Trois des six démonstrateurs smartgrids de l’Union Européenne sont latins. ERDF, Enel et Iberdrola cherchent, avec de nombreux partenaires industriels, tout à la fois à mieux intégrer les énergies renouvelables sur les réseaux de distribution électriques, et à optimiser ces derniers afin de ne pas investir en vain.
A Carros (06), 300 foyers et 11 entreprises testent les solutions du futur électrique (photo MN) |
À l’entrée de Nice, une paire de conteneurs blancs à allure de chambre froide industrielle abrite la solution électrique de demain.
À l'ombre du mât d’une ligne à moyenne tension, Alstom teste ici ses batteries de grandes capacités. « Elles doivent permettre d’accumuler l’énergie solaire produite dans la journée, et de la réinjecter sur le réseau quand les gens rentreront chez eux pour enclencher lave-linges et autres téléviseurs ! »
Jean-Christophe Delvallet, directeur du Développement Méditerranée d’ERDF, voit bien l’enjeu de ces accumulateurs XXL : « Avec d’autres solutions testées dans le cadre de Nice Grid, celle-ci permettra demain d’éviter de surdimensionner à grands frais nos réseaux électriques ».
Ce bijou n’est pas seul présent au sein du démonstrateur Nice Grid, à Carros. Une douzaine d’entreprises y conjuguent leurs efforts pour mettre au mieux en accord demande et offre d’électrons.
Citons Wateco, dont les ingénieurs ont commencé par distinguer les sous-marins « amis » des autres, pour la Marine Nationale, avant d’adapter à terre leur technologie de courant porteur en ligne.
Aujourd’hui la PME varoise cherche comment optimiser la consommation électrique des habitations de Carros, via le compteur intelligent Linky, qu’ERDF déploie en France.
« Nice Grid est la brique française de Grid4UE, un projet européen qui implique cinq autres démonstrateurs en Europe » résume Christophe Arnoult, référent du projet pour ERDF Méditerranée. « Elle en est aussi la plus importante, justifiant son budget de 30 M€ sur les 54 de Grid4UE ».
Producteurs et consommateurs vers une plus grande responsabilité
Jean-Christophe Delvallet (ERDF) manage, à Nice, la "première brique de Grid4UE" (photo MN) |
Les trois projets sud-européens se distinguent par quelques particularités.
À Castellon, au sud de la Catalogne espagnole, Iberdrola pilote un des projets, auquel Siemens participe.
Il est destiné à mieux contrôler les consommations et mieux impliquer les consommateurs. « C’est la condition pour concevoir un système de production électrique plus responsable » explique Jésus Varela, référent du projet chez Iberdrola.
Enel Distribution, en Emilie Romagne, poursuit un projet complémentaire de celui d’ERDF à Nice. « Les Italiens essayent de trouver comment intégrer l’apport des énergies renouvelables sur la moyenne tension, pendant que nous faisons de même, également avec la basse tension » précise Christophe Arnoult.
« Il s'agit de faire face aux pointes de consommation et de lisser la courbe de charge de nos réseaux, sans avoir à investir des sommes folles pour les dimensionner à une demande qui évolue toujours à la hausse ».
Si le projet porté par l’Union Européenne se décline en Tchéquie, Allemagne et Suède, les Méditerranéens y occupent une place importante. Là où le soleil brille le plus les ENR injectées massivement sur le réseau représentent un défi pour les électriciens.
À chaque nuage, la production de milliers de panneaux photovoltaïques chute, mettant à rude épreuve des réseaux qui jouent au yo-yo…et avec les nerfs des électriciens.
Or, Nice Grid, comme ses cousines latines, cherche à tester une nouveauté intellectuelle dans le monde des électriciens, l’effacement.
"D'abord la construction d'une Europe des énergéticiens"
EDF partenaire du projet piloté par sa filiale ERDF, a recruté à Carros onze industriels volontaires. « Ces entreprises effacent une partie de leur consommation » souligne Geneviève Ceragioli (EDF Commerce). « Elles sont prévenues la veille en hiver, et une heure avant une pointe attendue l’ été ».
300 habitants participent également à l’expérience.
En janvier 2016, quand Grid4UE prendra fin après 51 mois, l’expérience acquise devrait préparer les grands industriels et gestionnaires de réseaux d’Europe à jouer l’évitement : éviter de trop investir, éviter de produire en vain…tout en répondant à une demande qui, elle, ne cessera d’augmenter.
Pour conduire ces projets, des centaines d’ingénieurs et de techniciens échangent avec leurs collègues Suédois ou Espagnols, ce qui n’est pas la moindre des nouveautés en Europe. « Le plus important il me semble, c’est qu’avec ce projet nous construisons l’histoire, très humaine, de l’Europe des énergéticiens » soutient Christophe Arnoult.
En partenariat avec EDF
Un projet européen sur 51 mois, pour adapter les réseaux électriques aux énergies renouvelables et les comportements des consommateurs aux enjeux énergétiques (XDR) |
Par Michel Neumuller - Source de l'article Econostruminfo
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