L’Égypte, tremplin pour une meilleure intégration dans l’axe Afrique – Méditerranée - Europe

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L’IPEMED, en partenariat avec Bpifrance et IC Publications, organisait le mercredi 11 avril la deuxième édition de leur cycle de Petits Déjeuners de la Méditerranée et de l’Afrique sur le thème : « l’Égypte, hub entre l’Afrique et l’Europe »
Animé par Hichem Ben Yaïche, rédacteur en chef de NewAfrican et African Business, l’événement s’est déroulé au siège de Bpifrance (8 boulevard Haussmann, 75009 Paris) et a réuni 80 personnes, dont des chercheurs, politiques et industriels.
En préambule aux débats, Anne Baudson, Responsable de Développement de Partenariats Internationaux au sein de Bpifrance et Jean Louis Guigou, Président de l’IPEMED ont tenu à rappeler la place de l’Egypte au sein de l’axe Afrique – Méditerranée - Europe, qui à l’instar du Maroc, tourné vers l’Afrique de l’Ouest, occupe une place stratégique de « hub » entre l’Europe et l’Afrique orientale. En favorisant davantage les opérations de coproduction, c’est-à-dire le recours à un nouveau modèle de coopération économique « gagnant – gagnant » fondé sur le partage de la valeur ajoutée et le transfert de technologies entre acteurs du Nord et du Sud de la Méditerranée, ces deux pôles de transit seraient des acteurs majeurs de ce processus de régionalisation à l’œuvre au sein de la « Verticale ».
Le mouvement est, en effet, déjà en marche : le Plan d'investissement extérieur (PIE) de l’Union Européenne et la signature de l’accord prévoyant la mise en place d'une zone de libre-échange continentale marquent un cap important pour encourager les investissements en Afrique. L’Egypte, inclue dans ce dernier accord, peut donc tirer profit de ces nouvelles dynamiques, en valorisant ses nombreux atouts.
Les atouts structurels de l'Égypte
Les signaux de l’économie égyptienne sont au vert a affirmé Khaled Aref, Conseiller à l’Ambassade de la République Arabe d’Egypte, citant les prévisions de la Banque Mondiale très positives. Les perspectives de croissance de l’Égypte sont en effet de 5,8% pour 2020.
Comme l'ont rappelé Jean Louis Guigou et Naglaa Fathi, en charge de la Promotion des Investissements au sein du Ministère égyptien de l’Investissement et de la Coopération Internationale, l'Égypte dispose de plusieurs atouts :
  • Un dynamisme économique et démographique : avec une population de 100 millions d'habitants majoritairement jeune et des relations historiques avec autant l’Afrique que l’Europe, l’Egypte est un point de passage central entre les deux continents. Elle est également une terre propice aux investissements grâce aux nombreux accords de libre-échange qui lui offrent un accès à un marché étendu d’Alexandrie à Johannesburg de plus de 600 millions de potentiels consommateurs.
  • Un emplacement géostratégique donnant sur la Méditerranée, le Moyen Orient et l'Afrique, et marqué notamment par le Canal de Suez, dont les rives abritent des technopoles, des zones d’activités et des « Mega projects » pouvant participer à la création de centaines de milliers d’emplois. L’Égypte se présente donc comme porte d’entrée vers la Méditerranée et l’Afrique.
  • La découverte du champ gazier de Zohr en Égypte permet à la fois l'autosuffisance énergétique du pays mais également d’assurer l’approvisionnement des États voisins, avec des transferts pouvant dépasser ceux du Qatar.
Territoire actif au niveau régional, l’Égypte bénéficie donc d’un dynamisme démographique, d’une économie proactive et diversifiée, et de ressources énergétiques abondantes. Son emplacement géostratégique marqué par le canal de Suez la positionne aussi comme un hub de transports et logistique. Ce dernier point nous mène vers les importantes relations marchandes de l’Égypte au sein de la Verticale, longuement abordées pendant la conférence.
Des leviers de croissance et de coproduction
Les perspectives ouvertes par les réformes menées par le gouvernement égyptien
Pour une meilleure coopération économique et faciliter les démarches administratives pour les entreprises s'implantant en Égypte, Reda Bebars, Ambassadeur, Conseiller du Ministre égyptien de l’Investissement et de la Coopération Internationale, Mira Ghali, Senior Economic Researcher au sein du Ministère égyptien de l’Investissement et de la Coopération Internationale et Naglaa Fathi, ont présenté les réformes entreprises pour améliorer le climat des affaires. Les dispositions de la loi n°72 de 2017 sur l’Investissement ainsi que le règlement d’application sont disponibles sur investinegypt.gov.eg et décrites dans le PowerPoint annexe. La création d'un centre de services aux investisseurs a également vu le jour récemment pour accompagner et protéger les investisseurs en Égypte.
Pour une intégration régionale en profondeur 
L’Égypte est partie prenante de nombreux accords de libre-échange. Elle a ainsi accès à un marché conséquent de plus de 600 millions de consommateurs sur le continent africain, mais également avec l'Europe et le Moyen Orient. Toutefois, comme le précise Chahir Zaki, Senior Economist de l’Economic Research Forum, les nombreux accords commerciaux produisent l'effet de « spaghetti bowl » : les accords s'accumulent et se confondent, ils ne sont pas mis à profit. C'est pourquoi il recommande une utilisation optimale des accords qui pourrait passer, comme le stipule la publication de l'IPEMED "Pour une industrialisation efficace de l'Afrique", par une politique active de coproduction et d'intégration.
Pour une meilleure intégration à l’échelle de l’axe AME, il faudrait donc prendre en compte les chaines de valeurs régionales affirme Chahir Zaki. Cette intégration par la production passe par des investissements sur les territoires. Les entreprises égyptiennes sont à 98% des PME, ont une durée de vie courte, et seules 6% d'entre elles exportent. Il propose, à l’instar de l’IPEMED, la création de clusters ou « zones industrielles sécurisées », favorisées par des IDE, afin de garantir la prospérité des PME et servir ces marchés. Ces investissements pourraient être orientés vers le secteur manufacturier, comme le préconise Khaled Ared et Chahir Zaki ; ce secteur ayant une valeur ajoutée plus importante que le secteur pétrolier. L’Égypte dispose, en outre, d’une main d’œuvre qualifiée, de ressources énergétiques abondantes, etc. Toutefois, d’autres intervenants comme Manal AbdelMoneim, Executive Chairperson à Sobek, préconisent plutôt une concentration des efforts sur le secteur agricole.
Des retours d'expérience de coproduction en Égypte
Anne Baudson a présenté le fonds AVERROÈS Finance piloté par Bpifrance en partenariat avec Proparco, qui investit en Afrique, et qui s’engage à développer des partenariats internationaux pour ainsi renforcer les liens entre Afrique et Europe.
Guy SIDOS, du groupe cimentier Vicat implanté depuis 15 ans dans la région du Sinaï en Égypte, a évoqué le soutien des institutions égyptiennes durant les périodes troubles du printemps arabe. Il appelle à un développement du Sinaï, point sur lequel il est rejoint par Mira Ghali, et une sécurisation des transports.
Bruno Schambacher, CEO de Tyllium cite l’Égypte, deuxième pays le plus industrialisé d'Afrique, comme un marché très compétitif. Pour lui, l’Égypte comme le Maroc sont des hubs permettant aux entreprises européennes d’accéder aux marchés d’Afrique subsaharienne. Il propose de passer de l’export de « biens » entre le Nord et le Sud à la coproduction et à la co-localisation d’usines.
La comparaison de l'Egypte avec le hub marocain et ses ambitions africaines - sur lequel l'IPEMED a publié une étude - est ressortie pendant le débat. Des interrogations sur la stratégie de l’Egypte en Afrique ont été soulevées. Mounir Makar, Conseiller pour l’Égypte de l’IPEMED, a précisé qu’une amitié profonde et historique relie l’Egypte à l’Afrique. En s’appropriant ce concept de coproduction, l’Égypte peut devenir un acteur clé de la régionalisation, et participer au développement et à la prospérité socio-économique de la Verticale.
Pour conclure cette conférence, Jean Louis Guigou s’est réjoui de la présence de scientifiques, politiques et industriels sur cette thématique importante, et rejoint Chahir Zaki sur l'idée de passer d'une intégration régionale « superficielle » à une intégration basée sur le redéploiement des chaînes de valeursOn ne doit plus raisonner en termes de « commerce », mais en termes d'intégration, de coopération et de transformation, sur place, des ressources naturelles de l’Afrique. Toutefois, un autre acteur économique a fait son apparition dans le paysage de la Verticale depuis quelques années déjà. Il sera le sujet de notre prochain Petit Déjeuner : la Chine dans le paysage économique de l'Afrique et la Méditerranée. Rendez-vous donc le 27 juin prochain.
Source de l'article IPEMED

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