'Domus Mare Nostrum - Habiter le mythe méditerranéen', à Toulon

Depuis le 8 mars et jusqu'au 11 mai 2014, l'Hôtel des Arts de Toulon présente l'exposition 'Domus Mare Nostrum - Habiter le mythe méditerranéen', dont l’objectif est de traiter le thème des rapports entre modernité et méditerranéité dans le monde de l’architecture au XXe siècle.

02(@DR)_B.jpgLa question est abordée comme une forme de mobilisation de la tradition architecturale et de l’héritage historique méditerranéens par des architectes qui, d’abord, ont revendiqué leur posture moderne. Sont mis hors du champ du propos les productions qui relèvent strictement d’un néo-style régional - à l’image du néo-provençal - et aussi celles trop alignées sur l’héritage classique gréco-romain, à l’instar de la villa Kerylos à Beaulieu-sur-Mer ou des oeuvres illustrant le stile Littorio dans l’Italie des années 1930.

C’est donc plutôt la manière dont les modernités successives du XXe siècle auront utilisé la référence méditerranéenne qui est au coeur du propos et c’est le caractère polysémique de cette notion, objet de constructions intellectuelles diverses par des individus et des groupes distincts, variant également avec les périodes à l’unisson de la sensibilité.

Plutôt qu’un mythe identitaire et fédérateur unique, ce sont des mythologies qui sont évoquées : soit une série de constructions idéologiques, imaginaires, entre constats, rêves et projets. 

Pour les architectes modernes du XXe siècle, la référence à la tradition méditerranéenne de construire et d’habiter fut la source d’au moins trois mythologies : celle des règles du beau éternel hérité du monde classique, celle d’une architecture vernaculaire dérivée des ressources de la nature et à l’exacte mesure des besoins humains et celle enfin d’un mode d’habiter spécifique en harmonie avec les rythmes du cosmos et sensible à l’écho des usages et des rites anciens.

Les cadres limités de l’exposition 'Domus Mare Nostrum - Habiter le mythe méditerranéen' excluent la prétention à l’exhaustivité ou même à une quelconque représentativité statistique.

Cependant, à partir d’un échantillon très limité de onze cas associant un (ou des) concepteur(s) à une maison - vision sitôt élargie à quelques autres réalisations significatives - trois grandes séquences du XXe siècle sont couvertes : l’entre deux-guerres, les 'Trente Glorieuses' et la période post et sur-moderne des dernières décennies.

De manière à rendre compte de la 'labilité' de la notion de méditerranéité en tant qu’elle permet à l’architecture moderne d’évoluer vers divers états, la très grande diversité des propositions et des oeuvres est expliquée à travers trois principaux sillons : purisme, archaïsme et réalisme, exceptionnellement traversés par la sensibilité métaphysique.

Il découle des limites matérielles déjà évoquées que nombre d’architectes importants pour le propos n’auront pas eu la place qu’ils méritaient, à l’instar d’Erwin Broner, Giuseppe Pagano et Gio Ponti ; Aris Konstantinidis, Marco Zanuso, Josep Antoni Coderch et Antoni Bonet ; Gilles Perraudin, Carlos Ferrater et Alberto Campo Baeza, ainsi que tant d’autres... Par ailleurs, alors qu’il existe des visions nationales - et donc différentes dans leurs évaluations - de la question traitée, visions qui engagent la division entre nord et sud, Orient et Occident, le propos de l’exposition 'Domus Mare Nostrum - Habiter le mythe méditerranéen', présentée à l’Hôtel des Arts, est plutôt positionné sur les rives de la méditerranée nord occidentale.
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Liste des architectes et principaux édifices présentés dans l’exposition 'Domus Mare Nostrum - Habiter le mythe méditerranéen'

1. L’entre deux guerres
> Le Corbusier (1885-1965) et Pierre Jeanneret (1896-1967) / Villa Baizeau à Carthage, Tunisie, 1928 ;
> Josep Lluis Sert (1902-1983) / Maisons à Garraf (1934) et Villa Sert à Ibiza, Espagne, 1968 
> Adalberto Libera (1903-1963) et Curzio Malaparte (1898-1957) / Villa Malaparte à Capri, Italie, 1942 ;
> Luigi Cosenza (1905-1984) et Bernard Rudofsky (1905-1988) / Villa Oro à Naples, Italie, 1937.

Jorn Utzon / Villa Can Lis à Majorque, Espagne, 1973

2. Les 'Trente Glorieuses'
> Fernand Pouillon (1912-1986) / Villa Barthélémy à Cassis, France, 1953 ;
> Roland Simounet (1927-1996) / Maisons sur la plage à Ghisonnacia, Corse, 1971 ;
> Hans Hartung (1904-1989) et architectes collaborateurs / Maison-atelier à Antibes, France, 1972 ;
> Jorn Utzon (1918-2008) / Villa Can Lis à Majorque, Espagne, 1973 ;
> Suzana et Dimitris Antonakakis (1935 et 1933) / Maison à Oxylithos, Grèce, 1973.

Elias Torres et José-Antonio Martinez Lapena / Villa Gili à Ibiza, Espagne, 1987

3. Période actuelle
> Elias Torres (1944) et José-Antonio Martinez Lapena (1941) / Villa Gili à Ibiza, Espagne, 1987 ;
> Alvaro Siza (1933) / Villa Campers à Majorque, Espagne, 2008.

Commissaire : Jean-Lucien Bonillo, architecte DPLG, docteur en histoire urbaine de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales-Paris, professeur HDR à l’école nationale supérieure d’Architecture de Marseille.


Informations pratiques :
Hôtel des Arts | Centre méditerranéen d’art du Conseil Général du Var
236 boulevard Maréchal Leclerc | 83000 Toulon
T. 04.83.95.18.40

Entrée libre et gratuite
Ouverture : du mardi au dimanche, de 10h00 à 18h00. Fermé les lundis et le 1er mai

Source de l'article Le Courrier de l'architecte

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