Ce soir, la Cinémathèque de Toulouse programme un film sur les risques de tsunamis en Méditerranée. Le réalisateur est un ancien du CNES qui a reçu le soutien de l'Unesco.
Ce n'est pas un scénario catastrophe sur grand écran, mais bien la vision sérieuse d'un phénomène que les scientifiques cherchent à toujours mieux appréhender : les risques de tsunamis en Méditerranée. Thierry Gentet, un ancien ingénieur du Centre national d'études spatiales converti au court-métrage, présentera ce soir à la Cinémathèque de Toulouse un film de 52 minutes consacré à l'histoire des séismes sous-marins, à l'inventaire de côtes à risque, mais aussi au futur centre d'alerte pour la Méditerranée occidentale qui doit devenir opérationnel en 2 012 à Bruyères-le-Chatel (91).
Concordance des temps : ce documentaire produit avec le soutien du CNES et de la Région Midi-Pyrénées, a été achevé la veille du terrible tsunami survenu au Japon le 13 mars dernier. Un événement aux lourdes conséquences, mais où l'éducation et l'information des populations ont sans doute permis de sauver des dizaines de milliers de personnes. En ce sens, le documentaire de Thierry Gentet se veut d'abord un outil pédagogique. « En Europe, parce que la probabilité d'occurrence du phénomène est faible, l'éducation est négligée. L'appréhension des risques naturels n'est pas une priorité dans les programmes scolaires », souligne le réalisateur.
1 960 km de côtes
La Méditerranée française, c'est 1 960 km de rivages, un ensemble de côtes basses sablonneuses, surtout en Languedoc-Roussillon. La largeur de la bande côtière se situe à moins de six mètres d'altitude et peut varier de cinq cents mètres à deux kilomètres. Même les bassins comme celui de Thau ou l'étang de Leucate sont exposés aux effets d'un éventuel tsunami d'une certaine ampleur, tandis que d'autres rivages comme la Camargue se caractérisent par une extrême platitude avec des altitudes à peine positives. De fait, fuir en cas de tsunami, implique de parcourir de longues distances pour être hors d'atteinte de la montée des eaux.
C'est parce que l'histoire de la Méditerranée est émaillée de nombreux tsunamis meurtriers qu'il fallait cet effort de sensibilisation. La Commission océanographique intergouvernementale de l'Unesco l'a compris qui a soutenu cette initiative. En 2003, une demi-heure seulement après le tremblement de terre de Boumerdès, en Algérie qui occasionna des milliers de victimes, une vague de trois mètres a frappé les Baléares avant de gagner, à moindre intensité, les côtes françaises. C'est le dernier exemple…
(1) Le documentaire de Thierry Gentet est coproduit par Mira Productions et France Télévisions avec l'aide du Conseil régional Midi-Pyrénées. Présentation du film ce jeudi 21 avril à 19 heures à la Cinémathèque de Toulouse, 69, rue du Taur.
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Un centre d'alerte en 2012
C'était un des objectifs de l'Union pour la Méditerranée : donner aux pays du pourtour méditerranéen une vision stratégique d'ensemble en matière de gestion du risque de tsunami. Une démarche d'autant plus évidente qu'on ne pouvait que constater des lacunes dans les systèmes de prévention et de sensibilisation des populations. « Les côtes européennes ne sont pas à l'abri de vagues géantes générées par les tremblements de terre sous-marins », explique dans le film Hélène Hébert, spécialiste des tsunamis au Commissariat à l'énergie atomique (CEA).
Sous l'impulsion de la Commission océanographique intergouvernementale de l'UNESCO, plusieurs pays du bassin méditerranéen ont bien tenté de coordonner leurs efforts pour créer un vrai système d'alerte. La France a opté pour le développement d'un centre d'alerte pour la Méditerranée Occidentale installé à Bruyères-le-Chatel, dans les locaux du CEA et qui sera opérationnel en 2012. Mais aura-t-il les moyens de ses ambitions et comment fonctionnera-t-il ? L'expérience des centres d'alerte du Pacifique peut-elle être déclinée en Méditerranée ? Le film traite des opérations menées à Bruyères-le-Châtel et sur le pourtour méditerranéen à travers le système de marégraphes. Mais quels seront les moyens opérationnels affectés à la Protection civile pour alerter et évacuer des populations ? C'est la question posée dans le film de Thierry Gentet.
Dans une question orale publiée dans le JO Sénat du 14 avril, le sénateur socialiste de l'Aude Roland Courteau rappelle que « le plus grand obstacle réside dans la propagation de l'onde d'un tsunami associée à la dimension réduite de la Méditerranée. Ainsi, le temps disponible pour la mise en sécurité des personnes sera toujours très court ». Sans oublier que les côtes méditerranéennes sont parmi les plus peuplées d'Europe avec une augmentation de population de l'ordre de 150 % en certains lieux. Cette concentration humaine, au contact des vagues est donc inédite, dans l'histoire de nos régions où l'on note bien souvent une absence de culture du risque… »
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"Le risque existe, mais je me suis interdit de faire un film choc"
À l'origine, vous étiez ingénieur au Centre national d'études spatiales ?
Thierry Gentet, ancien du CNES, est le producteur du film. Oui, pendant seize ans, spécialisé dans l'observation de la Terre, et notamment chef de projet pour le programme européen Végétation. Mais j'avais déjà un pied dans l'audiovisuel avec la réalisation de courts métrages, pour le programme Spot notamment et le système Mercator.
Ce film peut surprendre un public peu averti des risques de tsunamis en Méditerranée ?
Oui, mais je me suis interdit de faire un film choc avec des images qui passeraient en boucle comme on l'a vu pour le Japon ces dernières semaines. Il s'agit plutôt d'un film pédagogique qui tente de faire comprendre que le risque de tsunami existe bel et bien. Nous nous sommes rendus à Nice, à l'Observatoire de la Côte d'Azur, mais aussi en Crète, en Sicile où se produisit le tremblement de terre de Messine en 1908, dans la région du Stromboli responsable de plusieurs tsunamis dûs au volcan et où un centre d'alerte a été mis en place. L'histoire nous fournit plusieurs exemples. Mais, comme c'est le cas en Espagne, on a tendance à minimiser ce genre de phénomènes pour ne pas affecter l'activité touristique.
Quel rôle joue le CNES dans la mise en place du futur centre d'alerte ?
Déjà en 2005, lors du tsunami dans l'Asie du Sud-est, le satellite Jason avait permis de mesurer les hauteurs de mer et de valider les modèles de simulation (ndlr : Jason 1 a été développé par Thales Alenia Space avec le concours du CNES. Il est en orbite depuis décembre 2001). C'est Jason, satellite placé sur une orbite moyenne (800 km d'altitude,) qui transmet en temps réel les mesures qui lui sont transmises par les marégraphes, avant que la Protection civile n'utilise ces données pour déclencher les procédures d'alerte.
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Le chiffre : 3
mètres> Séisme de Boumerdes en 2003. Rien à voir avec la vague de 12 m qui s'est abattue sur le Japon le 13 mars. Mais le séisme en Algérie avait provoqué le très rapide déplacement d'une déferlante de 3m de hauteur.
Source http://www.ladepeche.fr/article/2011/04/21/1064703-Des-risques-de-tsunamis-en-Mediterranee.html#xtor=RSS-6
Ce n'est pas un scénario catastrophe sur grand écran, mais bien la vision sérieuse d'un phénomène que les scientifiques cherchent à toujours mieux appréhender : les risques de tsunamis en Méditerranée. Thierry Gentet, un ancien ingénieur du Centre national d'études spatiales converti au court-métrage, présentera ce soir à la Cinémathèque de Toulouse un film de 52 minutes consacré à l'histoire des séismes sous-marins, à l'inventaire de côtes à risque, mais aussi au futur centre d'alerte pour la Méditerranée occidentale qui doit devenir opérationnel en 2 012 à Bruyères-le-Chatel (91).
Concordance des temps : ce documentaire produit avec le soutien du CNES et de la Région Midi-Pyrénées, a été achevé la veille du terrible tsunami survenu au Japon le 13 mars dernier. Un événement aux lourdes conséquences, mais où l'éducation et l'information des populations ont sans doute permis de sauver des dizaines de milliers de personnes. En ce sens, le documentaire de Thierry Gentet se veut d'abord un outil pédagogique. « En Europe, parce que la probabilité d'occurrence du phénomène est faible, l'éducation est négligée. L'appréhension des risques naturels n'est pas une priorité dans les programmes scolaires », souligne le réalisateur.
1 960 km de côtes
La Méditerranée française, c'est 1 960 km de rivages, un ensemble de côtes basses sablonneuses, surtout en Languedoc-Roussillon. La largeur de la bande côtière se situe à moins de six mètres d'altitude et peut varier de cinq cents mètres à deux kilomètres. Même les bassins comme celui de Thau ou l'étang de Leucate sont exposés aux effets d'un éventuel tsunami d'une certaine ampleur, tandis que d'autres rivages comme la Camargue se caractérisent par une extrême platitude avec des altitudes à peine positives. De fait, fuir en cas de tsunami, implique de parcourir de longues distances pour être hors d'atteinte de la montée des eaux.
C'est parce que l'histoire de la Méditerranée est émaillée de nombreux tsunamis meurtriers qu'il fallait cet effort de sensibilisation. La Commission océanographique intergouvernementale de l'Unesco l'a compris qui a soutenu cette initiative. En 2003, une demi-heure seulement après le tremblement de terre de Boumerdès, en Algérie qui occasionna des milliers de victimes, une vague de trois mètres a frappé les Baléares avant de gagner, à moindre intensité, les côtes françaises. C'est le dernier exemple…
(1) Le documentaire de Thierry Gentet est coproduit par Mira Productions et France Télévisions avec l'aide du Conseil régional Midi-Pyrénées. Présentation du film ce jeudi 21 avril à 19 heures à la Cinémathèque de Toulouse, 69, rue du Taur.
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Un centre d'alerte en 2012
C'était un des objectifs de l'Union pour la Méditerranée : donner aux pays du pourtour méditerranéen une vision stratégique d'ensemble en matière de gestion du risque de tsunami. Une démarche d'autant plus évidente qu'on ne pouvait que constater des lacunes dans les systèmes de prévention et de sensibilisation des populations. « Les côtes européennes ne sont pas à l'abri de vagues géantes générées par les tremblements de terre sous-marins », explique dans le film Hélène Hébert, spécialiste des tsunamis au Commissariat à l'énergie atomique (CEA).
Sous l'impulsion de la Commission océanographique intergouvernementale de l'UNESCO, plusieurs pays du bassin méditerranéen ont bien tenté de coordonner leurs efforts pour créer un vrai système d'alerte. La France a opté pour le développement d'un centre d'alerte pour la Méditerranée Occidentale installé à Bruyères-le-Chatel, dans les locaux du CEA et qui sera opérationnel en 2012. Mais aura-t-il les moyens de ses ambitions et comment fonctionnera-t-il ? L'expérience des centres d'alerte du Pacifique peut-elle être déclinée en Méditerranée ? Le film traite des opérations menées à Bruyères-le-Châtel et sur le pourtour méditerranéen à travers le système de marégraphes. Mais quels seront les moyens opérationnels affectés à la Protection civile pour alerter et évacuer des populations ? C'est la question posée dans le film de Thierry Gentet.
Dans une question orale publiée dans le JO Sénat du 14 avril, le sénateur socialiste de l'Aude Roland Courteau rappelle que « le plus grand obstacle réside dans la propagation de l'onde d'un tsunami associée à la dimension réduite de la Méditerranée. Ainsi, le temps disponible pour la mise en sécurité des personnes sera toujours très court ». Sans oublier que les côtes méditerranéennes sont parmi les plus peuplées d'Europe avec une augmentation de population de l'ordre de 150 % en certains lieux. Cette concentration humaine, au contact des vagues est donc inédite, dans l'histoire de nos régions où l'on note bien souvent une absence de culture du risque… »
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"Le risque existe, mais je me suis interdit de faire un film choc"
À l'origine, vous étiez ingénieur au Centre national d'études spatiales ?
Thierry Gentet, ancien du CNES, est le producteur du film. Oui, pendant seize ans, spécialisé dans l'observation de la Terre, et notamment chef de projet pour le programme européen Végétation. Mais j'avais déjà un pied dans l'audiovisuel avec la réalisation de courts métrages, pour le programme Spot notamment et le système Mercator.
Ce film peut surprendre un public peu averti des risques de tsunamis en Méditerranée ?
Oui, mais je me suis interdit de faire un film choc avec des images qui passeraient en boucle comme on l'a vu pour le Japon ces dernières semaines. Il s'agit plutôt d'un film pédagogique qui tente de faire comprendre que le risque de tsunami existe bel et bien. Nous nous sommes rendus à Nice, à l'Observatoire de la Côte d'Azur, mais aussi en Crète, en Sicile où se produisit le tremblement de terre de Messine en 1908, dans la région du Stromboli responsable de plusieurs tsunamis dûs au volcan et où un centre d'alerte a été mis en place. L'histoire nous fournit plusieurs exemples. Mais, comme c'est le cas en Espagne, on a tendance à minimiser ce genre de phénomènes pour ne pas affecter l'activité touristique.
Quel rôle joue le CNES dans la mise en place du futur centre d'alerte ?
Déjà en 2005, lors du tsunami dans l'Asie du Sud-est, le satellite Jason avait permis de mesurer les hauteurs de mer et de valider les modèles de simulation (ndlr : Jason 1 a été développé par Thales Alenia Space avec le concours du CNES. Il est en orbite depuis décembre 2001). C'est Jason, satellite placé sur une orbite moyenne (800 km d'altitude,) qui transmet en temps réel les mesures qui lui sont transmises par les marégraphes, avant que la Protection civile n'utilise ces données pour déclencher les procédures d'alerte.
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Le chiffre : 3
mètres> Séisme de Boumerdes en 2003. Rien à voir avec la vague de 12 m qui s'est abattue sur le Japon le 13 mars. Mais le séisme en Algérie avait provoqué le très rapide déplacement d'une déferlante de 3m de hauteur.
Source http://www.ladepeche.fr/article/2011/04/21/1064703-Des-risques-de-tsunamis-en-Mediterranee.html#xtor=RSS-6
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