Comment les responsables politiques peuvent-ils réduire durablement le chômage ?
Un rapport économique sur la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) aborde cette question de front. Il propose un retour sur l’histoire pour examiner comment certains pays ont réussi à obtenir rapidement une réduction substantielle et durable du chômage, c’est-à-dire à faire des « miracles » en matière de création d’emplois.
L’analyse conclut qu’une gestion macroéconomique prudente, une réglementation judicieuse de l’activité économique et une bonne gouvernance sont sans aucun doute trois moyens d’action essentiels pour créer de l’emploi durable.
Pour que l’on puisse parler de « miracle », il faudrait que le chômage baisse d’au moins trois points de pourcentage et qu’il se maintienne à au moins un quart de son niveau initial pendant quatre ans. Cette réduction du taux de chômage devrait par ailleurs persister pendant au moins trois années supplémentaires. Enfin, les conditions devraient être telles qu’il est possible d’éviter les problèmes engendrés par la volatilité ou par le double comptage.
L’utilisation de ces critères a permis de relever au total 43 miracles de l’emploi dans le monde au cours de la période 1980-2008. Chaque année, un pays sur 20 environ connaît un tel miracle ; si la fréquence de ces épisodes de création d’emplois est encourageante, on note qu’elle est moins élevée dans la région MENA (voir figure B1). Par ailleurs, le recul du chômage qui accompagne ces épisodes est important : le taux moyen de chômage baisse de moitié environ pendant un miracle de l’emploi typique, passant de 14,5 % au début de la période à 7,1 % sept ans plus tard.
Figure B1
Lorsqu’ils se produisent, ces miracles ont tendance à coïncider avec une amélioration globale des conditions macroéconomiques et du cadre réglementaire. On assiste notamment à une accélération marquée de la croissance — environ 2 points de pourcentage —, mais aussi à une augmentation des échanges commerciaux, une croissance de l’investissement et une baisse des dépenses publiques (figure B2). Autant d’éléments qui soulignent l’importance d’une gestion macroéconomique prudente.
Une réglementation judicieuse et une bonne gouvernance sont des conditions essentielles aux miracles de l’emploi ; toutes choses étant égales par ailleurs, elles augmentent de beaucoup la probabilité de tels miracles. La réglementation de l’activité économique et la bonne gouvernance (voir figure B3) paraissent particulièrement importantes, ce qui ne saurait surprendre puisque les deux vont de pair. Cette observation donne par ailleurs à conclure qu’en améliorant la gouvernance, on pourrait faire d’une pierre deux coups, puisqu’on favoriserait à la fois l’inclusion et l’emploi.
Les principales recommandations du rapport — amélioration de la gestion macroéconomique, de la gouvernance et de la réglementation — coïncident avec ce que les entrepreneurs de la région MENA jugent être les domaines de réforme prioritaires. Comme le montre la figure B4, les entrepreneurs qui ont participé aux enquêtes menées par la Banque mondiale auprès des entreprises (2006-2010) pensent que la stabilité macroéconomique (et politique), une application cohérente de la réglementation et la lutte contre la corruption devraient constituer des priorités stratégiques. Ces facteurs constituent selon eux des entraves importantes à la conduites des affaires dans la région MENA.
Source Banque Mondiale
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