Au moment où la Commission européenne conduite par Jean-Claude Junker cherche à constituer une équipe qui entrera en action le 1er novembre, il s'avère que le commerce avec les pays du Sud sera l'une de ses priorités.
Les pays du sud de la Méditerranée dont l'Algérie n'ont pas un grand poids dans le commerce international avec 2,4% des exportations de marchandises et 3,3% de celles de services et du tourisme. Selon une étude de Jean-Louis Rastoin, expert à l'Institut de prospective économique en Méditerranée, c'est plutôt l'UE qui pèse d'un poids économique considérable avec 31,0% des exportations mondiales loin derrière ses partenaires comme l'Algérie, l'Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, la Libye, le Maroc, la Syrie, la Tunisie et la Turquie.
Le commerce mondial a connu une remontée en 2013 à plus de 18 mille milliards de dollars (+23% entre 2010 et 2013), sous la poussée des pays émergents. La croissance du commerce de l'UE avec les pays tiers est de plus de 13%, alors qu'elle est de 11% avec les pays méditerranéens, loin des performances des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Néanmoins, les parts de marché des pays du Sud comme clients de l'UE n'ont que légèrement régressé (entre -0,1% et -0,9%) et l'auteur de l'étude relève une augmentation pour les carburants et lubrifiants (+6,4%). En absorbant 10% des exportations totales de l'UE vers les pays tiers, soit 225 milliards de dollars sur 2 250 milliards en 2012, les pays du Sud représentent un marché important, de proximité et à potentiel de croissance, sous réserve d'une stratégie adaptée de l'UE, est-il constaté.
Il est jugé que les exportations de céréales de l'UE vers les pays du Sud à hauteur de 13 milliards de dollars en 2012 sont un élément essentiel de la sécurité alimentaire dans cette zone. Cela veut dire que les craintes d'une réduction des prix du pétrole sont aussi celles pesant sur les capacités d'importation des produits alimentaires. D'ailleurs, le ministre des Finances Mohamed Djellab s'est inquiété lors de la présentation du projet de loi de finances 2015 de la baisse du prix du pétrole cédé à moins de 90 dollars.
L'étude de Jean-Louis Rastoin ajoute que l'UE s'approvisionne à hauteur de 8,4% de ses importations extra-communautaires dans les pays du Sud à près de 200 milliards de dollars en 2012, en progression de 0,6% depuis 2000, soit un multiplicateur de 2,8, contre 2,6 pour l'ensemble des importations. Le premier poste est évidemment celui des hydrocarbures, à 93 milliards de dollars en 2012, en hausse de près de 7% depuis 2000. Avec 10% de son chiffre d'affaires à l'export extra-communautaire dans les pays du Sud et 8% de ses importations hors pays-membres en provenance de ces pays, l'UE conserve de solides positions commerciales dans la région méditerranéenne, est-il souligné. 250 milliards de dollars d'exportations vers les pays du Sud représentent au bas mot 250.000 emplois.
Au sein de l'Union européenne, la crise économique s'est installée avec un taux de chômage estimé à 10,2% en juin 2014. Dans certains pays arabes méditerranéens, le taux de chômage est de l'ordre de 20 à 25% chez les jeunes, voire plus encore chez les diplômés de l'université et les femmes, ces dernières ayant l'un des taux d'activité les plus faibles au monde.
Face à la stagnation du marché intérieur européen, des relais doivent être trouvés à l'exportation et les pays du Sud constituent une opportunité pour de multiples raisons comme la proximité géographique, économique et culturelle. Cependant, les parts de marché de l'UE s'effritent dans la zone du fait de la concurrence agressive des pays émergents. Une politique de codéveloppement qui doit comporter un volet commercial est indispensable pour sortir du blocage actuel, selon l'étude
Par Ali Trichine - source de l'article L"Expressiondz
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