Après un printemps arabe qui a sérieusement nui aux flux touristiques, les pays de la région, en mission à Berlin pour l'un des plus importants salons du tourisme au monde, entonnent en choeur le même refrain: il faut «rassurer».
«2011 a été une année logiquement difficile car il y a eu une baisse liée aux événements et aux perturbations qui ont eu lieu», a souligné devant la presse le ministre tunisien du tourisme, Elyes Fakhfakh, évoquant une diminution de «30% tous marchés confondus, et plus importante sur le marché européen, de l'ordre de 40%».
«C'est pourquoi nous avons comme priorité de communiquer, de rassurer», a-t-il, dit.
«On fait de la promotion, nous invitons le maximum de personnes, journalistes, leaders d'opinion, professionnels, qui se baladent un peu partout en Tunisie pour constater par eux-mêmes l'évolution de la situation afin qu'ils communiquent ensuite et expliquent que ce pays n'a pas changé en termes d'infrastructures et qu'il est ''safe''».
L'enjeu est d'importance dans un pays où le tourisme représente «un sixième de la population active et 8% du PIB» et le ministre se veut optimiste: «les indications sont plutôt positives et on devrait récupérer au moins la moitié des touristes cette année». «Notre objectif, c'est de récupérer sur cette année et l'année prochaine notre niveau de 2010», a affirmé M. Fakhfakh.
Sécurité, le mot est aussi répété comme un mantra par les représentants de l'Égypte, numéro un du tourisme en Méditerranée et invité d'honneur du salon de Berlin (ITB).
«Il faut que nous regagnons la confiance du marché», a souligné Hisham Zaazou, premier assistant du ministre égyptien du tourisme qui a regretté, en ouverture du salon, que l'attention des médias se focalise sur les troubles de la place Tahrir «qui ne sont pas représentatifs de ce qui se passe ailleurs dans le pays, où le calme prévaut».
Proche de l'Égypte et voisin de la Syrie, la Jordanie a elle aussi pâti des troubles liés au printemps arabe: environ un million de visiteurs en moins entre 2010 et 2011. «Nous avons vraiment souffert d'une fausse perception de la situation», a insisté son ministre, Nayef Hmeidi Al Fayez, lors du forum touristique germano-arabe organisé pendant le salon.
«La question de la sécurité est celle qui nous est toujours posée en premier. Et je peux répondre que la Jordanie est une destination sécurisée», a-t-il assuré.
«Il y a dix jours, j'étais à Petra et j'étais ravi de voir qu'il y avait des familles et des enfants, pas seulement en provenance d'Europe mais aussi des États-Unis», a-t-il ajouté.
«On est encore en situation de transition», estime de son côté pudiquement Khaled Ghellali, le directeur exécutif de l'office du tourisme de Libye, pays qui rêve de se mêler à la compétition touristique dans la région.
«On veut que le monde entier sache que la Libye est en train de se construire mais bien sûr, cela prend du temps», dit-il, insistant, sur son stand dépouillé: «la stabilité est là».
À quelques mètres de là, seul pays de la zone à laisser de côté l'antienne sécuritaire: le Maroc. «Il n'y a aucune raison de communiquer sur le fait que le Maroc est sûr puisque rien n'a changé, le Maroc a toujours été sûr», juge Karim Harouchi, responsable de la communication de l'Office du tourisme marocain.
Le royaume chérifien a conservé ses marchés traditionnels (France, Italie et Espagne) et selon le Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC), il devrait en 2012 s'affirmer comme la «star de la région», profitant de la désaffection pour l'Égype et la Tunisie.
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