Une étude conjointe UE-OCDE montre que l’Europe peine à tirer parti de ses migrants, qu’ils soient originaires des vingt-huit États membres ou des pays tiers.
L’Europe a besoin de travailleurs qualifiés, mais n’utilise pas le potentiel de ses migrants. (photo : UE) |
« En Europe, la population en âge de travailler (15-64 ans) devrait décroître de 2,2%, soit 7,5 millions de personnes, entre 2013 et 2020, alors qu’elle augmentera dans les mêmes proportions dans l’ensemble de la zone OCDE », note un rapport commun UE-OCDE intitulé « Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux besoins du marché du travail » publié le 18 septembre 2014.
L’Europe vieillit, mais peine à mettre en place des politiques migratoires satisfaisantes. « Les États sont conscients de cette réalité, mais semble la rejeter !, observe le directeur du département des migrations internationales de l’OCDE, Jean-Christophe Dumont. Ils cherchent un équilibre entre les besoins démographiques de long terme et la gestion du court terme ». Sur le marché du travail de l’Union européenne, où le taux de chômage s’élève à 10,3% en juillet 2014, les entreprises peinent parfois à trouver de la main-d'œuvre en adéquation avec leurs besoins. « Le marché du travail connaît actuellement moins de tensions qu’au début des années 2000, rappelle Jean-Christophe Dumont, mais les effets du vieillissement de l’Europe, qui seront significatifs d’ici dix à quinze ans, doivent être anticipés ».
Les PME pas prêtes à embaucher des étrangers
L’OCDE préconise ainsi la mise en œuvre d’une « approche tridimensionnelle » visant à favoriser une meilleure répartition des compétences en encourageant la mobilité intra-UE, à améliorer l’utilisation des compétences des immigrés et à élargir le vivier de compétences. Mais l’étude montre que les entreprises ne sont pas vraiment disposées à recruter à l’étranger : « d’après les enquêtes réalisées en France et en Allemagne auprès des employeurs, seule une minorité d’entre eux (environ 20%) envisageraient de recruter à l’étranger en cas d’augmentation des postes vacants ou de difficultés de recrutement ».
« Si l’on exclut les multinationales, qui disposent de services dédiés aux ressources humaines bien structurés, les entreprises européennes recrutent presque exclusivement dans leur propre pays, note Jean-Christophe Dumont. Le principal handicap est la maîtrise de la langue et la communication des candidats étrangers à l’embauche, mais la méconnaissance de la législation applicable à de tels recrutements est également invoquée ». Au niveau de l’UE, le portail Eures vise à faciliter les démarches. Les agences pour l’emploi européennes collaborent également avec leurs homologues au sud de la Méditerranée pour améliorer la diffusion des offres d’emploi, susciter et accompagner des candidatures.
Des compétences sous-utilisées
Ce rapport note en outre qu’en moyenne, « 80% des immigrés récents originaires de pays extérieurs à L’UE en Europe du sud et 60% en Europe du nord et de l’ouest sont supposés être surqualifiés pour les emplois qu’ils occupent ». « Les compétences des travailleurs immigrés sont souvent sous-utilisées. Et l’on observe que cinq ans après leur arrivée, leur situation dans l’emploi évolue peu », ajoute Jean-Christophe Dumont.
L’OCDE propose plusieurs pistes pour mieux gérer l’adéquation entre migrations et marché du travail parmi lesquelles la promotion des langues de l’UE à l’étranger, une meilleure reconnaissance des diplômes, ou encore la facilitation du contact direct entre employeurs et candidats étrangers à l’embauche.
« Cela peut surprendre que nous parlions de gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux besoins du marché du travail à un moment où de nombreux pays européens sont confrontés à un chômage persistant et à une tendance hostile à l’immigration, note Stefano Scarpetta, le directeur de la direction de l’emploi, du travail et des affaires sociales de l’OCDE. Pourtant, l’Europe se porterait déjà beaucoup mieux si elle utilisait plus efficacement les compétences des migrants. L’intégration réussie des migrants et de leurs enfants et des systèmes de gestion de l’immigration de la main-d’œuvre plus efficaces, garantissant qu’elle réponde aux besoins réels, sont nécessaires tant pour renforcer la cohésion sociale que pour accroître la compétitivité de l’Europe ».
Par Caroline Garcia - Source de l'article Econostruminfo
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