Patrick Le Hyaric, député européen, a fait un compte rendu sur son blog, de la session du Parlement européen du 15 au 18 septembre 2014
Lundi 15 septembre
La Commission européenne a fait le point sur la politique commerciale européenne avec les pays du pourtour méditerranéen appelés zone Euromed.
Les pays du pourtour méditerranéen sont dans des phases plus ou moins avancées de négociations avec la Commission pour des accords séparés de commerce, de partenariats ou d’homologations de produits qui correspondent avec la réalité de leurs échanges avec l’Union européenne.
Le Maroc est le pays le plus avancé dans ses relations avec l’Union européenne puisque c’est un accord complet comme ceux conclus avec la Corée du Sud ou en négociations avec États-Unis et Canada qui est en négociation depuis mars 2013.
Ces accords sont dit « complet » car ils ne se contentent pas de fixer les droits de douanes entre pays, ils vont bien au-delà en fixant des normes communes, sur la qualité des produits, les services, l’investissement. Mais cela comporte aussi le risque d’imposer à ces pays des normes européennes sur lesquelles des pays comme le Maroc n’ont quasiment aucune influence et surtout de renforcer la concurrence entre entreprises et travailleurs européens et marocains.
La Jordanie, la Tunisie et l’Égypte ont manifesté leur intérêt. L’Union européenne faisant miroiter des aides financières et des accès privilégiés pour les marchandises. Mais ces accès sont transitoires et quelques années après les industries, services et agricultures de ces pays se retrouvent en concurrence frontale avec les entreprises européennes.
Même dans le cas d’aides financières, celles-ci sont conditionnées. Ce fut le cas pour une aide accordée à la Tunisie avant l’été. Elle était conditionnée au respect par la Tunisie du programme d’aide du FMI, c’est-à-dire la libéralisation à marche forcée.
Dans les pays moins intégrés aux flux commerciaux, d’autres négociations sur des accords moins poussés sont en cours et par secteurs.
Par exemple sur l’agriculture, les services et les standards industriels.
Lors de mon intervention, j’ai appelé à sortir de cette logique du libre-échange à tout va et toujours conditionnée. A l’inverse j’ai proposé un vrai projet de coopération entre les deux rives de la méditerranée respectueux des souverainetés alimentaires et industrielles de ces pays en phase de transition très délicate et j’ai profité de l’occasion pour soulever le problème posé par l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël. Voici mon intervention :
Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, ce que vous appelez le voisinage avec les pays du sud de la Méditerranée, dont une partie cherche les voies de la justice et de la liberté, appelle je crois un nouveau type de coopération avec eux. Coopération et non concurrence.
Il est donc nécessaire de changer d’approche vis-à-vis de ces pays, qui ne doivent ni constituer de nouvelles zones d’expansion économique, ni une arrière-cour industrielle ou agricole pour exploiter une main-d’œuvre à bon marché, ni une zone migratoire tampon dont ils seraient les gardiens pour notre compte.
Au contraire, leurs souverainetés économique et alimentaire doivent être respectées, un grand plan d’aide au financement d’investissements durables incluant des clauses sociales et environnementales et mobilisant en commun un crédit peu cher pour des actions de co-développement, devrait être discuté et élaboré.
Les politiques de coopération doivent s’accompagner de progrès significatifs pour le respect des droits humains et la démocratie et non du conditionnement des aides selon les critères du Fonds monétaire international. De même, l’accord de coopération avec l’État d’Israël devrait être suspendu après les massacres de Gaza et la poursuite de la colonisation.
Source de l'article Elunet
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire