L'économie tunisienne a pâti de la révolution en 2011. Certains signes, encore légers, semblent suggérer un début de redressement pour la seconde moitié 2012, à condition que les nouvelles autorités tombent d'accord sur la politique monétaire à adopter.
Sur le front du tourisme, sur lequel la Tunisie avait directement souffert suite à la révolution du 14 janvier 2011, les statistiques font état d'un quasi-retour au niveau de fréquentation de 2010 pour le premier trimestre de l'année.
Alors qu'en 2010, la Tunisie avait accueilli plus d’un million de touristes, ce chiffre avait plongé à 614 071 au premier trimestre 2011.
Le retour d’une dynamique
Près d'un million de touristes sont déjà entrés en Tunisie au cours des trois premiers mois de cette année. Soit une amélioration de la fréquentation de 52,8 %.
La confiance revient, et pas seulement chez les visiteurs. Selon les prévisions du gouvernement provisoire, l'année 2012 verrait son PIB croître de 3,5 %, après une récessionde 2,2 % en 2011. Tunis prévoit même 7 % de croissance à l'horizon 2015. Mais cet optimisme est loin d'être partagé par tous les experts.
Toujours selon ces prévisions, les exportations de biens devraient progresser de 5,8 %, principalement par effet de rattrapage des dérèglements de 2011. Les deux secteurs qui tirent ainsi les exportations et la croissance tunisienne sont les phosphates et le tourisme, où la progression des recettes atteint même 10 %.
Conflit de politique économique?
Le gouvernement provisoire compte bien accompagner le mouvement: l'exécutif vient de s'atteler, début avril, à la réunion en un seul texte de tout le dispositif d'incitation à l'investissement. Cette simplification en un «code unique» doit permettre de renforcer l'attractivité de la Tunisie en particulier auprès des pays parmi les moins habitués à la destination tunisienne pour leurs investissements: pays scandinaves, Canada, Malaisie, Turquie, pays du Golfe, etc.
Le gouvernement table sur une relance concertée entre l'outil budgétaire et la politique monétaire. Le choix des nouvelles autorités d'augmenter la masse salariale dans le secteur public, qui doit se poursuivre en 2012, devrait ainsi se traduire par une hausse de 4 % de la consommation publique, et de 4,1 % de la consommation privée.
Sur la politique monétaire, les velléités interventionnistes du gouvernement rentrent toutefois en conflit avec la Banque centrale de Tunisie (BCT). Le gouvernement a en effet annoncé le 3 avril son intention de maintenir à leur niveau actuel les taux directeurs, afin de soutenir l'activité. La BCT a alors dénoncé une ingérence dans ses affaires, invoquant avec fermeté son indépendance. En pleine élaboration d'une nouvelle constitution, les spéculations sur la possibilité que le parti Ennahda abroge cette indépendance de la Banque centrale sont allées bon train. Finalement, le gouvernement a dû faire marche arrière.
Par Anthony Drugeon
Source de l'article Slate Afrique
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