S’il est un défi face auquel les métropoles méditerranéennes doivent se confronter unies, c’est bien celui du changement climatique. En 2025, les villes concentreront 70 % des 520 millions d’habitants du pourtour méditerranéen.
Et, le GIEC considère l’Afrique du Nord comme la deuxième zone la plus vulnérable aux risques climatiques à l’échelle mondiale, avec une amplification des risques côtiers et de désertification. Dès lors, une double nécessité : l’adaptation aux phénomènes par des ajustements conjoncturels et la réduction des aléas par un changement structurel.
La métropolisation participe de la vulnérabilité. Les grands centres urbains sont, de fait, les principaux contributeurs de l’empreinte écologique nationale, par leur croissance rapide, mais également par leur modèle diffus de production urbaine, fortement émetteur de CO2 et consommateur de ressources agricoles, halieutiques, ou de biodiversité. Désormais, moins de la moitié de la demande est couverte par les actifs écologiques de la région méditerranéenne. En outre, la colonisation des espaces à risques se poursuit : la ville riche avec ses « vues mer » ou la ville plus pauvre, parfois illicite en zone inondable, submersibles l’une comme l’autre. Dans le même temps, les espaces métropolitains offrent d’importantes opportunités de résilience territoriale face au changement climatique.
Par la mise en scène du grand territoire, les métropoles ouvrent la possibilité de concevoir un développement urbain à partir des espaces ouverts, agricoles et naturels. De nouveaux accords d’un projet ville-nature enrichissent la seule réponse règlementaire pour proposer des systèmes paysagers résilients - réseaux de parcs, renaturation des rivières — et de nouvelles perspectives pour une économie de la ressource en circuits courts ou en économie circulaire.
Par leur puissance économique et créative, les métropoles participent à la mutation vers de nouveaux modèles de production et de consommation plus durables. La mobilité, l’énergie, le logement ou encore l’alimentation constituent quelques grands piliers de transformation entre innovations technologiques, comportementales et organisationnelles. Enfin, par leur capacité d’accueil et d’insertion, les métropoles méditerranéennes joueront un rôle particulier dans l’accueil des migrants climatiques, en adaptant les formes de production de la ville.
Reste à franchir certaines étapes comme l’intégration du concept de résilience comme essence et fil conducteur des projets métropolitains. L’élévation des risques et des aléas climatiques exigent une adaptabilité des modes de penser et de faire la ville. Le principe de résilience rompt avec la prévisibilité et la planification. Le projet ne peut s’assimiler à un plan établi pour les 15 ans à venir. Il s’apparente désormais à un processus qui propose vision globale et règles collectives d’anticipation et d’adaptation aux risques pour en réduire les effets. Partager des orientations, augmenter la réactivité des acteurs face à elles, mettre en capacité les citoyens d’y participer par leurs propres actions individuelles ou par des mutations comportementales, telles sont désormais le rôle des acteurs de la ville au premier rang desquels les élus.
Une dernière étape du succès est celle de la mobilisation des financements. Une des pistes serait de jouer collectif entre le nouvel agenda urbain européen et l’agenda climat - Cop et MEDCOPs Climat. Nombre d’engagements pris au niveau national (CPDNs) pour un montant dépassant les 400 milliards US, complétées par les participations des collectivités locales (convention des Maires) et par les engagements de la société civile (plateforme NAZCA) croisent les problématiques urbaines - énergie, transport, habitat, déchets, agriculture urbaine, etc... A quand leur territorialisation dans des projets territoriaux intégrés ?
Marie Baduel, pour la revue urbanisme Printemps 2018 -