Union
européenne : les 3 défis qui attendent le tourisme méditerranéen. L'analyse
d'Etienne Pauchant, président fondateur de META
Le
bassin méditerranéen et son tourisme vivent une véritable mutation. Entre crise
économique et européenne, entre Printemps arabe et mutation des métiers du
tourisme, les challenges ne manquent pas. L'analyse d'Etienne Pauchant,
président fondateur de META.
Malgré
une vingtaine de sommets internationaux organisés dans la hâte depuis quatre
ans, et dont les résultats ont tous été présentés comme des succès, la crise
financière importée en 2009 et qui ravage l’Union Européenne, ne marque pas le
pas.
Bien
au contraire, de nouvelles urgences se font jour : en Grèce bien sûr, dont la
sortie de la zone Euro n’est plus exclue, mais également en Espagne, dont les
banques sont menacées de faillite, ce qui par le jeu des dominos pourrait
entraîner d’autres banques et d’autres États dans un début de détricotage des
soixante ans de construction européenne.
Nous
n’en sommes pas encore là, mais la ruine des petits épargnants menace la baisse
des salaires et des pensions aussi, ainsi que les pertes d’emplois.
Bien
sûr, des mesures de relance seront prises à court terme, tentant de concilier
l’austérité avec la prodigalité, un peu comme on marie la carpe avec le lapin.
Gageons
que cet étrange attelage puisse trouver une solution forcément différente,
sachant que le fédéralisme salvateur est, pour l’instant, hors de portée.
Dans
ce contexte, les « moins longtemps », « moins loin » « moins cher » seront sans
aucun doute au rendez-vous des vacances 2012 des Européens, privilégiant les
voyages domestiques ou pour les plus fortunés, les voyages en Europe proche,
continuant le mouvement déjà observé en 2011.
Petite
consolation, la devise européenne qui s’échange en juin 2012 autour de 1,25
US$, attirera sur le Continent des vacanciers internationaux, souvent nouveaux
entrants touristiques, depuis des pays en forte croissance, qui profiteront, en
prime, d’une baisse des prix conséquente.
Tunisie,
Egytpe : le tourisme est vital pour ces pays
Dans
les marchés du Sud méditerranéen, la mutation engagée par les Révolutions
Arabes en 2011, en Tunisie et en Égypte, n’est pas encore achevée.
Les
nouveaux gouvernements issus démocratiquement des urnes travaillent à concilier
des minorités dans une majorité politique difficile à obtenir, en pleine
élaboration de nouvelles constitutions.
Le
tourisme est vital pour ces pays, contribuant en 2011 pour 14,30 % au PIB
égyptien et employant directement ou indirectement 3 millions de personnes et à
13,9 % au PIB tunisien et près de 500 000 emplois directs et indirects.
Il
conviendra d’être très prudent dans la communication, toute déclaration hostile
au tourisme estival 2012 sera comprise comme une menace par des Européens
apeurés, mais tentés par des prix en forte baisse.
Les
destinations marocaine et jordanienne sont moins soumises à ces contraintes,
mais leur situation n’est pas pour autant facile.
L’Algérie
annonce dans le même temps une volonté plus affichée de se lancer en tourisme,
ce que ne fait pas encore la nouvelle Libye.
La
catastrophe syrienne menace directement ses voisins immédiats, et en
particulier le Liban. La Turquie devrait continuer sa formidable progression,
enregistrant entre 2000 et 2011 un Taux de Croissance Annuel Moyen de ses
arrivées de 9,17 %.
Le
tourisme réinvente sa distribution qui devient très technique. Les agences de
voyages physiques observent une très forte diminution de leur fréquentation
lors de la recherche d’une destination de vacances (shopping).
Les
intermédiaires classiques mutent rapidement
Les
achats se font majoritairement sur le net (Booking). L’évolution va vers la
réservation directe des éléments d’un voyage : transport, hébergement,
activités.
Cette
évolution a des avantages et des inconvénients sur les marchés Sud et Est méditerranéens
: l’avantage d’augmenter la profitabilité des offres acquises par ces nouveaux
moyens, ce qui deviendra vite indispensable dans la diminution actuelle et
instantanée de l’élasticité des prix du tourisme.
L’inconvénient
d’une couverture encore partielle des réseaux permettant la généralisation
d’usage de l’internet sur les rives Sud et Est, et celle d’une indispensable
formation des acteurs locaux du tourisme, facile et rapide chez les plus
jeunes, difficile et longue chez les plus âgés d’entre-eux.
Les
intermédiaires classiques, apparus il y a soixante ans mutent rapidement
(production partagée entre les tour-opérateurs et la distribution par les
agences en ligne, forte diminution du support papier, moindre efficacité des
campagnes de promotion classiques, concentration des grands rendez-vous
internationaux du tourisme à quelques salons, apparition des sites d’avis, des
sites sociaux et des comparateurs, multi usage de l’internet mobile : les
smartphones, qui nécessitent une généralisation du wifi et une diminution du
coût du roaming).
L’écologie,
la lutte contre l’effet de serre et la diminution des rejets de GES qu’elle
entraîne, la préservation de la faune et de la flore, la bonne gestion de l’eau
et de l’énergie, le traitement strict des déchets, l’alimentation bio et
l’utilisation d’énergies renouvelables sont des tendances occidentales, qui se
diffusent de plus en plus sur toute la planète.
Le
tourisme n’échappe pas à la règle, il devient même un condensé de ces
techniques, apportant pendant les vacances une « vie rêvée » dans un biotope
exemplaire. La Méditerranée (toutes rives) a la capacité de créer celui-ci sur
toutes ses destinations.
Plusieurs
exemples réussis sont déjà commercialisés.
Par
Etienne Pauchant, Président Fondateur de META