La Fondation européenne pour la formation (ETF) a présenté aujourd'hui son Rapport 2011 sur l'employabilité régionale dans l'Union pour la Méditerranée («Union for the Mediterranean Regional Employability Review 2011»).
Ce rapport, qui couvre 14 pays, s'intéresse au problème du chômage des jeunes et identifie les catégories les plus touchées dans les pays arabes. «Plusieurs groupes vulnérables ne sont pas en mesure de faire connaître leur situation, soit parce qu'ils sont trop pris par leur travail, soit - et c'est le cas de nombreuses filles - parce qu'ils ne décident pas eux-mêmes de leur vie » explique Ummuhan Bardak, spécialiste du marché de l'emploi à l'ETF et auteure du nouveau rapport.
Le document donne un aperçu des principaux problèmes politiques et sociaux dans la région. Il décrit les performances des systèmes d'enseignement et de formation dans différents pays, ainsi que la situation sur le marché de l'emploi et couvre quatorze pays : neuf pays du Sud-Est de la Méditerranée et cinq de la région concernée par l'élargissement.
Le rapport épingle également la réalité souvent ignorée des jeunes qui ont un emploi et de ceux, surtout des femmes, qui n'envisagent même pas de travailler. Il s'agit pourtant des deux principales catégories de jeunes dans les pays arabes, même si elles sont moins visibles que celles des diplômés au chômage, précise Mme Bardak.
« Jusqu'ici, dans la plupart des pays, l'accent a surtout été mis sur les diplômés au chômage – il est en effet anormal que le taux de chômage augmente avec le niveau de formation » explique Mme Bardak, avant d'ajouter que «ces groupes ont généralement plus de poids et expriment davantage leurs exigences, ils jouissent d'une meilleure situation socioéconomique, savent comment mettre des questions et des problèmes à l'agenda politique et comment s'organiser. »
Dans des pays comme la Tunisie et le Maroc, où les gouvernements ont introduit de nombreuses mesures d'activation des chômeurs, les titulaires d'un diplôme universitaire sont toujours au centre des préoccupations.
Outre les « diplômés chômeurs », le rapport identifie deux groupes vulnérables. La première catégorie comprend les travailleurs faiblement rémunérés du secteur informel qui n'ont aucune possibilité de formation ou d'avancement. Il s'agit généralement d'hommes jeunes qui ne peuvent se permettre de ne pas avoir d'emploi. Selon Mme Bardak, ils seraient environ 20 millions dans cette situation.
La deuxième catégorie est celle des jeunes qui ne sont pas sur le marché de l'emploi. Ils n'entrent pas dans la catégorie des chômeurs étant donné qu'ils ne sont pas à la recherche d'un emploi. Certains ont abandonné leurs études ou étaient en situation d'échec scolaire, mais cette catégorie comprend également des femmes qui doivent rester à la maison pour différentes raisons.
« Elles sont dans cette situation contre leur volonté et en dépit de leurs compétences, et la plupart d'entre elles aimeraient aller à l'école ou commencer à travailler » souligne Mme Bardak. Un tiers des 80 millions de jeunes de la région sont dans cette situation.
Le rapport formule une série de recommandations clés, notamment la nécessité de développer et de diversifier l'enseignement secondaire supérieur. Dans de nombreux pays du Sud de la Méditerranée, la moitié à peine des étudiants poursuivent leurs études après l'âge de 15 ans. La diversification doit viser à améliorer la pertinence de l'enseignement et de la formation professionnels ainsi que la qualité de l'enseignement.
Une autre recommandation concerne la nécessité de renforcer les services publics d'emploi. Ces services ne sont actuellement pas assez développés et il faut donc augmenter le nombre de conseillers en emploi et en insertion professionnelle pour offrir aux chômeurs des services personnalisés d'orientation professionnelle, incluant des approches spécifiques pour les femmes. En effet, dans la région, le problème du chômage des jeunes semble davantage lié au sexe qu'à l'âge.
Une troisième recommandation souligne l'importance de promouvoir davantage l'esprit d'entreprise. Au sein de la population en âge de travailler, il y a environ 15% d'indépendants ou de personnes qui ont leur propre affaire, contre 6% dans l'UE. Il convient de renforcer la formation à l'entrepreneuriat et d'offrir un soutien plus systématique aux start-ups et aux PME.
La Fondation européenne pour la formation est une agence créée par l'Union européenne qui vise à contribuer au développement des systèmes d'éducation et de formation de ses pays partenaires européens. Dotée d'un budget annuel de 18 millions d'euros, sa mission consiste à aider les pays en développement et en phase de transition à exploiter le potentiel de leurs ressources humaines par le biais de réformes dans les secteurs de l’éducation, de la formation et de l’emploi, dans le cadre de la politique de relations extérieures de l’UE.
Par ENPI Info Centre
Pour en savoir plus
- Rapport 2011 sur l'employabilité régionale dans l'Union pour la Méditerranée – résumé exécutif (EN)
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