Les espoirs d’une rupture avec le sarkozysme résonnent sur la rive sud de la Méditerranée, se réjouit la presse maghrébine.
Le 7 mai 2012, la France se réveille avec un nouveau Président de la République. Trente et un ans après la victoire de François Mitterrand, François Hollande est devenu dimanche 6 mai le deuxième président socialiste de la Cinquième République. Selon les résultats quasi-définitifs, le député de Corrèze a recueilli 51,67% des suffrages, contre 48,33% pour le président sortant Nicolas Sarkozy.
Comme à chaque fin de mandat, l’heure est au bilan: après cinq ans de sarkozysme, «la France est abîmée», juge le quotidien algérien El Watan. Mais le dimanche 6 mai, les Français ont choisi de rompre avec la France de Nicolas Sarkozy.
«L’espoir est enfin permis. Celui d’une France républicaine rassembleuse, sans adversité, sans haine, sans segmentation, sans clivage, autour des valeurs de justice, d’égalité et de respect qui font sa grandeur», prédit le quotidien algérien El-Watan.
Avec Hollande, fini le quart d'heure anti-étranger hebdomadaire
Pour preuve ces paroles de François Hollande devant un parterre de Français, heureux de tirer un trait sur le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Les drapeaux algériens, maliens, sénégalais et bretons étaient de sortie pour l’occasion. Avec Hollande, fini le quart d’heure anti-étranger hebdomadaire, écrit l’éditorialiste du quotidien algérien.
L’arrivée de François Hollande à L’Elysée va-t-elle influer sur les relations entre Paris et Alger? De nombreux quotidiens algériens tablent sur une embellie des relations entre les deux pays. Le siteTout sur l’Algérie prévoit que le nouveau président français «abandonne les projets de la droite en matière de révision des accords migratoires avec l’Algérie et se montre plus flexible sur la question de la mémoire et de la repentance».
Les Algériens ont besoin d’un regard lucide de la France sur son passé colonial, condition sine qua none d’un avenir commun confiant et apaisé.
«L’espoir est permis pour une refondation des rapports de la France avec ses partenaires du sud et plus particulièrement avec l’Algérie à laquelle François Hollande porte une attention soutenue, constante, depuis le temps où il était Premier secrétaire du Parti socialiste», précise le site algérien.
Flirt incessant avec l'électorat de l'extrême droite
Même constat dans le quotidien d’Oran, qui s’amuse de la règle selon laquelle les résultats des élections sont annoncés à 20 heures, alors que les messages codés pullulent sur les réseaux sociaux. Des twitts comme «Le Concorde s'est encore crashé», «Les Français parlent aux Français. Message personnel: L'Italienne a épousé Poulidor». Le retour de #RadioLondres a sonné.
Par ailleurs, le quotidien réagit à la défaite de Nicolas Sarkozy. Il y voit la conséquence d’un rejet qui dépasse la gauche française. Le flirt incessant avec l’électorat de l’extrême droite a même déplû à une partie de la droite républicaine gaulliste.
«Le bling-bling, le Président de tout, le mépris de son langage, le soupçon des affaires: l’ancien chef de l’Etat avait été élu sur la promesse de redorer la politique. Il a contribué à creuser le fossé entre les Français et leurs représentants», résume le site marocain Atlas Info.
Premières victimes collatérales de cette politique: les Blacks et les Maghrébins, note El Watan, avant d'ajouter que climat s’annonce néanmoins plus apaisé avec l’arrivée de François Hollande aux affaires.
Au moins jusqu’à ce fameux troisième tour, dont tout le monde parle. Dans plus d’un mois, les élections législatives détermineront la couleur de l’Assemblée nationale: bleu, rose ou bleu marine. Pour le quotidien La Liberté, il n’est pas impossible que la candidate frontiste fasse un bon score aux législatives:
«Si les listes Bleu Marine du Front national rééditent les mêmes résultats que ceux de leur championne à la présidentielle, elles pourraient se maintenir au second tour dans plus de 300 circonscriptions.»
Le site marocain Demain Online choisit de traiter la défaite de Nicolas Sarkozy sur le ton de l'humour. Une caricature publiée sur le site montre le couple Nicolas Sarkozy-Carla Bruni après l’annonce des résultats. «Finalement il s’est cassé le pov con», lit-on au dessus de la caricature. Nicolas Sarkozy essaye de voir les choses du bon côté et confie à sa femme:
«Heureusement qu’il nous reste le Maroc!»
Comme beaucoup de représentants, le roi de Maroc s’est par ailleurs empressé d’adresser ses félicitations au nouveau président de la République française François Hollande, rapporte le site Yabiladi.
«Sarkozy dégagé comme son ami Ben Ali»
Le site tunisien Kapitalis règle quant à lui ses comptes avec le président sortant en faisant le parallèle entre la manière dont les Tunisiens ont dégagé Ben Ali et la manière dont les Français ont dit: «Dégage Sarko». Une sorte de mini révolution à l’échelle de la France si l’on suit le raisonnement du magazine tunisien.
«Sarkozy enfin dégagé par les Français, 15 mois après son ami Ben Ali», titre le magazine en ligne tunisien Kapitalis. Le magazine tunisien résume Sarkozy en ces termes:
«Ce président qui n’a cessé de stigmatiser et insulter l’islam et les musulmans».
A ce grief s'ajoute le soutien inconditionel de Nicolas Sarkozy au président tunisien Ben Ali. Le 12 janvier 2011, soit deux jours avant la fuite de Ben Ali, la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot Marie avait proposé d’aider le régime dictatorial de Ben Ali avec le «savoir-faire sécuritaire français au même moment où des Tunisiens tombaient sous les balles», rappelle Kapitalis.
François Hollande n’a pas encore revétu le costume de président de la République que les espoirs d’une rupture avec le sarkozysme se font entendre sur les bords de la Méditerranée.
Par Nadéra Bouazza - SlateAfrique
Source de l'article SlatAfrique
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