Le drapeau tunisien flotte sur la Place du Président Mithouard, dans le 7ème
arrondissement de Paris à quelques centaines de mètre de l’Ambassade de Tunisie.
Près d’une centaine de Tunisiens résidant en France s’y sont rassemblés,
vendredi 12 avril, en protestation à la violente répression d’une manifestation,
lundi 09 avril, à Tunis.
L’incident impose une réflexion sur les enjeux
politiques actuels en Tunisie, réflexion symptomatique de la précarité de la
démocratie naissante dans le pays déclencheur de la vague de révoltes arabes
amorcées en 2011.
Ces manifestants, des Tunisiens de France, issus dans leur majorité de la société civile et de partis de gauche, se mobilisent. A 10 jours du premier tour des élections présidentielles françaises, certains d’entre eux portent un regard sceptique, voire même se sentent désintéressés de la campagne. D’autres ses contentent d’exprimer la nécessité de «se débarrasser» des candidats de la droite, alors que les gauchistes font les yeux doux à Jean-Luc Mélenchon. Mais ils ont souvent le corps à Paris et le cœur à Tunis.
Marre des amalgames de la droite
Lorsqu’on demande à Mohamed El-Hechmi, présent à cette manifestation, ce qu’il pense de la campagne électorale, ce jeune ingénieur en informatique avoue qu’il est «très dérangé par certaines déclarations virulentes de Nicolas Sarkozy et de Marine Le Pen à l’égard des étrangers». S’il avait eu le droit de vote, il aurait commencé par «éliminer ces deux candidats». Résidant depuis deux ans et demi à Paris, cet employé d’une boîte parisienne se déchaîne : «J’ai marre d’entendre autant d’amalgames dans leurs discours. Ça commence à s’entasser en moi et ça m’énerve au plus haut point». En ce qui concerne les rapports franco-tunisiens postélectoraux, Mohamed «ne pense pas que l’un des autres candidats va changer radicalement sa manière de traiter avec la Tunisie». En effet, le durcissement de la politique d’immigration a aussi laissé des traces, surtout que le discours de la droite, agressif à l’encontre des étrangers, monte au créneau. Récemment, Julien Rochedy, président des jeunes du Front National, a même traité les réfugiés tunisiens venus en France en mars 2011 de «racailles» lors de son passage, le 06 avril, au Petit Journal sur Canal+. Salma alias «Sassouki», jeune étudiante en médiation culturelle, affirme «ne plus se sentir concernée par la politique française». Et ce, depuis le refus du dossier de renouvellement de sa carte de séjour. La raison invoquée selon elle : «un changement de filière d’étude».
Mention spéciale pour Mélenchon
Résidant à Paris en tant que réfugié politique, Adel Ghezala, militant tunisien de gauche est lui à l’inverse «très intéressé par la campagne». «Je suis en train de la suivre avec beaucoup d’amis et de camarades tunisiens. On a même des affinités pour Mélenchon » affirme-t-il. « Il propose quelque chose de nouveau, de percutant, de clair. Il prône une politique d’immigration plus ouverte». Le positionnement d’Adel et de «ses camarades» n’est pas du tout surprenant, surtout que cette manifestation est soutenue par certaines associations, syndicats et formations politiques françaises dont le Pari Communiste et le Front de Gauche. Jean-Luc Mélenchon a d’ailleurs séduit beaucoup de Tunisiens, samedi 14 avril, lors du meeting du Prado à Marseille en appelant à «soulager le peuple tunisien de sa dette odieuse».
Scepticisme maximal
L’écrivain septuagénaire Gilbert Naccache, présent parmi les manifestants, ne trouve «rien d’intéressant dans cette campagne». Ancien militant du mouvement de gauche Perspectives, emprisonné durant les années 60 et 70 sous le règne de l’autoritaire président Bourguiba, il vient de sortir son quatrième ouvrage «Vers la démocratie ?» (Editions Mots Passants, Tunis 2012). «Les candidats sont ennuyeux. Ils ne vont pas plus loin que le bout de leur nombril », déclare Gilbert Naccache. « Ça ne m’intéresse pas. Il ne s’intéresse pas à moi ni à mes préoccupations. Donc, je ne m’intéresse pas à eux». Et de poursuivre: «On est très loin de la politisation des années 60, 70 et 80 quand les Français avait conscience que le monde existait autour d’eux. Aujourd’hui, ils ne le savent plus». L’essayiste tunisien déplore l’absence de «nouvelles idées». Idem pour sa compatriote militante féministe Fethia Chaâri. «Je ne crois pas beaucoup à la démocratie représentative et les changements que ça pourraient produire sur le quotidien des gens» nous confie-t-elle avant d’ajouter : «En tant qu’étrangère résidente en France, je n’ai même pas le droit de voter aux élections locales». François Hollande, candidat du Parti Socialiste et favori du deuxième tour des présidentielles selon les sondages, revendique le vote des étrangers résidant en France aux élections municipales.
L’Office des Tunisiens à l'Etranger (OTE) de 2012 recense 625 864 résidents en France. Lors des élections tunisiennes de l’Assemblée Constituante, premier scrutin après la révolution du 14 janvier 2011, huit bureaux de vote, consacrés à la diaspora de l’Hexagone, ont été répartis sur deux circonscriptions France Nord et France Sud.
Ces manifestants, des Tunisiens de France, issus dans leur majorité de la société civile et de partis de gauche, se mobilisent. A 10 jours du premier tour des élections présidentielles françaises, certains d’entre eux portent un regard sceptique, voire même se sentent désintéressés de la campagne. D’autres ses contentent d’exprimer la nécessité de «se débarrasser» des candidats de la droite, alors que les gauchistes font les yeux doux à Jean-Luc Mélenchon. Mais ils ont souvent le corps à Paris et le cœur à Tunis.
Marre des amalgames de la droite
Lorsqu’on demande à Mohamed El-Hechmi, présent à cette manifestation, ce qu’il pense de la campagne électorale, ce jeune ingénieur en informatique avoue qu’il est «très dérangé par certaines déclarations virulentes de Nicolas Sarkozy et de Marine Le Pen à l’égard des étrangers». S’il avait eu le droit de vote, il aurait commencé par «éliminer ces deux candidats». Résidant depuis deux ans et demi à Paris, cet employé d’une boîte parisienne se déchaîne : «J’ai marre d’entendre autant d’amalgames dans leurs discours. Ça commence à s’entasser en moi et ça m’énerve au plus haut point». En ce qui concerne les rapports franco-tunisiens postélectoraux, Mohamed «ne pense pas que l’un des autres candidats va changer radicalement sa manière de traiter avec la Tunisie». En effet, le durcissement de la politique d’immigration a aussi laissé des traces, surtout que le discours de la droite, agressif à l’encontre des étrangers, monte au créneau. Récemment, Julien Rochedy, président des jeunes du Front National, a même traité les réfugiés tunisiens venus en France en mars 2011 de «racailles» lors de son passage, le 06 avril, au Petit Journal sur Canal+. Salma alias «Sassouki», jeune étudiante en médiation culturelle, affirme «ne plus se sentir concernée par la politique française». Et ce, depuis le refus du dossier de renouvellement de sa carte de séjour. La raison invoquée selon elle : «un changement de filière d’étude».
Mention spéciale pour Mélenchon
Résidant à Paris en tant que réfugié politique, Adel Ghezala, militant tunisien de gauche est lui à l’inverse «très intéressé par la campagne». «Je suis en train de la suivre avec beaucoup d’amis et de camarades tunisiens. On a même des affinités pour Mélenchon » affirme-t-il. « Il propose quelque chose de nouveau, de percutant, de clair. Il prône une politique d’immigration plus ouverte». Le positionnement d’Adel et de «ses camarades» n’est pas du tout surprenant, surtout que cette manifestation est soutenue par certaines associations, syndicats et formations politiques françaises dont le Pari Communiste et le Front de Gauche. Jean-Luc Mélenchon a d’ailleurs séduit beaucoup de Tunisiens, samedi 14 avril, lors du meeting du Prado à Marseille en appelant à «soulager le peuple tunisien de sa dette odieuse».
Scepticisme maximal
L’écrivain septuagénaire Gilbert Naccache, présent parmi les manifestants, ne trouve «rien d’intéressant dans cette campagne». Ancien militant du mouvement de gauche Perspectives, emprisonné durant les années 60 et 70 sous le règne de l’autoritaire président Bourguiba, il vient de sortir son quatrième ouvrage «Vers la démocratie ?» (Editions Mots Passants, Tunis 2012). «Les candidats sont ennuyeux. Ils ne vont pas plus loin que le bout de leur nombril », déclare Gilbert Naccache. « Ça ne m’intéresse pas. Il ne s’intéresse pas à moi ni à mes préoccupations. Donc, je ne m’intéresse pas à eux». Et de poursuivre: «On est très loin de la politisation des années 60, 70 et 80 quand les Français avait conscience que le monde existait autour d’eux. Aujourd’hui, ils ne le savent plus». L’essayiste tunisien déplore l’absence de «nouvelles idées». Idem pour sa compatriote militante féministe Fethia Chaâri. «Je ne crois pas beaucoup à la démocratie représentative et les changements que ça pourraient produire sur le quotidien des gens» nous confie-t-elle avant d’ajouter : «En tant qu’étrangère résidente en France, je n’ai même pas le droit de voter aux élections locales». François Hollande, candidat du Parti Socialiste et favori du deuxième tour des présidentielles selon les sondages, revendique le vote des étrangers résidant en France aux élections municipales.
L’Office des Tunisiens à l'Etranger (OTE) de 2012 recense 625 864 résidents en France. Lors des élections tunisiennes de l’Assemblée Constituante, premier scrutin après la révolution du 14 janvier 2011, huit bureaux de vote, consacrés à la diaspora de l’Hexagone, ont été répartis sur deux circonscriptions France Nord et France Sud.
Par Thameur Mekki - Babelmed.net premier magazine on-line des cultures méditerranéennes.
Source de l'article Babelmed
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