débloqués pour financer les infrastructures Internet, et un soutien supplémentaire a été apporté à la culture numérique et aux programmes de formation informatique dans le système scolaire.
Par ailleurs, le gouvernement met actuellement en place un fonds pour l’innovation numérique, visant à financer les projets d’entrepreneuriat social, ainsi qu’une formation technique avancée afin de renforcer le bassin national d’ingénieurs et de techniciens. Il ambitionne ainsi de multiplier par 10 le nombre d’experts informatiques à l’horizon 2020, qui serait alors porté de 3 000 à l’heure actuelle à 30 000.
Pour concrétiser ses plans nationaux, le gouvernement s’appuiera sur l’Agence du Développement Numérique (ADN), instituée par une loi du Parlement en août dernier.
L’organisme a pour mission d’harmoniser les divers projets publics dans la sphère numérique et technique, et s’est également vu confier la mise en œuvre des principaux composants du Plan Maroc Numeric 2020.
Une confiance accrue sera nécessaire pour libérer la croissance numérique
Malgré les efforts déployés en faveur du développement de l’économie numérique marocaine, le secteur est confronté à diverses difficultés.
Pour les parties prenantes du secteur, l’un des principaux obstacles est le manque de confiance des secteurs public et privé dans l’externalisation de la gestion du stockage et des données, même si Mohammed Benmira, directeur-général adjoint de MEDASYS, société spécialisée dans l’édition de logiciels, a relevé une amélioration de la situation.
« Des progrès ont été accomplis dans les domaines de l’e-gouvernement et de l’administration des données, malgré la défiance et l’absence de normes strictes de confidentialité », a déclaré M. Benmira à OBG.« Aujourd’hui, de plus en plus d’organismes gouvernementaux se tournent vers des prestataires externes pour bâtir l’infrastructure nécessaire sur leurs sites, et confier l’administration des services de sauvegarde des données. »
« La capacité à renforcer la confiance dans les solutions de gestion des données est essentielle au succès de la stratégie numérique du gouvernement, selon Tarik Fadli, PDG du groupe Algo Consulting Group. « Ceci est courant aux Etats-Unis mais rare au Maroc, où il y a un manque de confiance dans les tiers« , a-t-il déclaré à OBG. « Cela a été un obstacle pour le développement de l’administration électronique. »
Les conditions sont réunies pour opérer un virage numérique réussi
Si le Maroc a encore des difficultés à surmonter pour progresser vers une numérisation accrue, le pays se positionne néanmoins de manière idéale pour le développement futur du secteur.
Au terme du premier semestre 2017, le pays affichait un taux de pénétration d’Internet de 58,3 %, d’après l’International Telecommunications Union (ITU), et se plaçait ainsi au troisième rang des pays d’Afrique. Ce taux a progressé de façon régulière ces quelques dernières années, passant de 56,8 % en 2014, à 57,4 % en 2015 puis à 57,6 % l’an dernier.
Ce résultat, entre autres, semble parti pour avoir un impact significatif sur l’expansion numérique.
"Les paiements mobiles sont destinés à formaliser davantage l'économie marocaine", a expliqué Fahd Bennani, directeur général de T-Man Group, Pole de distribution, à OBG. "Chaque fois qu'il y a de l'argent, les affaires deviennent moins formelles car beaucoup de paiements en espèces ne peuvent pas être retrouvés. Si nous profitons de l'économie numérique, cela transformera le Maroc très rapidement. "
Source de l'article Oxfordbusinessgroup
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